Dadju

Crédits photo : Fifou
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Avant de parler de ton retour, comment tu as vécu le succès de ton deuxième album "Poison ou Antidote" ? Car c'est toujours une étape cruciale pour un artiste...
Je suis très content et très fier de cet album, de ce bébé. Comme tu le dis, un deuxième album c'est pas facile, il y a beaucoup d'appréhension. Ça fait longtemps que je travaille mais je suis arrivé de nulle part médiatiquement parlant. Et puis avec tous les artistes, il y a beaucoup de consommateurs de musique et on consomme super vite. C'était important pour moi de marquer le coup, de montrer que Dadju ce n'est pas juste un seul album, c'est pas un coup de chance. Ça c'est un peu l'ego d'artiste, mais ça fait du bien pour tout le travail qui a été donné, d'être récompensé de cette manière par le public. C'est que du plus, que du bon.

Tu sortiras bientôt ton 3ème album. Dans quel état d'esprit tu es ? Tu veux reconfirmer ?
(Rires) Je suis toujours comme ça. On m'a dit : "C'est bon, tu as fait deux albums qui ont très bien marché". Surtout le deuxième en fait car malgré le Covid on a atteint des chiffres extraordinaires. Mais je me dis toujours : "Après cet album, c'est bon". Mais là honnêtement je suis beaucoup moins stressé, je me sens comme quand je sortais mon premier album. Je n'avais aucune pression, personne ne m'attendait, et moi-même je n'attendais pas ces chiffres, ce succès. J'étais dans une vibe positive, très naïve. Là je suis un peu comme ça avec ce nouvel album, ça fait un moment que je le travaille, je suis revenu sur plein de titres. Et comme j'ai le film qui arrive et qu'il est lié l'album, ma pression est plus basée sur le film que sur l'album. Pour l'album, je l'ai fait comme le premier, au feeling, ce que j'aime, avec mes ambiances du moment...

Tu le disais, avec le streaming, les auditeurs aujourd'hui sont très volatils. Tu y penses parfois ?
Un petit peu. C'est simple et compliqué en même temps. C'est simple parce que j'ai un public qui me suit. Sur le deuxième album, j'ai fait des titres parfois qui n'ont rien à voir avec le premier, comme "Ma vie", qui très soul et c'était quelque chose que je n'avais jamais fait. Ça m'a rassuré et confirmé que si le son est bon, le public va suivre. C'est à moi de leur donner la qualité maximale, pour les respecter. Pour cet album, c'est pour ça que j'ai moins de pression. Et là d'avoir décalé ma tournée plusieurs fois, je finis l'album alors que je suis en tournée, et je vois l'impact directement que je n'avais pas eu ces dernières années. Là, je le ressens... C'est peut-être que c'est pour ça que je suis apaisé parce que je les vois en face de moi. Je leur ai fait écouter le nouveau single et ils connaissent déjà les paroles par coeur. C'est rassurant !

Justement, tu reviens avec le single "King". Comment est née cette chanson ?
Je me suis un peu inspiré du film, et comme d'habitude des histoires qui m'entourent la plupart du temps. Parfois, je traîne sur les réseaux, ça m'arrive aussi, je vois des histoires, je regarde beaucoup de films aussi. J'ai vu passer une histoire que je n'avais jamais raconté, en tout cas pas de ce point de vue là. Celle d'un homme qui tombe amoureux d'une femme qui est déjà avec quelqu'un et ça l'énerve de voir que l'autre homme la néglige, qu'il n'a jamais le temps... Ce qu'il dit c'est qu'elle mérite mieux, un King comme lui. Il passe toute la chanson à lui expliquer pourquoi elle mérite mieux. C'est aussi une leçon pour bien rappeler que parfois on ne se rend pas compte de la valeur des choses qu'on a réellement jusqu'à ce qu'on les perde. C'est la petite morale de cette histoire.



Il y a Didi Stone dans le clip de "King". Pourquoi l'avoir choisie elle en particulier ?
Je la connais depuis longtemps Didi, parce que je connais son père Koffi Olomidé. Je suis congolais d'origine, elle aussi, c'était un petit clin d'oeil pour montrer que, mon père était chanteur, le sien aussi, c'est toujours eux mais en version 2.0. Avec les enfants, ils sont toujours là et on fait exactement la même chose.

