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Sheila est plus en forme que jamais. La chanteuse qui fête aujourd'hui ses 76 ans a publié en avril dernier son nouvel album "Venue d'ailleurs", dans lequel elle a fait appel à d'anciens collaborateurs, à l'instar de Nile Rodgers, comme pour boucler la boucle. « Pour les années 60, c'est compliqué car ils ont tous disparus ou alors ils sont à la retraite et ne veulent plus écrire. J'ai commencé par les Américains, car cette idée sans eux, ce n'était pas possible. Nile m'a dit oui tout de suite, même sans que je lui demande. Il m'a produit une chanson. C'est magnifique car il ne le fait plus ! » confie l'interprète de "Spacer" en interview pour Pure Charts. Si son disque a démarré à la 11ème place des charts français, l'artiste garde en elle une certaine rancoeur envers l'industrie musicale. En effet, Sheila estime qu'« après 40 ans, une femme est éjectée ». « Vous savez, le métier du showbiz c'est un métier de mecs en réalité. Les nanas, c'est très compliqué. Une femme n'a pas le droit de vieillir » clamait la chanteuse à Sud Radio, déçue de voir que ses chansons ne passaient pas sur les ondes : « On peut faire les plus beaux albums, vous ne les entendez pas en radio, je trouve ça totalement illogique ».

"Ça suffit, respectez-nous un minimum !"

Des propos que Sheila réitère aujourd'hui dans une interview accordée au magazine Variations. Pour l'interprète de "La rumeur", les femmes n'ont « pas le droit de vieillir, ni même de penser ou d'exister » dans l'industrie musicale actuelle. « À l'heure de la libération de la femme, ça la fout un peu mal ! On a pourtant un peu débroussaillé le terrain dans les années 60 » ironise Annie Chancel, de son vrai nom, parlant de « tannée » dans le monde du spectacle : « Nous les femmes, sommes regardables au maximum jusqu’à 35/40 ans ! Après nous sommes périmées, notre délai de validité est expiré ».

Pour Sheila, le constat ne serait pas le même aux Etats-Unis : « Si j'étais Américaine, je serais traitée comme une vraie diva. Je suis Française, et donc, je suis au rebut car trop âgée. Je pourrais chanter la meilleure des chansons du monde, ça ne changerait rien ! ». Une situation qu'elle ne juge pas normale : « Moi, ce qui me dérange le plus, c'est le respect de la carrière (...). On est là depuis autant qu'eux, c'est juste parce que ce sont des mecs. Ça suffit ! Maintenant, c'est toujours moi qui parle, parce que les autres ne disent jamais rien. Ça suffit, respectez-nous un minimum ! ».

"On dérange, c'est clair"

Dans la suite de l'entretien, Sheila se questionne sur les raisons pour lesquelles elle ne passe plus en radio et assure qu'elle et ses homologues féminines, comme Françoise Hardy ou Sylvie Vartan qu'elle citait sur Sud Radio, ne sont « absolument pas respectées » : « Je croyais que ça changerait avec le temps, mais rien n'a bougé pourtant (...). On dérange, c'est clair, parce que là franchement, on ne va pas me dire que nos derniers albums ne sont pas de bonne qualité ». Une « injustice », d'autant plus qu'elle affirme que Julien Clerc, Alain Souchon, Laurent Voulzy ou Michel Sardou n'ont pas eu à affronter ce problème : « Ce n'est pas acceptable (...). Lorsque l'on est fier de ce que l'on fait, on a envie de le partager et de mériter un peu plus de respect ».