Shy'm en interview : "Je n'ai plus la même vie depuis que je suis maman"
Entre "Drag Race France" sur France 2 et le spectacle "Chicago", Shy'm fourmille de projets. À quand son retour à la musique ? Jointe par téléphone entre deux tournages, la chanteuse nous fait des révélations sur son retour, acté pour 2026.

Bestimage
Propos recueillis par Yohann Ruelle.

Qu'est-ce qui t'a convaincue de dire oui pour intégrer le jury de l'émission "Drag Race France" ?
Déjà, ma participation en tant que jurée guest durant la saison 1 a été assez incroyable, c'était assez bouleversant. On a envie de rester, on a envie de suivre leur évolution, on a envie de pouvoir rester plus longtemps dans cette aventure finalement ! Donc quand ils m'ont proposé de pouvoir faire partie de cette étape de cette nouvelle saison, j'ai dit oui tout de suite.

J'ai dit oui tout de suite à Drag Race France
D'autant que c'est une édition "All Stars" !
Vous n'êtes pas prêts. Je n'étais pas prête. (Rires) Je crois que même Daphné [Burki] et Nicky [Doll], qui étaient plus habituées à cet environnement, n'étaient pas prêtes. C'est effectivement assez fou le chemin que les reines ont parcouru entre leur première et leur deuxième participation ! Elles arrivent sur cette nouvelle saison alors qu'elles sont, pour la plupart, au sommet de leur art et ça a été assez compliqué de devoir presque établir un classement, et de pouvoir les aiguiller aussi parce que le niveau est d'une qualité incroyable. C'était plus du spectacle que du pur jugement, je dois reconnaître.

Quels sont selon toi les points communs que l'on peut dresser entre l'art du drag et la musique ?
Il y en a beaucoup finalement ! Et c'est peut-être aussi pour ça que je me suis sentie aussi à l'aise de pouvoir m'exprimer sur les prestations des candidates. Il y a une connaissance de la scène, la façon dont il faut l'occuper, une connaissance de son corps, de son personnage aussi. Il y a du lip sync. Même si c'est du playback, c'est un exercice qui est extrêmement difficile de pouvoir faire croire qu'on chante pour de vrai, de pouvoir incarner une chanson sans l'interpréter avec sa voix. Il y a aussi parfois de la danse dans le drag. Donc c'est aussi l'art de savoir créer une performance. Il y a beaucoup de points communs avec la chanson et peut-être principalement avec moi parce que j'ai un peu fait ce chemin-là. Pendant le tournage de l'émission de drag, je me suis dit qu'à travers la musique, j'ai osé beaucoup de choses finalement, beaucoup plus que je peux oser dans la vie de tous les jours, que ce soit dans mes tenues, dans ma façon de d'exprimer ou de défendre des valeurs. Dans la vie, je suis un peu plus discrète, beaucoup plus discrète même ! Et c'est vrai que grâce à la musique, je me suis autorisée énormément de libertés. Sur scène, c'est comme si je m'étais créé mon personnage à moi comme peut le faire une drag.

Tu as toujours eu une fanbase très queer. Comment tu expliques ce lien qui existe entre la culture LGBTQIA+ et ta musique ?
Je crois qu'il s'est fait de manière totalement naturelle. C'est qui je suis. C'est l'écosystème dans lequel j'ai grandi, les amis que je me suis faits, les orientations sexuelles que je peux avoir autour de moi, que ce soit amical ou familial, ça n'a jamais été un sujet pour moi. Je crois que naturellement, je me suis dirigée vers cette communauté mais parmi d'autres aussi. J'ai toujours été proche des gays, des hétéros, des bis, des blancs, des chinois, des noirs, j'ai toujours été entourée de tout le monde, de l'humain en général avec un grand H. (Sourire) Et c'est vrai qu'à travers ma musique, il y a des choses sur lesquelles je m'exprime un peu plus. Quand je sens une injustice, directement ou indirectement, ou alors quand cela touche mes proches, ce que j'ai pu faire avec d'autres chansons ou des apparitions télé. Pour moi, effectivement, la musique c'est un vecteur de message, une façon de s'exprimer, de crier aussi parfois et de rallier des gens à ta cause.

Chicago ? Il va falloir être à la hauteur
J'ai l'impression que le message de liberté que tu revendiques dans des chansons comme "Et alors !" a vraiment été ressenti par des personnes marginalisées, qui ont eu envie de le clamer à leur tour...
Mais je crois que c'est pour ça que le morceau a été un peu adopté comme un hymne, finalement. C'est une chanson qui est sortie après plusieurs années où on me tombait dessus à chaque apparition, où l'on jugeait ce que je pouvais porter, ce que je pouvais dire. Pour moi, cette chanson a aussi été une façon de l'universaliser en créant grâce au clip une envie de ramener tout le monde, pour dire : on a qu'une vie et cette vie-là, il faut la passer à être ce qu'on est sans faire semblant, pour ne pas avoir besoin de se battre. C'est la raison pour laquelle il y a le drapeau arc-en-ciel sur mes lèvres, j'ai mes potes qui dansent, il y a un gars qui est un peu féminin, un peu androgyne, il y a l'inverse.... Pour moi, c'était une façon de dire : on est tous différents, on a tous des orientations sexuelles différentes, on vient d'origines différentes mais que c'est bon justement cette pluralité ! C'est ça aussi la France et c'est aussi ça l'humanité.

