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Eurovision : l'histoire émouvante derrière la chanson "C'est la vie" de Claude (Pays-Bas)

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
L'Eurovision verra Claude, jeune candidat représentant les Pays-Bas, se produire sur scène avec sa chanson "C'est la vie", quatrième des favoris. Un titre qui renferme une histoire particulièrement émouvante, comme l'artiste le confie en interview sur Purecharts !
Sarah Louise Bennett / EBU
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Quand as-tu commencé à faire de la musique ?
D'aussi loin que je me souvienne, quand j'étais petit je chantais tout le temps, je faisais des choses bizarres ! (Rires) Mais j'ai vraiment lancé ma première chanson en 2022 et c'est là que j'ai vraiment commencé à faire de la musique. C'était un sentiment bizarre. Car ma première chanson a été numéro un. Et ce n'était pas juste essayer de faire des choses ou tenter de faire tel ou tel truc, immédiatement, ça a explosé.

C'était ton rêve de devenir artiste ?
Je pense que j'étais déjà un artiste, mais être écouté par beaucoup de gens n'était pas quelque chose que je pouvais penser. Pour moi, le plan c'était de me concentrer sur l'école, chanter par ci par là, et voir ce que ça donne. Et j'ai participé à "The Voice Kids" aux Pays-Bas, et il y avait ce truc : si tu participes à "The Voice Kids", tu vas à Disneyland Paris. Et en fait je voulais juste aller à Disneyland Paris ! (Rires) Mais quand je me suis retrouvé sur scène, j'ai réalisé que je voulais faire ça plus souvent et pas seulement pour aller à Disneyland Paris ! Etre sur scène, voir la joie sur les visages des gens, les émotions, ça m'a vraiment intrigué.

Faire l'Eurovision, je ne savais pas si c'était une bonne idée
Pourquoi tu as accepté de représenter les Pays-Bas à l'Eurovision ?
En fait, j'étais à Paris quand j'ai eu l'appel pour me dire que je pouvais envoyer une chanson pour être sélectionné. Tout le monde m'a appelé et m'a dit "Tu vas envoyer une chanson ?", "S'il te plaît, envoie une chanson". Et c'était aussi bien les radios, des artistes, tout le monde. Donc avec mon manager, on s'est posé la question. Et je me suis dit : "Allez, tentons et essayons de faire une bonne chanson".

Tu n'as pas hésité ?
Si, au tout début, je ne savais pas si c'était une bonne idée. Déjà parce que je n'ai que 21 ans, je me demandais si je n'étais pas trop jeune. Et puis, je ne sais pas pourquoi mais à un moment, j'ai trouvé que c'était une bonne opportunité sauf je n'avais pas de chanson. Donc pourquoi ne pas aller en studio et faire quelque chose ? Juste essayer. Sans me mettre de pression, je me suis dit que si j'arrivais à faire un titre avec lequel je me voyais représenter les Pays-Bas, j'enverrai ma candidature ! Et si ce n'était pas le cas, tant pis. J'ai envoyé "C'est la vie" et j'ai dû la chanter en live devant le comité. Ils ont senti qu'il y avait un potentiel et m'ont proposé de participer à l'Eurovision. J'étais vraiment honoré car beaucoup de personnes ont envoyé une chanson, et c'est la mienne qu'ils ont choisie. C'est énorme !

Après "The Voice Kids", tu te lances dans une autre compétition. Tu aimes ça !
Oh non j'ai peur ! Je n'aime pas la compétition. Mais je vais être honnête, je ne le vis pas comme une compétition. En réalité, je ne savais pas comment le vivre parce que j'ai fait "The Voice Kids" mais c'était il y a quelques années maintenant, et depuis j'ai publié mon premier single, ça a cartonné, puis un autre et un album... Je suis très reconnaissant des opportunités et des expériences que j'ai eues aux Pays-Bas, mais je n'ai plus eu à passer d'auditions après ça. Quelque part, ça m'a ramené aux fondamentaux, à me montrer que rien n'est acquis. C'était horrible, j'étais là, debout, avec d'autres collègues, et j'ai dû chanter ma chanson et être jugé à nouveau. Mais j'ai essayé de me libérer de ce stress, et j'ai juste voulu délivrer mon message. C'est ce que je vais faire d'ailleurs à Bâle ! En tout cas, je vais le faire du mieux que je peux. Et après oui, c'est une compétition et il n'y aura qu'un seul vainqueur...

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Quoi qu'il en soit, tu es quatrième chez les bookmakers. Qu'est-ce que ça te fait ?
C'est forcément de la pression mais c'est surtout fou ! Car beaucoup de gens pensent que le titre va se classer haut, voire même un top 5, ce serait incroyable. Mais je ne veux pas m'emballer car beaucoup de choses peuvent encore se passer, car quand ma performance va être mise en ligne, peut-être que certains se diront "Ah ce n'est pas ce à quoi je m'attendais" ou inversement, et j'espère que ça va plaire. Mais je ne veux pas croire à 100% aux prédictions et me lier à un classement hypothétique. Bien sur, je ne vais pas mentir, c'est super agréable d'être bien classé mais beaucoup de choses peuvent encore se passer.

