
Propos recueillis par Nikolas Lenoir.
Pure Charts : Pourquoi avez-vous décidé d’appeler cet album "L’attente" ?
Johnny Hallyday : On attend toujours quelque chose dans la vie, que ce soit l’amour ou ses enfants par exemple.
C'est aussi l’attente de retrouver le public, comme vous le faites actuellement en tournée ?
C’est toujours un immense bonheur de retrouver le public parce que quand on fait un spectacle sur scène, le public participe et c’est un bel échange. Ce sont à la fois des retrouvailles et une fête.
Est-ce que musicalement votre nouvel album est un retour aux sources ?
Oui, c’est un peu ce que je faisais à mes débuts. Je pense notamment à mes périodes avec Goldman, Berger… et c’est aussi un retour au blues.
Retrouvez le clip "L'attente" :
Votre concert comporte plusieurs hommages, à Michel Berger justement mais aussi à Elvis Presley et Jimi Hendrix. D’où vous est venue l’envie d’évoquer ces artistes ?
Il y a beaucoup d’hommages et c’est là que je vois que je prends de l’âge. Plus le temps passe, plus je perds des amis et il faut se dire que c’est la vie. J’ai perdu Berger, j’ai perdu Jimi Hendrix que j’avais découvert à Londres et au fur et à mesure, on se rend compte de ce temps qui passe, de la vie et je voulais en effet rendre hommage à ces artistes pendant cette tournée.
Oui, c’est un peu ça parce qu'on dit qu’on est toujours en attente de quelque chose, c’est vrai, mais on ne voit pas le temps passer. Qu'on ait 30, 40, 50 ou 60 ans, un homme pense dans sa tête avoir toujours 20 ans. Le physique change, beaucoup de choses changent mais ce qu'on a en nous, ça ne change pas. On garde une part d’enfance quelque part et c’est pour ça que les artistes sont là. Si on ne peut pas rêver soi-même, on ne peut pas faire rêver les autres.
Comment vivez-vous le plébiscite de ce disque et le fait de voir votre public s’agrandir ?
C’est vrai qu’il y a beaucoup plus de mômes qui viennent voir mes concerts depuis cet album. Je fais toujours les choses que j'aime et telles que je les aime au moment où je les fais. Parfois, ça marche beaucoup, parfois un peu moins mais c’est la vie.
Avec le recul, comment regardez-vous votre précédent album "Jamais Seul" ?
En tant que musicien, j’ai pris beaucoup de plaisir à faire cet album avec Matthieu Chédid. C’est en effet un disque plus musicien que public et honnêtement, je ne l’ai pas fait pour le voir devenir un album à succès. J’ai fait cet album par pur plaisir de le faire et c’est vrai qu’il a moins bien marché. Je relativise tout ça car là encore, c’est la vie et ce n’est pas grave. Pour "L’attente", j’ai eu envie de retourner à ma musique, à la base de ce que j’aime faire.
Vous parliez d’enfance. Est-ce que l’enfant que vous étiez aurait pu imaginer avoir un tel parcours ?
Miossec a écrit plusieurs titres sur ce disque, du sur-mesure. Est-ce la rencontre de deux artistes avec des blessures communes ?
Oui et il a bien compris ce que je cherchais. Et je me suis très bien entendu avec lui. Il est un peu comme moi, c’est un môme qui a grandi dans la rue et j’ai aussi vécu ça. Il est né pauvre et par ce qu'on a fait, on a réussi à s'en sortir. Avec Miossec, je nous compare à des boxeurs : on s'en est sortis par nous-mêmes.
Pour l’album, vous avez reçu 2.000 chansons. Vous avez vécu ça plutôt comme une pression ou plutôt comme un honneur ?
En écoutant "La Femme aux cheveux longs", on peut penser à plusieurs artistes, notamment Alain Bashung à la fois dans le texte et les arrangements. Est-ce que vous avez pensé à lui en la faisant ?
J’adore Bashung mais je n’ai pas du tout pensé à lui en faisant cette chanson. Par contre, j’ai plutôt pensé à Johnny Cash.
Avec "Devant Toi", vous êtes de retour à la composition. C’était un besoin ?
Est-ce que "N’en vouloir à personne" est une façon de répondre et de clore en musique certains propos tenus à votre égard lorsque vous avez traversé des moments difficiles ?
Non, franchement pas du tout. Les chansons ne sont que des chansons et c’est simplement l’histoire d’un homme qui n’en veut à personne, qui dit n’avoir aucune raison pour que ce soit le cas.
On retrouve un duo avec Céline Dion sur l’album. Comment s’est faite cette collaboration sur "L’amour peut prendre froid" ?
Au départ, Céline voulait absolument chanter avec moi pour son disque. Elle m’avait fait envoyer des chansons mais qui ne me convenaient pas, qui je pense n’allaient pas très bien entre nous ou en tout cas, que je ne ressentais pas. Quand j’ai reçu cette chanson, qui n’était au départ pas prévue pour être un duo, je me suis dit que c’était une chanson tout à fait adaptée pour Céline, plus que moi d’ailleurs. Je lui ai proposé la chanson, elle lui a plu et nous l’avons enregistrée.
J’écoute plutôt des groupes en ce moment, les Black Keys par exemple. Comme je vis beaucoup aux États-Unis, j’écoute beaucoup de musique américaine. J’écoute aussi de la country car là-bas, c’est quand même le pays de cette musique.
Avez-vous conscience de paraître plus serein à travers cet album ?
Oui, c’est vrai. Je crois que ce qui m’a fait beaucoup de bien est d’avoir mes deux filles, qui sont très jeunes. Quand on a des enfants en bas âge, on rajeunit d’abord et il faut être à la hauteur. Mes enfants m’apaisent beaucoup.
Quels sont vos projets après la tournée ?
On termine le 22 décembre et je passe les fêtes de Noël et du Nouvel An en famille. Ensuite, je commence un film de Claude Lelouch où j’ai comme partenaires Sandrine Bonnaire et mon vieux copain Eddy Mitchell. Après, je vais continuer à écrire des musiques pour un prochain album. Je reviendrai en France faire quelques concerts pour mon anniversaire, continuer le film de Lelouch qui ne sera pas terminé. Je tourne donc en juillet-août également. À partir d’octobre, je repars en tournée. Avoir des projets, c’est ça qui me donne envie.