Parlons de ta prochaine aventure musicale : le spectacle "Chicago" ! C'est la première fois que tu vas jouer, chanter et danser en même temps. Comment tu appréhendes ce défi ?
Et ben, ça fait peur. (Rires) Ça va être six mois à jouer tous les soirs. C'est beaucoup de préparation en amont. Effectivement, c'est la première fois que je vais chanter, jouer et danser, et en plus au sein d'un projet déjà existant, sur une comédie musicale qui existe depuis des années. Une bible quelque part à suivre ! Là, je ne vais pas être sur mon spectacle, sur mon show, pouvoir choisir quoi faire ou le changer certains soirs. Là, il va falloir tous les soirs donner la même chose. C'est un truc qui est hyper exigeant, c'est d'une qualité incroyable, j'ai pu le voir par moi-même aux États-Unis. Donc il va falloir être à la hauteur... Je commence d'ores et déjà à me préparer physiquement, à travailler mon cardio. Je prends des cours de danse classique, je suis des cours de pilates, j'ai repris un peu des cours de chant. Ce sont des choses que je n'avais jamais faites avant.

C'est une oeuvre culte avec des personnages forts. De quelle façon, vas-tu la moderniser ou y apporter ta proche touche ?
Je crois qu'à la manière d'un casting sur un film, ils nous ont choisis chacun et chacune en fonction de ce qu'on dégageait déjà naturellement sur les auditions. Moi, je vais jouer Velma Kelly alors que, sur le papier, on va dire que je ressemblerais plus à Roxy l'underdog... Mais sur scène, je ressemblerais plus à Velma Kelly, qui paraît avoir beaucoup plus d'assurance, de métier. Je vois les points communs que je peux avoir avec elle et je crois que c'est ce que l'équipe du spectacle a vu et ressenti. Après, cela tient à la manière d'un acteur d'aller vraiment incarner le personnage dans tous ces détails. Déjà physiquement : Velma porte une tenue mythique, qui est de toute façon officielle, et impose quelque chose. Il va falloir trouver quelque chose dans le regard qui la rend forte, qui la rend menaçante mais montre aussi qu'il y a des failles chez cette femme, qui est une criminelle. Ça va être vachement plus palpable et concret quand on va commencer à répéter, parce qu'on n'a pas encore commencé. En ce moment, on est vraiment sur la prépa physique. J'ai hâte de m'imprégner du texte, des chansons, de la chorégraphie.

En parallèle, tu tournes la saison 2 de la série "Cat's Eyes" sur TF1. Ton planning est donc chargé ! Les fans meurent d'envie de savoir où en es ton projet musical...
L'année passée a été un peu moins active. J'ai eu quelques moments où j'ai pu créer de la musique donc le projet avance toujours, ça c'est certain. Il est vrai que ces derniers mois, ça a été mis entre parenthèses parce que les journées ne le permettent pas. Il faudrait des journées plus longues ! (Rires) Mais il y a quand même une date importante : ce sont les 20 ans de carrière l'année prochaine ! Donc ça arrive effectivement très vite et là, ce sera impossible de ne pas arriver avec un projet musical. Je ne sais pas encore lequel mais en tout cas, il va falloir marquer ces 20 ans.

Il y a déjà deux albums qui dorment
L'album "Agapé" remonte à 2019. Est-ce que tu as le sentiment que plus tu attends, plus c'est difficile ?
C'est sûr que ça fait peur ! Parce qu'on se dit : ça fait longtemps que les gens m'ont entendue, ne m'ont plus entendue aussi. Comment je fais pour pour revenir, quel est l'écosystème ? C'est sûr qu'on se pose vachement plus de questions qu'à l'époque où tout s'enchaînait... À chaque fois, c'était un album, une tournée, un album, une tournée... Là, c'est moins instinctif. Et puis, je n'ai pas la même vie ! Aujourd'hui, je suis maman. Donc la perspective de tourner, d'être tous les jours sur la route, est un petit peu vertigineuse. Il y a tout ça qui passe par ma tête et en même temps, les projets en discussion viennent prendre de l'ampleur sur le planning et retarder ces projets musicaux. C'est une improvisation à la journée ! Pour les 6 mois à venir, ce n'est pas possible. Qu'est-ce qu'on fait le mois d'après ? Les 20 ans, c'est 2026. Donc ce sera pour là.

On parle d'un nouvel album ou d'une surprise nostalgique, comme un EP de reprises ?
Ah, tu veux des détails, hein ? Dans l'idée, il y aura de la nouveauté, c'est certain. Parce qu'il y a déjà deux albums qui dorment, des chansons déjà prêtes... et c'est justement le piège à attendre si longtemps. Les morceaux que j'ai faits il y a deux ans, quand je les réécoute aujourd'hui, j'ai toujours envie de changer des choses. Ne pas donner de deadline, ça permet aux titres de vieillir et pour nous d'avoir un regard différent. Donc là, c'est le piège dans lequel je suis depuis un certain temps. (Rires) Il va falloir que j'en sorte ! L'idée ne serait pas de faire des reprises de moi-même. Ce serait d'avoir de nouvelles chansons.

Rendez-vous en 2026 donc !
Avec plaisir.

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
A propos de Shy'm
Shy'm A propos de