Abaca
Ambiance à couteaux tirés dans les bureaux de l'Eurovision. Durant l'été, la ville hôte qui accueillera l'édition 2026 du célèbre concours a été désignée : c'est à Vienne, en Autriche, que les délégations nationales se rendront pour espérer décrocher la victoire, un an après le sacre de JJ avec "Wasted Love". Oui mais, combien seront-elles ? Un vent de révolte souffle en coulisses avec, pour point de discorde, la présence d'Israël. Le contexte de la guerre menée par l'Etat hébreu dans la bande de Gaza, en Palestine, pèse de plus en plus lourdement sur l'organisation de l'Eurovision. Si l'événement se veut « apolitique », le message de fraternité revendiqué par l'événement semble incompatible pour certains à la participation d'un pays accusé de génocide, notamment par les Nations unies. D'autant que cette dimension géopolitique a eu des incidences sur le résultat final : en 2024 et 2025, les candidates israéliennes sont respectivement arrivées deuxième et première du télévote suite à un soutien massif.
"Une instrumentalisation politique de l'événement"
Les voix grondant en faveur de l'exclusion d'Israël sont donc plus fortes chaque jour. Consciente des enjeux, l'Union européenne de radio-télévision (UER) a accepté d'accorder un délai aux pays pour confirmer leur participation à l'Eurovision 2026 sans risque de sanction financière : ils ont jusqu'à la mi-décembre pour se positionner. Une assemblée portant sur la manière de « gérer la participation et les tensions géopolitiques » autour de l'Eurovision doit avoir lieu dans les prochains mois. Mais pour donner du poids à leurs revendications, certains pays passent déjà à l'offensive. Après l'Irlande, la Slovénie et l'Islande, les Pays-Bas ont annoncé vendredi renoncer à l'Eurovision en cas de participation d'Israël. Le diffuseur néerlandais Avrotros a justifié sa décision en invoquant « les sérieuses violations de la liberté de la presse » commises par Israël à Gaza, tout en accusant le gouvernement israélien d'avoir commis « des interférences prouvées lors de la dernière édition, se livrant à une instrumentalisation politique de l'événement ».
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Désormais, c'est au tour de l'Espagne de se rallier au mouvement. Ce mardi 16 septembre, la chaîne publique espagnole RTVE annonce avoir pris la décision de suspendre sa participation à celle d'Israël lors d'une réunion de son conseil d'administration à Madrid. La proposition de retrait du pays a été approuvée à 10 voix pour, 4 contre et 1 abstention. « Nous devons faire en sorte qu'Israël ne participe pas à la prochaine édition de l'Eurovision. Si nous n'y parvenons pas, l'Espagne ne doit pas prendre part au concours » s'était prononcé Ernest Urtasun, le ministre espagnol de la Culture, lundi après-midi. Une prise de position forte puisque l'Espagne devient le premier membre du "Big Five", qui comprend aussi le Royaume-Uni, la France, l'Italie et l'Allemagne, à brandir cette menace de boycott.
#Espagne 🇪🇸
Le conseil d'administration de la RTVE a validé la proposition de retrait du pays de l' #Eurovision 2026 en cas de participation d'Israël, avec 10 voix pour, 4 contre et 1 abstention.
#ESC2026 I #Spain[image or embed]
— la chaine 12 points (@lachaine12pts.bsky.social) 16 septembre 2025 à 12:35
Dans ce bras de fer délicat qui s'engage, d'autres pays suivront-ils ? Selon des bruits de couloirs, l'UER aurait proposé à la chaîne israélienne KAN plusieurs pistes de réflexion parmi lesquelles une suspension temporaire, une participation sous bannière neutre ou une déclaration publique pour prendre ses distances avec les actions du gouvernement de Benyamin Netanyahou. Des rumeurs démenties dans la foulée par l'organisation. À suivre, donc.