Tu vas jouer dans ton premier film "Ima". Comment est arrivé ce projet dans ta vie ?
Ça fait un moment que j'ai cette envie de créer un long-métrage. Je me suis jamais vraiment lancé... Je fais beaucoup de courts-métrages dans mes clips, j'ai même fait des trilogies depuis mon premier album. C'est quelque chose qui m'a toujours attiré et amusé aussi. J'ai toujours aimé jouer la comédie à chaque fois. Mais je me suis jamais dit : "Allez, je vais faire un film d'1h30 !". Et c'est arrivé en décembre 2020... J'étais au Cameroun, je réfléchissais et je me suis dit : "C'est le moment". Je décide d'appeler toute mon équipe : "Les gars, je veux faire un film. Comment on fait ? Comment ça se passe ?".

Ah oui, comme ça ?
Oui ! (Rires) C'est un milieu que je ne connais pas. J'avais la base mais j'avais besoin d'aide, il me fallait notamment un scénariste, je n'avais pas la prétention de dire que je pouvais faire un film tout seul. Je voulais le faire et le sortir rapidement ! Mais on me disait : "On ne fait pas des films en six mois". (Rires) Je devais le sortir l'année dernière mais avec le Covid on ne maîtrise rien. C'est un mal pour un bien au final... Le film est lourd, je suis très satisfait de ce qu'on a fait.

Tu as donc eu l'idée du film, tu joues dedans, tu produis...
Oui ! Mais c'est un gros travail d'équipe. Je remercie d'ailleurs le réalisateur Niels Tavernier, d'avoir fait confiance à un fou ! (Rires) Il fallait le faire ! Je n'ai jamais fait de film, il m'a fait confiance, et surtout de l'avoir fait à Kinshasa.



L'histoire du film, elle t'est venue comment ?
Comme d'habitude, moi et mes histoires de fou furieux ! C'est une histoire que j'avais en tête depuis assez longtemps quand même. J'ai voulu écrire un son dessus mais je n'arrivais pas à le détailler en trois minutes, donc ça s'est allongé. Mais je n'allais pas faire un son de 15 minutes ! Donc il fallait le mettre en images sur 1h30. C'est comme ça que ça a commencé... C'est une histoire d'amour improbable. Je joue mon propre rôle dans ce film. C'est Dadju le chanteur mélangé avec de la fiction. On a ajouté des choses qui ne sont pas vraies. Je voulais vraiment commencer mon premier film par jouer mon personnage. Comme je t'ai dit, je n'ai pas la prétention de faire un film tout seul et d'être un super bon acteur du jour au lendemain. Il y a plusieurs étapes à franchir. La première étape, c'était d'abord de bien jouer mon rôle à moi.

C'était naturel pour toi ?
C'était assez difficile parce que je ne suis pas quelqu'un de très expressif de base, alors qu'au cinéma, quand tu joues la comédie, il faut vraiment montrer chaque émotion. C'est là que j'ai vu que c'était très différent d'un clip. Un clip, c'est plus facile de montrer une émotion parce que tu es en train de la chanter. Là, il n'y a pas de son, c'est juste toi, la caméra est en face de toi : "Pleure !" (Rires) C'est beaucoup plus difficile. J'ai encore plus de respect pour les acteurs depuis que j'ai fait ce film.

Tu as dû prendre des cours ?
Oui j'ai pris des cours, et j'ai commencé par des cours de théâtre car c'est au théâtre qu'on t'apprend à parler fort, à exagérer tes émotions. Les gens en face de toi ont besoin de comprendre chaque émotion. C'est ce qu'on m'a appris et c'est ce que j'ai appliqué dans ce film.

Il y a un troisième album qui arrive en mai, et qui est en lien avec le film. Tu as écrit l'album pour le film ?
J'ai écrit en même temps. Je suis sur ce nouvel album depuis fin 2020, j'ai vraiment voulu le faire doucement. A la base, il n'y avait pas de film de prévu, je voulais prendre mon temps, je n'étais pas pressé. Je défendais encore le deuxième album, j'essayais de sauver ma tournée du Covid. Quand il est arrivé l'heure fatidique de rendre les bandes... Bon moi je suis toujours en retard ! Mais j'avais déjà 80/90% de l'album, j'étais peace. Je sais que l'album est bien. A chaque fois que j'écrivais un titre, je pensais à une scène pour que le scénariste puisse l'intégrer au film. C'est l'album qui a été écrit pour le film, pas l'inverse.