Je voulais délivrer un message personnel
Donc tu ne te mets pas de pression en te fixant un objectif ?
Non et je crois que ça va m'aider à me relaxer, je n'ai pas envie d'y aller en me disant que j'ai à prouver des tas de choses. Je me dis que c'est un bon point de départ et ça me rend confiant. La chanson n'est pas détestée, je crois que les gens l'aiment bien, quand je la chante devant un public, ça plaît, je le vois sur les visages des personnes dans le public, donc je vais le faire mais devant beaucoup plus de gens ! (Rires)

Comment est née ta chanson "C'est la vie" ?
Comme je te disais, j'étais à Paris et tout le monde m'a appelé. Et j'ai appelé mon équipe parce que je travaille avec trois gars. Cette année, on n'avait pas écrit quelque chose de nouveau car j'étais très occupé en tournée et l'un de mes acolytes est devenu papa. Chacun menait sa vie. Donc on est allé en studio pour écrire et voir ce que ça aller donner. On a commencé avec le piano et j'ai commencé à chanter "C'est la vie, she sang to me". Qui est-elle ? Qu'est-ce que j'ai envie de dire ? On a tiré le fil et je sentais qu'il se passait quelque chose de différent.

Il te fallait un message...
Oui c'était important pour moi, si je montais sur scène aussi grande que celle de l'Eurovision, de délivrer un message personnel. "C'est la vie", c'est quelque chose que ma mère m'a souvent dit quand j'étais enfant. Et je voulais délivrer ce message d'espoir à d'autres enfants, à d'autres mères, à tout le monde. Parfois la vie peut être triste, on peut ne pas aller bien, mais il y a toujours des choses pour lesquelles on peut dire merci et être reconnaissant. On peut se dire : "Au moins je respire, je suis vivant, je peux boire, je peux manger". Ça peut paraître bête quand je te dis ça mais ce genre de petites choses sont vraiment importantes car parfois on peut oublier ça et être en train de penser à beaucoup d'autres choses négatives.

"Ne me quitte pas" est l'une de mes chansons préférées
Que représente pour toi cette phrase en français, "C'est la vie", aujourd'hui ?
J'ai toujours aimé le terme "C'est la vie". Parce que ma mère m'a dit ça à de nombreuses reprises, et j'ai toujours eu envie de le mettre dans une de mes chansons mais ça ne rentrait pas ou je n'étais pas sûr que le public le comprendrait aux Pays-Bas. J'avais toujours ça quelque part dans ma tête. C'est venu naturellement.

J'ai lu que tu t'es inspiré de Jacques Brel...
Jacques Brel, bien sûr ! C'est un conteur. "Ne me quitte pas" est l'une de mes chansons préférées. Comme je le disais, quand on a commencé, et que ces quelques notes ont commencé, je me suis dit que pour représenter l'Eurovision tu pouvais y aller en force, pleurer, crier... Le Songfestival c'est souvent comme ça pour essayer d'impacter le public. Mais je me suis dit qu'il serait peut-être mieux de revenir dans cette énergie de raconter une histoire. Et l'une des personnes qui le fait le mieux c'est Jacques Brel. Souvent, il ne chante pas, il raconte une histoire, et c'était important pour moi de simplement raconter la mienne. Jacques Brel est une grande inspiration sur cette chanson.

Et Edith Piaf aussi parce qu'il y a un petit clin d'oeil à "La vie en rose" dans les paroles...
Je l'aime tellement. Mais qui ne l'aime pas ? Elle aussi est incroyable. Et pour moi c'était aussi important d'utiliser des mots que beaucoup de gens comprennent. Et "La vie en rose" ça sonnait bien. Et je voulais aussi dire le contraire, mais est-ce que ça se dit "La vie en noir" ? Non ? Et bien moi je vais le dire ! (Rires)




Ecrire une chanson pour l'Eurovision c'est donc vraiment différent ?
Oui ! Tu n'écris pas juste une chanson pour toi, tu l'écris pour représenter ton pays. Je voulais faire les choses bien, qu'elle vienne du coeur, qu'elle ait un sens, qu'elle raconte une histoire, qu'elle soit une partie de moi. C'est une sacrée responsabilité ! Je voulais vraiment qu'elle soit personnelle, c'est pour ça que j'ai mis une touche de français car c'est la langue de ma mère. C'est la langue qu'elle me parle depuis que je suis né. Mais je voulais aussi qu'elle soit en anglais, car c'est une langue universelle. Je me suis appliqué sur tous les aspects, pour que tout soit au même niveau, que les couplets soient aussi bons que le refrain, que ça commence comme une ballade puis que ça s'intensifie etc... Avec "C'est la vie", j'envoie un message au monde. Sur ce titre, je me suis plus que jamais concentré sur le message.

A chaque fois que je chante "C'est la vie", je suis très ému
Comment ta maman a réagi à l'écoute de la chanson ?
Oh, elle était vraiment heureuse. (Il affiche un grand sourire) Elle a toujours voulu que j'écrive une chanson sur elle. J'ai un titre qui s'appelle "Leïla", et elle m'a dit : "C'est qui cette Leïla ? Ecris une chanson sur moi !" (Rires) Maintenant, elle a une chanson pour elle, elle peut s'en vanter !

