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La Zarra à l'Eurovision : "Je veux mettre des étoiles dans les yeux des gens" (Interview)

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Samedi 13 mai, La Zarra interprètera sa chanson "Evidemment" lors de la finale de l'Eurovision devant 200 millions de téléspectateurs. Avant son départ pour Liverpool, celle qui représente la France lève le voile sur sa préparation pour le concours et clame haut et fort son envie de gagner. Interview !
Crédits photo : FTV
Cet entretien a été réalisé avant le départ de La Zarra à Liverpool.

On est quelques jours de l'Eurovision, le compte à rebours est lancé. Comment tu appréhendes l'événement ?
Il y a encore beaucoup de travail à faire. C'est un stress mais pour vraiment finaliser des détails, comme la mise en scène, afin que la prestation soit parfaite. Le stress de me produire devant la foule, devant 200 millions de téléspectateurs, il arrivera quelques heures avant que je monte sur scène. (Sourire)

Tu arrives confiante ?
De nature, je suis combattante. C'est ce qui prend le dessus, même si parfois je regarde le prix des billets d'avion pour le Canada. (Rires) Mon état d'esprit change chaque jour. Mais c'est normal !

L'Eurovision est une course de Formule 1
Tu viens du Canada et tu l'as expliqué, l'Eurovision ne fait pas partie de ta culture. Depuis plusieurs semaines, tu es plongée au coeur de cette aventure. C'est conforme à tes attentes ?
C'est encore mieux ! J'avais peut-être une vision, comme beaucoup tout le monde je pense, de l'Eurovision comme un événement un peu "ringard". Mais depuis quatre ans, le niveau a augmenté, les prestations sont de plus en plus impressionnantes. Il y a ce souci musical d'offrir quelque chose de qualitatif. Moi, je connais l'Eurovision grâce à la chanson de Marie Myriam "L'oiseau et l'enfant", que ma mère me chantait quand j'étais petite. En venant en France, j'ai commencé à découvrir un peu plus cette culture de l'Eurovision. Et j'ai aussi regardé le film sur Netflix avec Will Ferrell, que j'ai adoré ! (Rires)

Ça ressemble à quoi, vu de l'intérieur ? On ne se sent pas trop petite au milieu de cette grosse machine ?
Petite, jamais. Par contre, il faut que j'arrive à composer entre plusieurs facteurs. S'il s'agissait juste de me concentrer sur l'Eurovision, il n'y aurait pas de problème. Mais j'ai aussi un deuxième album à faire, une tournée à préparer. Il y a beaucoup de choses à planifier. En plus de cela, je suis maman monoparentale. Je dois balancer avec tous ces éléments, d'autant que je suis impliquée dans tout : le staging, la musique, les visuels... C'est énormément de travail. Tu reçois beaucoup d'appels, matin et soir, pour tout et rien... Mais si je n'avais pas ce mode de vie, je serais très triste. J'aime travailler !

Les nuits sont courtes ?
Un peu, oui ! C'est un marathon qui a commencé dès qu'on m'a proposé l'Eurovision, en septembre. "- Tu veux le faire ? - Oui. - Ok, il va nous falloir une chanson". Je n'avais pas encore la chanson ! On est rentré dans cette course et on ne s'est pas arrêté depuis. C'est de la Formule 1.

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Je ne me prends pas au sérieux
Tu es assez mystérieuse, discrète sur ta vie, mais tous les projecteurs sont braqués sur toi. C'est une médiatisation intense. Comment tu le vis ?
Je le vis bien. Je prends ça comme un jeu ! Oui, souvent quand on vient de me voir pour prendre des photos, je fais mon petit truc La Zarra mais ça fait partie du personnage. Je ne me prends pas au sérieux. Je n'essaie de pas de soigner mon image et de faire attention à ce que je vais dire ou je vais faire. Aujourd'hui avec les plateformes, les gens se prennent moins au sérieux. Tu as le droit de faire des erreurs, tu as le droit d'être toi-même. Ce n'est pas quelque chose qui me stresse, ça ne m'a jamais stressée. Je n'ai jamais fait de la musique pour être sous le feu des projecteurs. Par contre c'est sûr que d'avoir trop d'attention sur toi d'un coup, ce n'est pas bon pour ton énergie vitale. J'aurais besoin d'un bon voyage pour recharger les batteries après tout ça !

