Bestimage
Et de 28 pour Julien Clerc. Ce vendredi, l'icône de la chanson française signe un retour élégant avec "Une vie", un nouvel album, réalisé par Benjamin Biolay et pensé comme un livre d'images que l'on feuillette, avec des instantanés du quotidien et des sentiments qui se mélangent. « Dès le premier jour, ma grande terreur a été que la source se tarisse. À mon âge, je n'ai plus rien à craindre de ce côté ! » sourit dans les pages de Ouest-France l'artiste de 77 ans, qui a fait appel à de nombreux auteurs reconnus pour composer ces 11 titres, dont Carla Bruni, Gaëtan Roussel et Serge Lama. Et parmi les textes poignants du disque, celui de "Saint-Nazaire" saura trouver une résonnance particulière puisqu'il aborde la mort de son demi-frère Gérard, disparu à 71 ans le 15 août 2023 dans un accident d'avion à Lavau-sur-Loire alors qu'il se rendait à un concert de Julien Clerc.

"C'était inattendu et violent"

Ce drame personnel et brutal a secoué le célèbre chanteur, de nature pudique mais qui se livre ici comme rarement. « Ça a été affreux. C'est moi qui l'ai annoncé à mon frère et mes soeurs. C'était inattendu, violent évidemment, comme toute disparition, mais cela lui ressemblait aussi un peu. Gérard était un personnage qui n'avait rien à voir avec moi, (...) c'était un vrai casse-cou, chose que je ne suis absolument pas » relate Julien Clerc dans les colonnes de Paris-Match, qui a ressenti « l'envie d'en parler » dans ce projet musical intime. Connu pour son travail avec Calogero ou Patrick Bruel, le parolier Paul École lui a confectionné une chanson sur mesure. « Il connaît mal nos vies, à Gérard et à moi, mais il a réussi à écrire quelque chose qui nous ressemble, une relation faite de pudeur. Il évoque le drame sans être triste, sans être doux, juste en étant poétique » souligne-t-il avec reconnaissance.

"Les avions parfois ressemblent à des anges"

Effectivement, le titre "Saint-Nazaire" ne verse pas dans l'émotion frontale mais évoque sur un petit air de guitare les avions que le journaliste Gérard Leclerc affectionnait tant. « Il y avait l'amour que nous partageons, mais sans se le dire comme des garçons / Ces mots qui naissaient que l'on préfère taire, c'est ainsi sûrement que s'aiment les frères » débute Julien Clerc, chantant « ce même besoin d'évasion » qui les rassemblait. « Et tant qu'il y aura de passage, des avions frôlant des nuages / Je dirai sans Dieu, sans foi, sans louange, les avions parfois ressemblent à des anges » fredonne-t-il sur le refrain de cette magnifique déclaration toute en retenue.

Ecoutez "Saint-Nazaire" de Julien Clerc :

Au lendemain de la mort de Gérard Leclerc, Julien Clerc avait tenu à monter sur scène malgré son deuil. « C'était la meilleure décision à prendre. Et si je devais être de nouveau confronté à ce type de drame, je le referais. C'est la promesse que je me suis faite. Parce que, ce soir-là, le public m'a aidé à tenir debout. Il savait ce que je vivais, et c'est dans ces moments que mon métier est une canne extraordinaire » se remémore l'interprète de "Mademoiselle", qui prévoit justement une grande tournée en 2027 pour célébrer ses 80 ans.