As-tu ressenti le pouvoir de "C'est la vie" en la créant ?
Oui. En fait, à chaque fois que je chante "C'est la vie", je suis très ému. Je sais pourquoi... C'est le message et avec tout ce qu'il se passe dans le monde. Moi, ce message m'a beaucoup aidé dans les moments difficiles. Écrire les paroles du refrain ça m'a fait ressentir ce grand huit que j'ai pu vivre dans mon enfance en République du Congo. Et ce qui m'a rassuré, c'est que, ce que j'ai ressenti, d'autres l'ont ressenti aussi quand on leur a fait écouter le titre après l'avoir fait. Je me suis dit : "Ok je ne suis pas tout seul".

Est-ce que tu prends cette chanson comme une revanche sur ton enfance et les épreuves que tu as traversées ?
Non, ce n'est pas une revanche pour moi. Beaucoup de choses sont en train de se passer dans le monde actuellement et je ne veux pas dire aux personnes concernées : "Allez ça va passer, relève toi". C'est juste mon expérience personnelle, ça m'a aidé quand ma mère me disait ça. Tu peux te sentir démuni face à tout ce qu'il se passe mais la musique est tellement une chose magnifique. Voir tous ces artistes de différents pays, de différentes cultures, sur scène et se produire pour représenter leur pays, c'est fort. Quand j'étais enfant, j'ai pu regarder des artistes chanter et ça m'a donné de la force et de la puissance. Quand ma mère me disait "C'est la vie", je me suis attaché à ça, ça m'a aidé. Si je peux aider, et j'ai lu des messages qui me disaient ça, ça signifie plus que tout pour moi. Donc ce n'est pas une revanche, c'est un message d'espoir que je transmets. La vie peut être horrible mais elle peut être magnifique aussi. Et si c'est sombre aujourd'hui, peut-être que demain il y aura une lumière.

Gagner, je n'arrive même pas à l'imaginer
Est-ce que tu vas à l'Eurovision pour gagner ou est-ce que tu le vois plus comme un tremplin ?
Oui bien sûr je n'ai pas pris cette décision à la légère et il était important que je sache pourquoi je disais oui. Il fallait le faire pour les bonnes raisons. Evidemment, ça peut être un énorme boost donc il faut être préparé pour ça. Et d'un côté, je suis très heureux et reconnaissant de la carrière que j'ai aux Pays-Bas. J'ai déjà fait des concerts en Italie ou ailleurs dans le monde, et c'est sympa. Il y a une partie de moi qui espère que le plus de monde possible se connecte à ma musique mais ce n'est pas une motivation première. On verra ce que ça va m'apporter.

Et gagner, tu y penses ?
Ce serait quelque chose d'incroyable. Je n'arrive même pas à l'imaginer tellement c'est fou. Et pour être honnête, j'ai déjà eu la sensation d'avoir gagné quelque chose quand on a choisi ma chanson pour représenter les Pays-Bas. Ce serait un énorme bonus ! Mais la quatrième place que j'ai en ce moment me va très bien aussi.

Que penses-tu de la chanson de Louane, "maman", pour la France ?
Je l'ai écoutée plusieurs fois, et c'est une belle chanson ! Elle chante aussi sur sa mère d'ailleurs. On en a parlé ensemble à Amsterdam lors d'un concert organisé avant l'Eurovision. On a parlé de nos mamans respectives, de la langue française. C'était génial. Mais oui j'adore cette chanson, c'est tellement émouvant. C'est tellement français, c'est tellement elle ! Et la première fois qu'elle a révélé la chanson, c'était génial. J'aurais eu tellement peur ! D'ailleurs, j'ai découvert hier que c'est sa propre fille qui chante le dernier "maman", et ça apporte tellement de puissance à la chanson.

J'adorais collaborer avec Gims ou Aya Nakamura
Il y a beaucoup de chansons, des ballades notamment, en français cette année à l'Eurovision. Est-ce que tu le vois comme un avantage ou un désavantage pour toi ?
Je ne sais pas du tout. Je n'arrive pas à le voir comme quelque chose de négatif ou de menaçant parce que les propositions sont tellement différentes, que ce soit ma chanson qui commence comme une ballade mais se transforme, celle de Louane ou celle de Zoë pour la Suisse par exemple. Beaucoup de gens peuvent aimer l'une ou l'autre ou les trois, car on est dans des univers quand même bien distincts. Mais c'est vrai que le français va être bien représenté cette année et je trouve ça vraiment bien !

Est-ce qu'il y a un artiste français avec qui tu voudrais collaborer ?
Oh très bonne question ! J'ai beaucoup évoqué Gims, j'aime beaucoup ce qu'il fait. Il enchaîne les tubes en ce moment, c'est assez impressionnant. Après, il y a aussi Aya Nakamura. Elle est incroyable. Je suis particulièrement fan de Barbara Pravi également. "Voilà" est l'une de mes chansons préférées de tous les temps. Elle fait partie de ces artistes qui racontent des histoires quand ils chantent.

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