Hélène Ségara

Crédits photo : Purecharts
Propos recueillis par Yohann Ruelle

Vous êtes à l'affiche du spectacle "Les comédies musicales", qui retrace toute un phénomène en France. Que ressentez-vous quand vous montez sur scène pour chanter les succès de "Notre-Dame de Paris" ?
Esmeralda, c'est un personnage qui me colle à la peau. Ça me ramène des années en arrière à des souvenirs très positifs. Surtout, ça me touche de voir à quel point le public est en émoi de retrouver et de réentendre toutes ces chansons, et pas seulement les miennes. J'ai accepté ce projet parce c'est une aventure humaine. On est un peu une colonie - qui travaille ! - mais une colonie de vacances. On se marre, on fait ce qu'on aime tout en ayant une relation humaine qui prime.

Ce spectacle a une place à part dans votre histoire ?
"Notre-Dame de Paris", ça reste un des points de départ : avant cela, il y avait eu "Vivo per lei". Au moment où j'ai signé pour "Notre-Dame de Paris", je ne me suis engagée que pour trois mois et finalement, ça a été trois ans de ma vie. Il n'y avait la place pour rien d'autre tellement ça a pris une dimension et une place très fortes. Là aussi c'était une aventure humaine entre protagonistes, entre chanteurs. On a vécu des moments d'amitié et de fatigue, des choses artistiques. Le plus, c'était l'accueil du public dans une époque où on ne savait pas que les comédies musicales allaient faire leur grand retour.

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Pourquoi les comédies musicales ont toujours la cote ?
C'est assez étonnant de voir qu'il y a des chansons qui traversent le temps, sans prendre une ride, sans se démoder. En même temps, elles touchent chaque année d'autres générations. Ça, c'est la magie d'une grande mélodie. Les gens sont nostalgiques de grandes mélodies. J'aime aussi d'autres musiques et aujourd'hui, il y a des productions qui sont super bien faites, des réalisations qui sont très réussies, mais on ne retient pas une mélodie de ce qu'on entend. Nous, on sait que ce sont des airs populaires qui parlent à tout le monde.

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Vous allez célébrer vos 25 ans de carrière avec un concert symphonique à la Salle Pleyel. D'après votre expérience, quel est la clé pour durer ?
Je sais pas s'il y a un secret mais je crois que l'authenticité en fait partie. Je suis quelqu'un de cash, de vrai, d'entier. Quand j'aime, je le dis et j'aime vraiment. Quand je n'aime pas, je le fais gentiment comprendre mais je le dis aussi. Je suis hyper honnête, je ne sais pas me forcer ! Et donc forcément, quand je fais quelque chose, je le fais avec sincérité. Et je pense que c'est important. Le deuxième point, c'est la relation avec le public, mon public, que j'ai toujours énormément respecté. Je peux le dire, j'ai la chance d'avoir un public qui me respecte beaucoup aussi et qui me soutient. Je crois que ça, c'est un grand cadeau dans ma carrière. Quand on arrive sur une émission de télé ou une émission de radio en direct et que, systématiquement, j'apprends que les gens m'attendent depuis très tôt, que ce n'est pas un phénomène qu'on voit à chaque fois, je me sens quand même gâtée. Je ne peux pas arriver et me dire : "Bon ben, je ne les calcule même pas, je rentre, je bosse". Evidemment qu'il y a des fois où je suis pressée mais je prends toujours quelques secondes pour les saluer.

Vous avez accompli tous vos rêves d'artiste ?
Pas du tout ! Justement, arrêter de rêver, c'est s'éteindre. Il y a encore beaucoup de choses où j'ai envie de me challenger, de me découvrir. Cette année, je vais faire une apparition clin d'oeil dans une comédie, je fais encore plus de télé et je n'ai toujours pas fini d'écrire mon livre. Je crois qu'il y a encore plein de choses que j'ai envie d'aboutir, et d'apprendre aussi. Parce qu'on apprend tout le temps.

Si vous ne deviez garder qu'une chanson de votre répertoire, ce serait laquelle et pourquoi ?
Wow ! C'est dur... C'est dur parce que dans les grands tubes populaires, "Il y a trop de gens qui t'aiment", "Vivo per lei" et "Elle tu l'aimes". Je ne pourrais jamais priver le public de ces chansons que j'aime, ni de "Notre-Dame" d'ailleurs. Moi il y en a qui me parlent plus dans de ce que j'ai écrit. Je sais pas... Non, je n'arrive pas à vous dire. Sincèrement c'est impossible. Je ne vous déteste pas mais un peu quand même ! (Rires)




Vous avez récemment témoigné dans "Sept à huit" sur votre maladie oculaire. Comment votre vie d'artiste est impactée par ce combat ?
Si j'ai choisi d'aborder le sujet une fois pour toutes, c'est parce que je fais face à toute sorte de rumeurs. Je vais vous dire une anecdote : éblouie en sortant de scène, deux personnes qui m'encadrent, on peut croire que j'ai bu. (Rires) Dans "Sept à huit", je me suis exprimée pour montrer que je suis là pour continuer à rêver. Je me bats chaque jour pour réaliser mes projets, mes rêves. Aujourd'hui, je suis là pour ça. Pour moi, c'est désolant que je doive me justifier. Je me suis exprimée une fois pour toutes afin qu'on arrête de ne me parler que de ça. Je suis une artiste. Certes, j'aide des associations, je veux bien être porte-parole pour des personnes qui ont des difficultés et leur répondre, mais j'ai un métier à côté de ça. Et une intimité.

Préparez-vous un nouvel album ?
Oui, je prépare un nouvel album ! Ce sera l'album de mes 25 ans de carrière, qui va être un album de duos avec des chanteurs connus. Tous mes amis du métier m'ont fait le plaisir de venir rechanter mes tubes avec moi, mais de manière tout à fait... différente. Je ne veux pas aller où on m'attend. J'ai choisi de surprendre et pour l'instant, les duos qui sont enregistrés sont des duos avec des personnes surprenantes. Et pas seulement francophones.