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Loreen en interview : "Mon statut de favorite ? Je ne veux pas me parasiter avec ça"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
C'est la grande favorite de l'Eurovision 2023. En interview pour Purecharts, la chanteuse Loreen, qui représente la Suède, explique pourquoi elle a accepté de revenir dans le concours après sa victoire en 2012 avec "Euphoria", se confie sur sa chanson "Tattoo" et son statut de favorite. Rencontre avec une artiste chaleureuse, accessible, solaire. Rare.
Crédits photo : Charli Ljung
Propos recueillis par Julien Gonçalves, envoyé spécial à Liverpool.

Qu'est-ce que ça te fait de revenir à l'Eurovision, 11 ans après ta victoire avec "Euphoria" ?
C'est irréel ! Il y a un an, si on m'avait dit que je serais à l'Eurovision aujourd'hui, j'aurais rigolé très fort. C'était inimaginable pour moi. Et là, quand je réalise que j'y suis, je me dis : "Mais c'est quoi ce bordel ?!" (Rires)

Je n'en revenais pas de m'embarquer là-dedans
Pourquoi tu as dit oui ?
Honnêtement, ce sont les gens autour de moi. Quand j'ai enregistré la chanson, on s'est tous dit qu'elle était spéciale. Et, soudain, la question s'est posée, et j'ai répondu : "Quoi ? Mais ça va pas ? Vous avez perdu la tête ?" Mais les gens dont je suis proche étaient un peu déçus, je le voyais bien. Ils ne comprenaient pas que je ne l'envisage pas. Alors j'y ai réfléchi... Je suis quelqu'un de très sensible aux énergies, j'aime être connectée à la créativité. Si je sens de bonnes énergies, j'y vais, même si je ne comprends pas trop moi-même pourquoi. Je les ai senties, et je n'en revenais pas trop de m'embarquer là-dedans.

La chanson "Tattoo" n'est donc pas née pour l'Eurovision ?
Non non. C'était juste une démo quand on me l'a envoyée. Pour être honnête avec toi, intuitivement, quand je l'ai écoutée, j'ai été à la fois apeurée et heureuse. Je me suis demandé : "Wow, qu'est-ce que c'est ?". J'ai senti que j'allais faire quelque chose avec cette chanson. J'avais ressenti quelque chose de similaire avec "Euphoria". Ça m'a fait flipper ! Stop ! Stop ! (Rires)

Comment tu expliques d'ailleurs que le titre "Euphoria" soit encore aujourd'hui une chanson emblématique de l'Eurovision ?
Je ne sais pas... (Elle réfléchit) Je vais te faire une réponse spirituelle. Je me dis que c'est un mélange de plein de choses, la façon dont je l'interprète, la façon dont je l'ai construite. C'est un peu spirituel, ça fait tout avec ce gros refrain, il y a une certaine énergie, avec ces murmures. Cette chanson mélange des choses liées à la spiritualité et de la dance très humaine, avec cette grosse production. Il me semble que c'est une combinaison idéale, car je crois qu'on aime tous ces deux aspects-là.

Penser à gagner ou perdre, c'est un truc d'ego
Tu as donc gagné en 2012. C'est un risque de revenir, non ?
Je n'ai pas pensé à ça. Enfin, si je suis honnête, si, j'y ai pensé mais quelques secondes ou minutes à peine. Au final, penser à gagner ou perdre, c'est un truc d'ego. Je vais encore te parler d'un truc spirituel, désolée ! Dans le monde dans lequel j'évolue, d'où je viens, si je regarde mon arrière grand-mère, ma grand-mère et ma mère, ce sont des femmes puissantes qui se sont battues. Depuis mon enfance, on m'a toujours dit qu'on a des choses à réaliser sur cette Terre, un chemin. Et c'est bien plus fort que toi ! Je me souviens que ma grand-mère m'a dit que je ne chanterais pas que pour moi. Et moi j'étais persuadée que si ! Je chantais pour moi, dans ma chambre, et c'était bien comme ça. Elle m'a dit que j'allais partager ça. Et j'ai finalement toujours eu cet état d'esprit, que j'étais là pour servir ma créativité. C'est mon boulot. Et il n'y a pas de place pour l'ego. Je peux avoir de l'ego avec mon mec, mais pas dans ma musique. (Rires)

