samedi 21 mars 2020 13:37

Soolking, Yael Naim, Conan Gray : 3 albums au banc d'essai

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Pure Charts passe en revue trois albums sortis cette semaine dans les bacs. Entre la grâce de Yael Naim sur "nightsongs" et les tubes de Soolking contenus dans "Vintage", le jeune Américain Conan Gray se jette à l'eau avec "Kid Krow". Critiques en quelques lignes !
Crédits photo : Montage Pure Charts

Soolking | "Vintage"


Retour vers le turfu. Un an et demi après "Fruit du démon", et son tube "Dalida", Soolking revient en ce temps de confinement avec son deuxième album "Vintage". Le regard tourné vers le passé, le rappeur algérien mêle ici nostalgie et modernité, tout en solidifiant son attachement à ses racines orientales. Composé de deux faces, l'une "Glace", l'autre "Feu", ce double projet très riche permet à Soolking de faire fusionner toutes ses inspirations sur un album réussi. Entre deux clins d'oeil à "Game of Thrones", "La Casa de Papel", "On l'appelle Trinita" ou "Naruto", l'artiste mêle français, anglais, arabe et allemand ("Hayati"), cite aussi bien Michael Jackson et Marilyn Monroe que 2Pac, Cardi B et Post Malone, ose un sample de "L'été indien" de Joe Dassin ("On ira") et l'évocation du destin tragique de Billie Holiday, en parallèle d'une belle célébration du raï avec le célèbre Cheb Mami ("Ça fait des années"). Enfant de son époque, il fait aussi le lien entre hier et aujourd'hui en conviant des rappeurs installés (SCH, Jul) et la toute nouvelle génération (Gambi, 13 Block) sur des tubes évidents. Sur des rythmes solaires et dansants, qui peuvent parfois se ressembler, Soolking, entouré des meilleurs beatmakers, a l'art et la manière de faire sonner les mots, d'allier légèreté et sujets plus profonds comme son ascension ("Et ça faisait dix ans que j'patinais, aujourd'hui, blédard est platiné"), ses origines, ses douleurs. Le carton est assuré ! JG

Ça ressemble à l'album rap idéal, riche mais fédérateur
A écouter : "Marbella", "Vida Loca 2", le très beau "Billie Holiday", l'énorme "Melegim", "CNLZ", "Ça fait des années" et "Hayati", des tubes !
A zapper : "Chihuahua", un vrai délire avec Gambi, "Wahda", le facile "La Kichta" avec Heuss l'Enfoiré, "Solo", moins intéressant


Yael Naim | "Nightsongs"


Au creux de l'oreille. C'était le rêve d'une vie d'artiste. « Écouter la petite voix à l'intérieur de soi-même » confesse à demi-mot Yael Naim, pour présenter ses "nightsongs". La chanteuse franco-israélienne a passé trois ans à manufacturer, à la lueur des étoiles, ces confessions musicales d'une bouleversante intimité, avec pour seules compagnies les émotions qui bouillonnaient au fond d'elle et la grâce infinie de sa voix. A l'instar du renversant "Shine", la musicienne saisit au coeur avec ce disque feutré renfermant 12 titres - des ''chan-songes'' s'amuse-t-elle à dire - à la fois fragiles, violents dans ce qu'ils racontent, comme la vie l'est parfois, et doux comme du coton. Dépouillées parfois jusqu'à l'extrême ("Miettes", sublime ballade traversée par quelques de notes de piano), les compositions, tantôt chantées en anglais tantôt en français, prennent parfois les reflets fantomatiques d'une Agnes Obel (l'incroyable "My Sweetheart") et même, plus surprenant, d'une Billie Eilish (''Familiar''). Mais en vérité, il n'appartient qu'à Yael Naim de nous émouvoir de la sorte quand elle chante le deuil du père disparu ("Daddy"), les stigmates d'une rupture ("How Will I Know") ou le mal d'aimer ("Des trous") sans tricher et sans aucune barrière. Rendez-vous service et ne passez pas à côté de ce chef d'oeuvre de délicatesse. YR

Ça ressemble aux sanglots longs des violons de son coeur
A écouter : l'album dans son intégralité, des mouchoirs à proximité
A zapper : absolument rien



Conan Gray | "Kid Krow"


Génération talent. En 2018, Conan Gray nous avait immédiatement séduit avec "Generation Why", pépite indie pop dans laquelle il confiait les incertitudes d'une génération en constant questionnement. Deux ans plus tard, le Youtubeur devenu chanteur passe enfin le cap et publie son premier album "Kid Krow". Finie l'époque où il contait son quotidien dans une petite ville du Texas dans des vidéos en ligne, désormais il embrasse la pop indé sur 12 chansons pleines de vie et de fougue. Evidemment, on retrouve les thèmes phares de l'artiste et de toute une génération : le besoin d'être entouré de ses amis ("Comfort Crowd", "(Can We Be Friends?)"), les relations amoureuses compliquées ("Wish You Were Sober", "Checkmate") ou la nostalgie d'une adolescence désormais révolue ("Little League"). Il se fait même plus intime que jamais sur "Affluenza" ou "The Story" dans lesquels il raconte sa vie familiale, lui qui a « vécu dans un foyer dangereux ». Le tout sur des mélodies pop assez simples mais sautillantes et diablement efficaces. Il fait même un clin d'oeil à la scène rock du début des années 2000 sur les morceaux "The Cut That Always Bleeds" et "Fight or Flight" dans lesquels les guitares électriques priment, ce qui devrait ravir les nostalgiques de cette époque. Avec "Kid Krow", Conan Gray nous présente donc les multiples facettes de son univers et de sa personnalité, quelquefois intime quelquefois extravertie. Un premier essai plutôt convaincant et encourageant pour la suite. Dommage qu'il n'atteigne pas l'excellent niveau de son EP "Sunset Season" sorti en 2018. TB

Ça ressemble à un premier chapitre pop, coloré et énergique
A écouter : les excellents "Maniac", "Affluenza" et "Comfort Crowd"
A zapper : le côté rock 2000 un peu ringard de "The Cut That Always Bleeds", les interludes "(Online Love)"


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