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Benjamin Biolay se remet en selle. Deux ans après le beau succès rencontré par "Grand prix", classé numéro un des ventes et récompensé de deux Victoires de la Musique, l'artiste à la plume aiguisée reviendra dans les bacs le 9 septembre avec "Saint-Clair", un 10ème album rock et mélancolique nommé d'après le quartier où il a entassé de nombreux souvenirs. « Depuis longtemps, j'avais envie d'écrire un disque qui porterait le nom de ce quartier de Sète, ville où je viens depuis l'enfance, grâce aux Opinel, la famille de ma mère. Gamin, je passais mes vacances dans la grande maison de ma tante, en centre-ville, pendant que mes parents dormaient au camping. C'était cool. J'y ai moi-même acheté une maison il y a quinze ans, le seul bien que je possède » confie l'interprète de "Rends l'amour" dans les colonnes de Paris-Match, lui qui se raconte encore un peu plus à travers ce disque consacré en grande partie à ses déboires amoureux : « J'évoque des choses intimes, j'ai mis très peu de filtres. Cela commence par une belle déclaration d'amour, et ensuite tout s'écroule ».

"Cette désertification culturelle me semble dangereuse"

Et de filtres, il n'en est pas question non plus au fil de l'entretien. Assumant son langage cru (« Ce n'est pas de la provocation, c'est une manière de m'ancrer dans le réel » dit-il), Benjamin Biolay dresse sans prendre de gants un constat alarmant de la société française actuelle, expliquant avoir vu, au gré des concerts de sa longue dernière tournée, « un pays abandonné ». « Les gens n'en revenaient pas qu'on vienne chanter chez eux, parce qu'il n'y a plus rien. Cette désertification culturelle me semble dangereuse. Car, normalement, c'est à l'État de faire en sorte que le troubadour se rende dans chaque ville et non à lui de décider où il se produit » se désole le musicien, qui avait été l'un des rares artistes à monter au créneau pour dénoncer l'interdiction des concerts et le sort réservé à la culture durant la crise sanitaire.

"Est-ce le rôle de la ministre de la Culture de dire ça ?"

Il n'a d'ailleurs pas que des mots tendres pour Roselyne Bachelot, l'ancienne ministre de la Culture... « J'ai rarement vu les gens craindre autant de parler politique. Aucun artiste ne s'est exprimé sur les élections, par peur de représailles. En pleine crise sanitaire, Roselyne Bachelot nous a carrément envoyés chier. "On vous a donné 11 milliards, arrêtez de l'ouvrir", nous a-t-elle balancé. Sa sortie sur les César était dingue aussi : est-ce le rôle de la ministre de la Culture de dire ça ? Non » estime sèchement le chanteur. En 2021, après une cérémonie des César marquée par plusieurs discours très politiques, Roselyne Bachelot avait fustigé les critiques formulées contre le gouvernement. « Ce qui m'a frappée, c'est que finalement, le côté meeting politique de cette affaire a nui à l'image du cinéma français, alors qu'il est massivement aidé. (...) Les César sont une vitrine pour vendre notre cinéma à l'international. Est-ce que vous voyez l'image que cela a donné ? C'est navrant de voir des artistes piétiner leur outil de travail » avait-elle réagi sur RTL.

Interrogé sur le paysage politique, Benjamin Biolay a fait part de son désintérêt. « C'est la première fois que je ne m'intéresse pas vraiment à une campagne présidentielle, alors que la politique est une de mes passions. On accepte une forme de chape de plomb » regrette l'artiste, qui avait révélé avoir voté pour Anne Hidalgo, sans grande conviction. Son avis sur le président réélu ? « Je ne suis pas un déçu de Macron et sa bande, puisque je n'ai jamais cru en eux. Donc, ni animosité ni empathie. Mais la start-up nation n'est définitivement pas pour moi » rétorque-t-il. Le message est passé !