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mercredi 07 juin 2023 12:07

Prince aurait eu 65 ans : notre classement de ses 5 meilleurs albums (et ses 5 pires)

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Ce mercredi 7 juin, Prince aurait célébré son 65ème anniversaire. A cette occasion, Purecharts a décidé de revenir sur la riche discographie de la popstar américaine à travers ses cinq meilleurs albums... mais aussi les cinq pires !
Crédits photo : Abaca
Ses 5 pires albums

5. "Rave Un2 The Joy Fantastic" (1999)


En 1999, Prince a un seul objectif : revenir au sommet des charts du monde entier après plusieurs années de disette. Ce faisant, il met toutes les chances de son côté pour y arriver : il signe chez Arista Records (label de Carlos Santana et Whitney Houston) et s'entoure d'un casting éclectique mais cinq étoiles allant de Chuck D à Gwen Stefani en passant par Eve ou Sheryl Crow. Las. « Je ne suis pas les modes, elles me suivent » lance-t-il, fier comme un coq, sur le deuxième morceau, l'indescriptible "Undisputed". Finalement, c'est plutôt le contraire qui se produit puisqu'avec cet album, Prince se contente de suivre les tendances du moment. Le rap, le rock ("So Far So Pleased", le duo avec Gwen Stefani ressemblant trop à du No Doubt) et surtout du R&B sirupeux. Beaucoup trop de R&B sirupeux. En résulte un produit un peu foutraque, partant dans tous les sens sans vraiment de cohésion et qui traîne en longueur avec ses 74 minutes au compteur. Si on se serait allègrement passé d'innombrables slows langoureux (jusqu'à l'écoeurement !), quelques titres surnagent comme le sympathique "Baby Knows" ou un "Prettyman" final conviant le funk de James Brown. Largement défendu sur les plateaux de télévision européens, le disque ne sera pourtant pas le succès escompté. A son écoute, on comprend pourquoi.

A écouter d'urgence : l'énergique "Baby Knows"
A zapper : "Silly Game", "The Sun, The Moon, The Stars"... Il y a du choix !




4. "LotusFlower" (2009)


En 2009, Prince voit triple puisqu'il ne sort non pas un mais trois albums réunis dans un même packaging. "Elixer", disque de sa nouvelle protégée Bria Valenta, un "MPLS Sound" aux influences rétro et ce "Lotusflower" qui donne son nom à l'ensemble. D'emblée, le postulat semble clair : ce disque de 12 pistes a été pensé comme un hommage à l'un de ses maîtres, Jimi Hendrix. Le tracklist de cet album, aux accents plutôt rock, renoue d'ailleurs avec l'esprit des 60's en proposant pas moins de trois pistes instrumentales disséminées au début, au milieu et à la fin. Hélas, Prince ne respecte pas sa promesse. Certes, il y a le trio convaincant "Crimson & Clover", "Dreamer" et "Colonized Mind", aux riffs heavy acérés et qui rappellent tout un pan de la scène rock psychédélique des années 60. Mais entre chaque, Prince prend le soin de placer quelques OVNIs : "Boom" et son horrible vocoder, "Love Like Jazz" plutôt smooth et surtout l'inexplicable "77 Beverly Park" qui commence comme un gros titre rock avant de s'envoler en contrées... grecques ! Impossible de le décrire précisément, il faut l'écouter pour le croire.

A écouter d'urgence : "Crimson & Clover"... ah, on me dit dans l'oreillette que c'est une reprise.
A zapper : "77 Beverly Park", sans commentaires.




3. "Musicology" (2004)


Cinq ans après la tentative ratée "Rave Un2 The Joy Fantastic", Prince réussit enfin son défi de revenir commercialement sur le devant de la scène. Avec "Musicology", le ton est donné : le chanteur veut rappeler à la jeune génération ce qu'est la « real music by real musicians ». