Crédits photo : Bestimage
Les places s'étaient arrachées en dix minutes seulement. Et il y avait une sorte de magie dans l'air hier soir à l'occasion du grand retour sur scène de Stromae, qui marquait autant les retrouvailles du public avec l'ambiance frémissante d'une salle de spectacle pleine à craquer - l'adrénaline des applaudissements, des hurlements, des sièges qui tremblent - que la résurrection d'un artiste passé par de multiples épreuves depuis la folle épopée de "Racine carrée", qui explosait tous les records de ventes il y a presque dix ans déjà. Pour son « deuxième concert en sept ans », la première ayant eu lieu mardi à Bruxelles, dans son fief, Stromae avait un mot d'ordre clair à faire passer : « Tant que j'suis en vie, j'suis invaincu ». Et ce n'est pas cette « putain d'maladie », en l'occurrence les effets secondaires dramatiques d'un traitement anti-paludisme pris durant sa dernière tournée, qui l'a plongé dans une spirale dépressive si intense qu'il a songé au suicide, qui allait l'empêcher de savourer l'événement.
"Ça va, c'était pas trop nul ?"
"Invaincu", la première piste de son nouvel album "Multitude" prévu le 4 mars, a donc ouvert cette « avant-première » un peu spéciale, chargée, en 1h10 top chrono, de présenter à la foule une poignée d'inédits, sept au total, tout en testant les nouvelles technologies impressionnantes déployées pour ce nouveau spectacle avant la véritable tournée, qui débutera en mars 2023 après la saison des festivals. D'abord, c'est un mini-film d'animation qui a envahi les écrans pour donner une narration amusante au concert, avec un double de Stromae s'aventurant sur un terrain futuriste. Le même qui, un peu plus tard, viendra enseigner aux spectateurs la chorégraphie adéquate à réaliser durant le single "Santé". Pendant "Fils de joie", le deuxième morceau de la soirée évoquant les mères prostituées, c'est une véritable armée de soldats animés qui marche au pas derrière son leader, pendant que les notes de clavecin s'entrechoquent contre un beat électro. Une manière ludique d'accompagner les textes plutôt cashs et fleuris de ce Stromae nouveau cru !
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Des effets visuels, plus classiques mais saisissants, s'invitent de temps à autre pour s'imprimer sur la rétine. Voir Stromae habillé d'un halo de lumière, dans un Bercy plongé dans le noir, se fondre soudainement dans un déluge de magma et d'éclairs aveuglants lorsque son interprétation poignante de "L'enfer" explose sur le refrain, suffit à vous coller des frissons. D'autant que, soulignons-le, le jeu de lumières conçu pour ce show est remarquable, et notamment sur "Alors on danse" où le public en liesse est téléporté en plein coeur d'un nightclub arc-en-ciel.
"Tant que j'suis en vie, j'suis invaincu" : entrée royale pour @Stromae ce soir à l'@Accor_Arena ✊🏻 pic.twitter.com/FEh4sRVykj
— Pure Charts.fr (@purecharts) February 24, 2022
Chien robot et mise en scène high-tech
Sur la scène, quatre musiciens (dont Florian Rossi, le compagnon de Louane) sont juchés sur des pupitres blancs tout droit sortis d'un laboratoire secret, avec leurs instruments pour marquer le tempo. Des bandes lumineuses se déploient sur chaque élément pour conférer à l'ensemble un design de science-fiction élégant et attrayant. Mais surtout, dix écrans amovibles pilotés par des bras robotiques se meuvent en permanence derrière Stromae. Au delà de la prouesse, on a parfois l'impression qu'ils prennent littéralement vie : alors que le musicien se demande « qui est le prochain » à être frappé par le cancer durant l'intense "Quand c'est ?", les écrans se rassemblent au-dessus de lui comme une ombre menaçante, et le piège se renferme alors lentement sur lui en se rapprochant... Terrifiant mais spectaculaire. Sur une note plus mignonne, un chien robot, un vrai, intervient comme un « assistant costume » juste avant "Formidable" pour apporter une veste à Stromae. Le moment idéal pour surprendre le public avec quelques tours et même un twerk !
Quid des nouvelles chansons, dans tout ça ? On aura surtout vibré sur "Mauvaise journée", que l'on a préféré à son pendant optimiste, "Bonne journée", plus rap et déroutant. Dans ce titre accrocheur - single évident - mêlant piano et ukulélé, Stromae fait le récit d'une journée barbante (« une journée de confinement », ironise-t-il) en se laissant tomber sur un fauteuil qui, comme par magie, se déplace d'un bout à l'autre de la scène. Une fois encore, son incarnation habitée prend tout son relief tandis qu'il scande « aidez-moi, je me sens si seul ». On a aussi beaucoup aimé "Mon amour", proposé a cappella et en canon avec ses quatre musiciens à la toute fin du show. L'histoire d'un homme infidèle qui se lamente d'avoir perdu sa belle et tente de la reconquérir. Avec juste ce qu'il faut d'humour et d'esprit, l'instant a donné le sourire à n'importe quelle personne dans la salle. On a désormais qu'une hâte : découvrir la version studio ! Rendez-vous vendredi prochain.
Fin de concert magique avec la chanson inédite #MonAmour, interprétée a cappella par @Stromae et ses musiciens dans un Bercy silencieux 🤩✨ pic.twitter.com/c39YIKheTh
— Pure Charts.fr (@purecharts) February 24, 2022
Tracklist du concert de Stromae
Invaincu
Fils de joie
Tous les mêmes
Quand c'est ?
Mauvaise journée
Bonne journée
Papaoutai
Formidable
L'enfer
Santé
Rappel :
Alors on danse
Mon amour