Alma Bengtsson / EBU
Vers de nouvelles frictions politiques à l'Eurovision ? Après la cacophonie de l'édition 2024 marquée par de vives tensions en coulisses entre la délégation israélienne et d'autres nations, l'organisation du plus célèbre concours musical au monde a fait voeu d'apaiser les esprits en occultant le sujet brûlant de la guerre en Palestine. Peine perdue ! Plus de 70 anciens candidats de l'Eurovision, dont les représentants français La Zarra et Jessy Matador, appellent au boycott d'Israël en raison du conflit armé en cours à Gaza. « Cette complicité doit cesser. En continuant d'offrir une plateforme à l'État israélien, l'UER normalise et blanchit ses crimes » déplore une lettre ouverte désormais défendue par un soutien de poids : Nemo, l'artiste gagnant de l'Eurovision 2024.
Dans un entretien accordée au Huffington Post anglais, l'interprète de "The Code" se prononce en faveur de l'exclusion d'Israël du concours Eurovision. « J'ai mon opinion. Personnellement, je trouve insensé qu'Israël participe à cet Eurovision. Et à l'Eurovision en général » indique l'artiste non binaire, qui n'a pas souhaité « rentrer dans les détails » lorsque la question lui a été posée. Mais Nemo a, plus tard, fait parvenir un complément de réponse : « Les actions d'Israël sont fondamentalement en contradiction avec les valeurs que l'Eurovision prétend défendre : la paix, l'unité et le respect des droits de l'Homme ». Des propos qui ont eu l'effet d'une onde de choc puisque Nemo prendra part à la finale de l'Eurovision 2025, où il proposera une performance et remettra le trophée au pays vainqueur.
"Pourquoi faire ça ?"
Cela n'empêche par la jeune star de 25 ans, très alerte sur des questions de société comme la défense des personnes queer, de critiquer ouvertement la décision faite par l'organisation de l'Eurovision d'interdire aux 37 artistes participants de porter un autre drapeau que celui de sa délégation. Une règle qui exclue les drapeaux de la communauté LGBTQ+ ou ceux de territoires autochtones comme les îles Féroé, dont est originaire Sissal, la représentante danoise. « C'est d'une débilité sans nom. C'est stupide. Pourquoi faire ça ? Tu ne peux pas être connu pour être l'événement le plus queer au monde depuis si longtemps et interdire aux artistes de brandir un drapeau arc-en-ciel » se désole Nemo.
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Face à l'écho médiatique des propos tenus par l'artiste suisse, l'Union européenne de radio-télévision (UER) s'est justifiée par voie officielle. « Notre mission est de veiller à ce que le concours reste avant tout un événement universel qui favorise les liens, la diversité et l'inclusion par la musique. Nous aspirons à unir le monde et à le montrer tel qu'il pourrait être, et non tel qu'il est inévitablement » indique un communiqué, confirmant par sa teneur la validité de la participation d'Israël à l'événement. Et d'ajouter avec diplomatie : « Nous sommes impatients de revoir Nemo sur scène à Bâle ». Dimanche, le "Turquoise Carpet" de l'Eurovision 2025 a été marqué par un incident porté à l'attention des autorités suisses : Yuval Raphael, la candidate israélienne, a été menacée de mort par un spectateur présent dans la foule, qui aurait mimé un geste d'égorgement. Une plainte a été déposée.