Abaca
L'Eurovision ou, comme l'ironise un internaute, le Novision ? L'édition 2026, qui se déroulera en mai à Vienne (Autriche), débute sur une énorme polémique. Après des semaines d'interrogations, la participation d'Israël au prochain concours a bel et bien été confirmée. Dans le contexte toujours épineux du conflit palestinien, cinq pays ne participeront pas à l'Eurovision 2026, dont l'Espagne (membre du Big Five), les Pays-Bas ou l'Islande. « La culture unit, mais pas à n'importe quel prix. Ce qui s'est passé au cours de l'année écoulée a testé les limites de ce que nous pouvons soutenir » assure Taco Zimmerman, le directeur général de la chaîne néerlandaise AVROTROS.
"Ce trophée n'a plus sa place sur mon étagère"
Et face à l'ampleur prise par la polémique, d'anciens gagnants montent au créneau. Salvador Sobral, vainqueur en 2017, s'est désolé de voir que son pays le Portugal a maintenu sa participation, au même titre que la France. De son côté, Nemo prend quant à lui une décision historique : celle de rendre son trophée. En 2024, l'artiste suisse a remporté le concours avec sa chanson délirante "The Code", mêlant opéra et électro. Un an et demi plus tard, la situation ne lui semble pas représenter les valeurs de l'Eurovision : « Aujourd'hui, ce trophée n'a plus sa place sur mon étagère. L'Eurovision clame soutenir les valeurs d'unité, d'inclusion et de dignité pour tous. Mais la participation continue d'Israël, durant ce que la Commission d'enquête internationale indépendante a reconnu comme un génocide, a révélé un conflit évident entre ces idéaux et les décisions prises par l'Eurovision ».
"Adoucir l'image d'un État"
Pour Nemo, il ne s'agit pas d'« une question de personnes ou d'artistes ». Il accuse d'ailleurs le concours d'« adoucir l'image d'un État accusé d'un acte répréhensible grave ». En mai dernier, Israël a terminé à la deuxième place de la compétition grâce à un vote massif des téléspectateurs, que certains ont jugé truqué. De quoi faire dire au Suisse que l'Eurovision n'est pas aussi apolitique que les organisateurs le prétendent : « Quand des pays se retirent face à cette contradiction, c'est qu'il y a quelque chose de profondément mauvais ».
"Vivre avec ce que l'on clame"
C'est donc « avec gratitude et un message clair » que Nemo a renvoyé son trophée au QG de l'Eurovision à Genève : « [Il faut] vivre avec ce que l'on clame. Si les valeurs que nous célébrons sur scène ne sont pas les mêmes en coulisses, même les plus belles chansons perdent leur sens. J'attends le moment où ces mots et ces actions seront alignés. En attendant, le trophée est à vous ».