Le concert de Benjamin Biolay, organisé par Be My Events, le 11 décembre dernier, était particulier. Pour une simple raison : l'artiste remettait pour la première fois les pieds sur sa terre natale, à Villefranche-sur-Saône, depuis qu'il l'avait quittée il y a plus d'une dizaine d'années. Le retour de l'enfant du pays, dans cette petite commune de 35 000 habitants du département du Rhône et de la région Rhône-Alpes, en somme.
Très timide en début de concert, réservé... l'artiste a eu bien du mal à se mettre dedans, hésitant, la condition particulière et le caractère exceptionnel de ce concert, probablement. Puis, Benjamin Biolay se lâche enfin, à partir de la magnifique chanson "Ton héritage", seul au piano ; ironisant même sur les goûts musicaux “davidguettien” de sa fille. Enfin, on retrouve le Biolay qu'on aime tant, une attitude de dandy tenant le revers de sa veste, mais aussi un geste d'enfant relevant son col comme pour ce cacher derrière, par pudeur, ou comme s'il avait froid, réveillant ainsi l'instinct maternel de son public féminin. Peut-être est là aussi la puissance de ce spectacle : débuter en douceur, puis monter crescendo jusqu'à l'explosion, l'apothéose, la jouissance.

Toutes les plus belles chansons de l'exemplaire carrière de l'artiste défilent, tour à tour réorchestrées de mains de maitres, notamment par Marc Chouarain aux claviers et thérémine, Nicolas Fiszman à la basse, Pierre Jaconelli à la guitare, Denis Benarrosh aux percussions, et Audrey Blanchet à la harpe, violoncelle, et chœurs. Si c'est "Pour écrire un seul vers" (issu de la B.O de "Clara et moi"), puis "Tout ça me tourmente" qui ouvrent le bal, "Ton héritage" laisse planer dans la salle un silence religieux, "Qu'est-ce que ça peut faire ?" nous entraine dans sa ronde, rejoint bientôt par "La superbe", "Dans la merco Benz", "Padam", "Si tu suis mon regard", "Les cerfs-volants", la reprise du "Jardin d'hiver" offert à Salvador, "Lyon Presqu'île" qui ce soir là prend évidemment une tout autre dimension devant le public Caladois, pour finir en orgie musicale sur une version complètement new wave de "A l'origine", hurlée par son créateur. Du grand art.
Visionnez Benjamin Biolay live, "Bien avant" (Villefranche-sur-Saône) :
Car peut être est-ce là son secret, un côté mal assumé, hésitant, timoré, qui donne envie de le cajoler, le prendre dans ses bras, sans omettre cet incroyable charisme qui l'entoure. Benjamin Biolay s'amuse à fixer dans les yeux les personnes du premier rang, les pointes du doigt aussi, comme pour les provoquer et prendre le dessus avant qu'elles ne le prennent. La légendaire défense de l'éternel timide.
Visionnez le salut final de Benjamin Biolay (Villefranche-sur-Saône) :






Ronan Siri en première partie
En première partie, Ronan Siri fût le lauréat d'un concours organisé par Be My Events. Si le garçon ne manquait ni de talent, ni de charme, ni d'humour, l'absence d'un petit supplément d'âme et de présence lui faisait défaut. Il lui faudra assurément rivaliser d'inventivité et d'originalité afin d'exister sur un marché folk déjà saturé (et qui plus est dans la langue de Shakespeare), mené non sans mal par Justin Nozuka.
Découvrez l'univers musical de Ronan Siri :