Anthony Bouin
Alizée. Si ce nom évoque auprès des nostalgiques des années 2000 une période bénie pour la pop française, pour les fans, il est aussi synonyme d'absence et de manque. L'ex-lolita n'a publié aucun album en 12 ans et a même arrêté la musique pour se consacrer à l'école de danse qu'elle a fondée en Corse. Seulement voilà, il y a des anniversaires qu'on ne peut pas manquer ! Publié le 28 novembre 2000, l'album qui a changé sa vie, "Gourmandises", fête ses 25 ans et Alizée ne pouvait décemment pas passer à côté de ce cap symbolique. C'est donc acté depuis plus d'un an et demi : ses retrouvailles avec le public seront scellées durant deux concerts à l'Olympia. Dimanche soir, en lettres rouges sur la devanture de la célèbre salle parisienne, le nom d'Alizée s'est donc illuminé avec la mention "25 ans déjà !", comme pour rappeler que le temps passe à toute allure. Même si on a l'attitude !
"Des souvenirs gravés à jamais"
Passée une première partie électro-pop poétique assurée par Rémo, plus connu du public pour son projet musical Helmut Fritz, les cris d'impatience et les appels fusent en attendant « la princesse corse ». Les lumières s'éteignent soudainement et à 20h50 précises, le rideau s'ouvre pour exposer un curieux décor. Sous les lumières tamisées, quatre silhouettes se découpent. Des danseuses ? Non ! Un effet stroboscopique dévoile la supercherie : ce sont des mannequins affublés de quatre tenues iconiques portées par Alizée à ses débuts, lorsqu'elle a fait fondre la France avec ses airs de lolita. La reine du soir, elle, apparaît tout en haut de la scène dans un panache de fumée, et c'est avec "L'Alizée" - le choix de l'évidence - que la machine à remonter le temps s'enclenche.
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Souriante et le regard pétillant, la chanteuse, en jupe à dentelle et bottes blanches, n'a presque pas changé. Et la magie de ses chansons confectionnées par Mylène Farmer et Laurent Boutonnat non plus. Les fans, qui scandent les paroles à tue-tête, sont aux anges et Alizée semble surprise par le fervent accueil qu'il lui réserve. « Il y a 20 ans je faisais mes premiers pas sur cette scène mythique de l'Olympia. J'y ai créé de jolis souvenirs avec vous, des souvenirs gravés à jamais » confie avec une pointe d'émotion la popstar, avant de détailler le concept inédit de ce double concert : ce sont les fans eux-mêmes qui ont choisi les chansons qu'elle interprétera via un sondage. Pour l'occasion, elle a enrôlé deux choristes et renoué avec trois de ses musiciens historiques : Loïc Pontieux (direction musicale et batterie), Philippe Chayeb dit Fifi (basse) et Olivier Marly (guitare). La boucle est bouclée !
Parler tout bas mais crier tout haut
Pendant 1h40, les tubes qui ont fait sa renommée, principalement issus de ses deux premiers disques "Gourmandises" et "Mes courants électriques" (2003), se mêlent à des titres plus surprenants de son répertoire comme "Mademoiselle Juliette" ou le bonbon "Fifty-Sixty" (2007), "Les collines" (seul rescapé de l'album "Une enfant du siècle"), le très Vanessa paradiesque "À cause de l'automne" (2013) et même "Blonde", titre bubblegum mal-aimé mais au kitsch parfaitement assumé. Bien loin de renier ce titre ayant occasionné le plus gros échec de sa carrière en 2014, Alizée embrase sa folie dans une mise en scène pop scintillante entourée de huit danseurs et danseuses. Car la danse est l'autre passion dévorante de la chanteuse, et il était inconcevable pour elle de ne pas l'intégrer à ce revival.
Sous la supervision de son mari, le chorégraphe Grégoire Lyonnet, Alizée se la joue rebelle sur "J'en ai marre", ose un porté dans les airs, esquisse des pas de tango et offre un ballet langoureux avec le père de sa fille Maggie sur "Lui ou toi". Le spectacle ne repose pas que sur la nostalgie et c'est tant mieux : c'est un vrai show rempli de clins d'oeil (les changements de look, le fameux « mi-coton, mi-laine »...) et d'idées qui fonctionnent. Comme ce tendre moment sur "Parler tout bas", où Alizée s'avance, un ours en peluche, à la main avant d'en distribuer par dizaines à la foule. Ou cette reprise chaloupée de "La Isla Bonita" de Madonna, rythmée par une anecdote savoureuse sur son succès en Amérique du Sud. Des fans mexicains ont même fait le déplacement pour ces 25 ans !
On doit le dire, on en attendait peut-être pas autant d'une artiste restée aussi longtemps éloignée de la scène. Très pro et à l'aise dans l'exercice, Alizée semble sincèrement heureuse derrière son micro au point qu'on se demande pourquoi cet anniversaire n'a pas fait l'objet d'une véritable tournée. À considérer la frénésie déclenchée par les premières secondes de "Moi… Lolita" et "J'ai pas vingt ans", on se dit que le reste de la France aurait elle aussi aimé prendre part à ces réjouissantes festivités. On lance la pétition ?
Setlist du concert d'Alizée
1. L'alizé
2. Hey ! Amigo !
3. Mademoiselle Juliette
4. Toc de mac
5. J'en ai marre
6. Lui ou toi
7. Les collines
8. Blonde
9. Gourmandises
10. Ella, elle l'a (reprise de France Gall)
11. La Isla Bonita (reprise de Madonna)
12. Parler tout bas
13. Moi… Lolita
14. À cause de l'automne
15. J.B.G.
16. Amélie m'a dit
17. Fifty-Sixty
18. C'est trop tard
19. À contre‐courant
20. J'ai pas vingt ans