La Zarra c'est donc une voix mais aussi un personnage, une femme puissante et glamour. C'est une sorte de super-héroïne que tu t'es créée pour la scène ?
Les gens qui me connaissent savent que je suis comme ça dans la vie. Avec le côté artistique, on a l'impression que je suis une criss de folle comme on dit au Québec mais cela fait partie de mon caractère ! Depuis mon adolescence. J'ai toujours été comme ça.

C'est une façon de se protéger ?
C'est toujours une façon de se protéger. Peut-être que de loin j'ai l'air inaccessible... mais en réalité, je suis trop accessible à l'inverse. Je dois faire attention parce que j'ai une notoriété maintenant ! Au Canada, tout le monde se tutoie mais en France, ce n'est pas le cas. Culturellement, il y a des différences. On n'a pas les mêmes tabous. Donc parfois, on ne me comprend pas et inversement. (Rires) On est très ouverts !

Je n'ai pas envie de réussir pour la fame
Comment tu te prépares sur le plan physique et vocal pour le grand jour ?
Je ne vais pas mentir : j'ai commencé à mettre au sport avec du retard sur mon programme. (Rires) Te moque pas, c'est dur ! Tu veux vraiment le faire mais tu n'as pas le temps, tu as 40.000 promos, quand tu rentres à la maison tu es crevée. Tu te fais un plat de pâtes, tu regardes Netflix et tu vas dormir ! Côté voix, j'ai essayé de faire du coaching mais ça n'a pas fonctionné. J'ai appris toute seule à chanter et j'ai trop peur que ça modifie ma voix ou le grain qui la rend jolie. Donc je me donne des cours à moi-même.

Et l'alimentation ? Tu as arrêté le gluten !
Oui ! C'est un mode de vie à cent à l'heure alors il faut faire attention à ce que je mange. Je n'en deviens pas folle.

Le texte de ta chanson "Evidemment" parle d'émancipation, tu chantes « ces belles promesses c'est que du vent ». C'est dur de s'imposer quand on est une femme dans l'industrie musicale ?
Oui et non. Au début, tout a été super vite pour moi. Parfois, je regarde des collègues qui ont du mal à décoller et j'ai conscience de ma chance. En fait, c'est le regard des autres qui est difficile. Au début on en rigole, on dit "c'est une femme forte, elle est marrante, elle sait ce qu'elle veut" puis ça devient "elle est chiante". Il faut toujours composer avec ça, trouver de nouvelles tactiques pour défendre ce que tu veux défendre. Après, c'est difficile mais comme dans tout. A toi de décider si c'est vraiment ce que tu veux faire, si ça en vaut la peine. Je me suis toujours dit que le jour où la musique ne m'apporte plus de bonheur mais que des problèmes, je vais arrêter. Les gens ne comprennent pas mais j'ai une valeur à la musique qui est un peu différente. Je fais de la musique par nécessité. J'ai envie de réussir parce que si tu ne réussis pas, tu ne peux pas payer tes factures mais je n'ai pas envie de réussir pour la fame. Même si tu en as besoin pour remplir des salles de concerts. C'est comme un cercle un peu vicieux, c'est le serpent qui se mord la queue. Il faut que j'arrive à trouver la bonne balance, pour pouvoir être en position de dire non. C'est ça mon plan.

Je vais apporter ce côté show à l'américaine
Que peux-tu nous dire que la mise en scène ? C'est quoi le mot d'ordre, la direction ?
Ce qui est important, c'est de garder l'essence de ce que je projette musicalement et visuellement, et de l'upgrader. Le but, c'est de mettre des étoiles dans les yeux des gens, qu'ils se disent "wow" ! Je vais apporter ce côté show à l'américaine, impressionnant. Il y aura un élément dans la mise en scène et le seul mot que je peux dire c'est dangereux. [Il a été révélé durant la première répétition que La Zarra.

Tu t'es impliquée dans la conception ?
Oui ! Pour moi, la continuation de ma musique c'est le visuel. Quand j'écris des chansons, je visualise exactement ce que je veux faire. J'avais déjà une idée précise et tout le monde était raccord. On travaille tous dans la même direction pour réaliser ce staging démentiel.



