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dimanche 17 décembre 2017 12:34

Tina Arena en interview : "Au début, je ne comprenais pas ce que je chantais"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Tina Arena sera de retour début 2018 avec l'album en français "Quand tout recommence", porté par le single "Tant que tu es là". La chanteuse australienne se confie dans une interview sur Pure Charts à propos de son comeback, son amour pour la France, ses tubes "Aller plus haut" ou "Aimer jusqu'à l'impossible" et les rumeurs de participation à l'Eurovision. Rencontre !
Crédits photo : Renaud Corlouer
Un matin à 9 heures, Tina Arena m'appelle depuis l'Australie. Sa voix et son accent français font plaisir à entendre. Elle s'excuse d'emblée de ne pas maîtriser la langue parfaitement ("C'est pas du Molière"), et se plaint ensuite de la chaleur, alors que l'Australie vit une véritable canicule. "Il a fait plus de 40 degrés aujourd'hui, punaise. C'est un mois record !" lance-t-elle avec un franc parler. Tina Arena nous avait manqués.

Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Vous revenez en France avec le single "Tant que tu es là", après 10 ans d'absence. Pourquoi avoir attendu tout ce temps ?
Parce que j'avais envie, premièrement. J'avais envie de refaire de la musique en français. Tout est parti de là avec ce projet. L'envie. En dix ans, j'ai fait plein de choses, j'ai enregistré et sorti cinq disques, fait six tournées, et des spectacles à droite à gauche dans le monde entier. La vie continue... J'ai un garçon qui vient d'avoir 12 ans, et j'essaie d'être une maman assez présente. Ce n'est pas toujours facile. Il y a toute une logistique à gérer.

« Je sentais qu'il était temps de revenir »
Quel a été le déclic ?
Il n'y en a pas eu particulièrement. Ça traînait dans ma tête depuis 3-4 ans. Ça me manque la connexion avec le public français. C'était l'heure. Avec tout ce qu'il s'est passé... Si tu prends du recul, la France a beaucoup changé. Je partage ma vie entre deux cultures donc j'ai peut-être un peu plus de recul que les gens qui vivent ici en France. Le visage du pays a beaucoup changé. Je sentais qu'il était temps de revenir.

Vous revenez souvent en France ?
Bien sûr ! J'ai des amis, de la famille... On revient assez souvent.

« La manière d'aborder la musique a changé »
10 ans d'absence c'est long et la musique a beaucoup changé. Vous n'avez pas peur que le public soit peut-être passé à autre chose ?
Si, bien sûr, on y pense... C'est toujours une réalité. Mais je ne reviens pas en pensant au fait que le public ne doit pas m'oublier, ce n'est pas ça qui me motive. Le public a changé, a grandi, a évolué. On utilise la musique très différemment aujourd'hui. On est beaucoup plus dans la consommation qu'avant avec les technologies. La manière d'aborder la musique a changé... C'est la réalité, il faut en tenir compte. Mais c'est comme ça, il y a des contraintes et on doit vivre avec.

Votre dernier album en français n'avait pas autant fonctionné que le précédent. Ça a motivé votre envie de prendre vos distances ?
Peut-être que ça a joué oui dans ma décision de prendre un peu de recul. Mais pendant cette période-là j'ai sorti des disques de reprises, qui ont d'ailleurs eu beaucoup de succès, "Songs of Love & Loss". J'ai vécu de très belles expériences musicales. Le projet a duré quelques années car ça a bien marché.

En France, on vous connait surtout pour les tubes "Aller plus haut" et "Aimer jusqu'à l'impossible"… Quels souvenirs en gardez-vous ?
Je pense que c'était la belle époque par rapport à aujourd'hui. Je crois qu'on était moins stressé. Le tempérament humain a beaucoup changé. Les chansons ont marqué les gens avec les mélodies, les textes, une histoire... Mais c'est ça le but de la musique aussi. A cette époque, j'ai eu un grand privilège de beaucoup passer à la radio et à la télévision. Les titres sont entrés dans la conscience collective de la musique populaire, et c'est génial. Je suis très fière de ça. Il n'y en a pas tant que ça... C'est super de vivre quelque chose comme ça.

Regardez le clip "Tant que tu es là" de Tina Arena :



Vous parlez très bien français, vous avez appris quand ?
J'ai appris au fur et à mesure. (Rires) Au tout début, ils m'ont jetée aux lions quand même, mais ils m'ont rendu service, ça m'a aidée d'apprendre la langue. Ça m'a beaucoup plu. J'adore parler en français. J'aime le fait de pouvoir communiquer avec les gens dans leur langue.

« Mon plus beau souvenir en France ? La naissance de mon fils »
Donc au début, vous ne compreniez pas tout ce que vous chantiez ?
Non, je ne comprenais pas du tout ! (Rires) J'ai appris à chanter les chansons à l'oreille, phonétiquement. Mais je savais quand même de quoi les chansons parlaient. On me traduisait les paroles quand même. C'était obligatoire.

Quel est votre plus beau souvenir en France ?
La naissance de mon fils. C'était en 2005, il est né à Paris... Ça a renforcé ma connexion avec la France. J'ai une vraie connexion avec les Français. Je suis fille d'immigrés italiens, je viens d'Europe, c'est ma vie, c'est mon sang. Je ne me sens pas étrangère en France.