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Quel message veux-tu délivrer avec "Tattoo" durant la finale ?
Il y a plusieurs couches de messages. Chacun peut l'interpréter comme il veut, et c'est super. Mais si tu regardes toute la performance, oui la chanson parle d'amour mais ce que j'essaie vraiment de dire, c'est qu'il y a une loi de la nature, selon moi : il n'y a pas de jour sans nuit, il n'y a pas d'amour sans difficultés. Dans notre monde actuel, dès que ça devient difficile, on est tenté de partir car on croit que l'herbe est plus verte ailleurs... Attention, bien sûr que dans certains situations, il faut partir en courant ! Mais souvent, il faut parfois rester encore un peu, et accepter les qualités et les défauts de l'autre. Personne n'est parfait. Si tu restes, tu peux expérimenter ça, si tu pars, non.

Pour moi, la compétition n'existe pas
C'est pour ça qu'il y à la fois de la lumière et de la noirceur dans ta performance...
Cette performance, c'est un safe space (un endroit où on se sent protégé, ndlr). Je me suis beaucoup inspirée de la nature. C'est une forme abstraite de la nature. Il y a le sable, mes ongles sont en bois, on a tous les éléments : le ciel, le vent, la brume... La seule chose que je n'ai pas sur scène, c'est l'eau, mais je transpire donc ça compte ! (Rires) Pour moi, tu dois être en connexion avec la nature pour être vraiment ancré. On ne s'en rend pas compte mais on est comme des batteries. Ton énergie communique avec la mienne, tu m'en donnes, je t'en donne, c'est pour ça que parfois on se sent fatigué et on ne comprend pas pourquoi. Et c'est grâce à la nature qu'on se recharge.

Tout le monde est persuadé que tu vas gagner. Comment tu gères le fait d'être la grande favorite ?
Honnêtement ? Comme je suis quelqu'un de très spirituel, je travaille beaucoup pour me discipliner là-dessus. Ce genre de choses peut prendre le dessus sur ton esprit, alors je fais beaucoup de méditation, de contrôle de la pensée. Je ne veux pas me parasiter avec ça. Je veux garder à l'esprit que mon but est de délivrer quelque chose au public. Je suis juste là pour ça. Donc je m'autodiscipline et je me coupe de tout le reste, car j'ai peur de cette énergie. Si je commence à réfléchir au fait de perdre ou gagner, ça va distordre mon énergie. Tout ça, ce n'est pas à propos de moi. Pour moi, la compétition n'existe pas. Et tu sais, c'est dur pour moi d'être assise en green room car les énergies sont tellement tendues.



Mais tu ne ressens jamais de pression ?
Non, ma seule pression c'est de pouvoir délivrer mon message. Si tu me dis "Mets un masque rose et tu vas gagner", je ne le ferai jamais !

Beaucoup pensent que les artistes Eurovision ne sont pas bons
A quel point l'Eurovision a changé depuis 2012 ?
Oh la la ! En 2012, l'Eurovision c'était petit, aujourd'hui c'est devenu tellement énorme ! Beaucoup de gens pensent que les artistes qui se produisent à l'Eurovision ne sont pas bons, mais c'est une communauté qui a des valeurs importantes. Peu importe ta couleur de peau, d'où tu viens, ta sexualité... Si tu viens avec amour et respect, tu es accueilli les bras ouverts. Et cette communauté grandit encore et encore. Ce que j'en retiens, c'est qu'on croit souvent que le monde est un endroit horrible, mais je ne suis pas du tout d'accord avec ça. Bien sûr, il y a des problèmes, des inégalités mais on est tellement meilleurs qu'il y a 10, 20 ou 30 ans.

Quelle est ta performance préférée cette année à l'Eurovision ?
Il y en a trois que j'adore. Blanca Paloma ("Eaea" pour l'Espagne, ndlr) car c'est très spirituel. Alessandra aussi pour la Norvège ("Queen of Kings", ndlr) ! Et j'adore Käärijä aussi, le "Cha Cha Cha" (Finlande, ndlr).

Un album arrive bientôt ?
Oui ! Juste après l'Eurovision, je vais aller en Islande pour travailler avec un producteur incroyable ! Je vais sortir pas mal de chansons. Je crois que ça va être une année musicale pour moi. Mais bon, je ne croyais pas que je ferais l'Eurovision et regarde où je suis. Donc tout est possible !

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