Tu as regardé ce qu'il s'est fait avec la France ou d'autres pays ces dernières années, pour s'inspirer ou se démarquer ?
Avec mon co-compositeur Benny Adam, on a regardé le show de l'an dernier pour se faire une idée. C'était rigolo et instructif. (Sourire) On sait ce qu'on ne veut pas faire, ça c'est sûr. Les concurrents sont assez féroces. Le niveau est élevé, donc il va falloir se mettre à la hauteur !

Je fais l'Eurovision pour gagner !
Sur scène à Madrid et dans l'émission ''C à vous'', tu as proposé une version ''revamp'' de la chanson avec, entre autres, des ajouts de cordes. Pourquoi ces petits changements ?
En fait ce ne sont même pas des changements, c'est au niveau du mix. La chanson était assez difficile à mixer dans le sens où il y a beaucoup d'éléments. On commence avec une chanson française de base puis on rentre avec du beat un peu disco. Il s'agit de remettre une touche harmonieuse pour ne pas qu'un élément prenne le dessus sur l'autre. J'ai lu les commentaires des gens qui disaient que ça ne montait pas assez, donc je me suis dit : "Ben tu sais quoi ? Je vais remonter les violons là, je vais rajouter les "boom chak" qui volent." J'ai changé un peu le mix et augmenté les volumes, c'est tout.

Qu'est-ce que ces retouches apportent de plus à la chanson ?
Un peu plus de corps. Les gens sont habitués à ce que ça pète en mode club. S'ils n'ont pas ça, ça les dérange. Je peux le faire ! Mais je voulais surtout rendre service à la chanson sur la première version, après on va faire ce que le peuple veut. (Sourire) Lors des répétitions, je vais amener mon ingé son avec moi pour faire des ajustement sur place en cas de nécessité. On va pousser pour obtenir la meilleure version possible.

Tu crois en tes chances de victoire ?
Je crois en mes chances de victoire, oui. Je ne l'aurais pas fait sinon ! On m'a dit : "Fais-le, c'est une bonne plateforme". Mais non, moi je le fais pour gagner ! Aller dans un concours comme celui-ci, c'est s'afficher et ce n'est pas trop dans mon caractère. Donc je le fais avec des ambitions. Bien sûr, il faut que je me prépare mentalement à ne pas gagner mais je veux au moins proposer une belle performance, pour être fière de moi.

Tu regardes le classement des bookmakers ?
On m'en parle mais la vérité, c'est que je ne sais pas comment ça marche. (Rires) C'est quoi, c'est qui, qu'est-ce qu'ils font dans leur vie ? Je peux parier, moi aussi ? C'est comme avec les chevaux ? J'ai rien compris.

Mon nouvel album ? On va danser dessus !
Il est de coutume que les participants à l'Eurovision surfent sur cette vitrine pour sortir un album. Où en est la préparation de ton deuxième disque ?
On est bien, on est bien. J'ai fait beaucoup de nouvelles chansons, maintenant il faut les finaliser ! Me connaissant, je vais devoir peut-être relâcher un peu sur l'aspect perfectionniste. Ça va être un bel album, j'ai toujours le souci du détail. Mais est-ce qu'il sera aussi travaillé que le premier, avec toutes les orchestrations sur lesquelles je me suis tapé la tête pendant trois mois au mixage ? Non !

En termes de direction musicale, il sera dans la lignée du premier ?
Non non... Là, j'ai envie de faire la fête, de danser. Mon album va vraiment refléter ça. Il sera beaucoup plus solaire. Par contre, je vais continuer de parler de mes problèmes, parce qu'il y a toujours des problèmes. (Rires) Mais on va danser dessus. J'ai eu la chance d'avoir un artiste que j'adore, qui s'appelle Pierre Lapointe. C'est un Québécois qui m'a envoyé deux chansons. Je me suis dit : "Mais non, mais tu m'as pas fait ce cadeau ?!". Chanter une chanson de Pierre Lapointe... Elles sont délicieuses. Donc je vais aussi avoir des piano-voix.

Tu connais déjà sa date de sortie ?
C'est sûr que ma maison de disques veut vraiment que ce soit après l'Eurovision mais il faut être réaliste. On pourrait le faire mais il faut quand même que je prenne le temps de bien ficeler cet album.

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