Qu'est-ce que vous a séduit dans "Tant que tu es là", votre nouveau single ?
Il y a un très joli message. C'est simple mais complexe en même temps. Ça parle des choses qui sont absolument nécessaires pour l'être humain. Aujourd'hui, l'être humain est devenu quand même assez gâté. Ça parle du soutien de quelqu'un, de celui que tu peux donner à quelqu'un aussi. C'est intergénérationnel comme message. C'est pour moi les choses les plus importantes mais on l'oublie parfois... On est tout le temps en train de courir tous les jours. Je trouve ce message assez sympa en fait. Est-ce que j'attends quelque chose ? Non pas forcément mais je crois beaucoup dans ce message.

« Aujourd'hui, j'attends autre chose de la part d'une chanson »
Vous avez un coup de coeur tout de suite ?
Oui, je l'ai comprise tout de suite. Tout le monde peut se l'approprier. Elle a eu du sens tout de suite. Après dix ans de disparition, je crois que c'était une bonne idée de revenir avec cette chanson. Je ne pouvais pas revenir avec quelque chose de trop différent, les gens n'auraient pas compris, ça n'aurait pas été une bonne carte à jouer.

Et l'album "Quand tout recommence", vous pouvez m'en dire un peu plus ?
La couleur du disque est assez variée. Il n'y a pas que des titres évidents sur le disque. J'ai exploré de nouveaux endroits musicalement. Je me suis beaucoup amusée.

Qu'est-ce qui va surprendre le public ?
Peut-être les textes. Ils sont un peu plus élaborés, plus travaillés. Pour moi, en dix ans, on apprend énormément de choses, sur la sensibilité d'une autre langue. J'ai beaucoup évolué. Aujourd'hui, j'attends autre chose de la part d'une chanson, d'un texte. Il y a pas mal de chouettes surprises pour les gens.

Souvenez-vous de "Aller plus haut" :



Vous avez écrit des textes ? C'est naturel d'écrire en français ?
Ce n'est pas naturel forcément. Je peux faire du yaourt, ajouter des mots ici et là. Mais écrire en français, je ne sais pas trop faire, ça ne m'appartient pas. Je n'ai pas la confiance de faire ça actuellement dans ma vie. Peut-être dans dix ans ! J'ai fait appel à pas mal de gens, des nouveaux, des plus jeunes. Il y aura Antoine Elie, Valentin Marceau, un trio belge Delta qui a fait trois ou quatre titres. Fred Savio, qui a déjà travaillé avec Kendji ou les Kids United, a réalisé l'album.

Patrick Fiori a posté un gentil message lors de votre retour. Est-ce qu'il y aura des duos sur l'album ? Peut-être même un avec lui ?
Non, il n'y aura pas de duos sur l'album. Il est presque terminé, il reste juste deux-trois finitions. Cette fois-ci, j'ai décidé de ne pas ajouter de duo, car je l'ai fait pas mal durant ma carrière en français avec des personnes géniales. Comme Patrick. Je l'aime beaucoup, c'est un grand artiste.

« Faire l'Eurovision ? Ce n'est pas approprié pour moi »
Vous écoutez un peu de musique française ?
Mon fils en écoute pas mal donc je suis un peu ce qu'il se passe. Ce sont des playlists très actuelles, plutôt pop, rap... Il a 12 ans, il adore la musique. J'aime bien les chansons soul. Si je dois écouter de la musique à la maison, je préfère les trucs un peu soft.

Il y a une chanson sur l'album qui s'appelle "Parfait". Vous chantez : "Je veux et j'aimerais que tout soit parfait, ou rien". Vous êtes comme ça dans la vie ?
(Elle éclate de rire) Un petit peu... Ça me ressemble. Mais c'est un peu ironique aussi. Car on sait que la perfection n'existe pas, mais ça ne nous empêche pas de la vouloir.

On vous connait en France avec des chansons d'amour, avec une image assez romantique. Ça vous fatigue un peu ?
C'est une drôle de question... Malheureusement, il y a une image de moi à une certaine époque. Maintenant, soit on avance, soit on avance pas. Cet album, c'est un nouveau départ. Il est assez révélateur à ce sujet-là aussi. Il y aura des conversations avec des sujets assez divers. Si les gens pensent que je ne suis pas multi-dimensionnelle, c'est peut-être le moment de découvrir le voyage que j'ai fait ces dernières années.

Alma, qui a représenté la France à l'Eurovision, co-écrit le single "Tant que tu es là". On a parlé plusieurs fois de vous pour l'Eurovision pour la France ou l'Australie. C'était vrai ?
A un moment, il y a eu une proposition. Mais je pense que ce n'est pas approprié pour moi de participer à cette émission. Il y a des gens qui ont de l'expérience qui font l'Eurovision, mais il y a aussi beaucoup de jeunes, et ils sont choisis car ils sont très talentueux. J'ai 40 ans de travail derrière moi, et franchement je ne me sens pas très à l'aise de faire ce genre de choses.

Vous avez été jurée en Australie, on vous a proposé "The Voice" ?
Non. Je ne sais pas si ça m'aurait plu... Si ça avait dû se faire, ça se serait déjà fait dans un pays ou un autre. Ce n'est pas arrivé, ça ne s'est pas forcément présenté, et ce n'est pas quelque chose qui me manque. Je n'ai pas vraiment besoin de faire ça. J'apprécie les gens qui le font. Je connais très bien Florent Pagny, je le respecte et je l'aime beaucoup, on se connait depuis très longtemps. Je connais Garou et Zazie. Mais on se respecte, c'est un gros boulot, et ils le font très bien. MIKA, je ne le connais pas.

Qu'est-ce que je peux vous souhaiter pour cet album ?
Merde ! Je te donne l'autorisation ! (Rires)
Retrouvez Tina Arena sur site officiel et sa page Facebook.
Ecoutez et/ou téléchargez la discographie de Tina Arena sur Pure Charts.

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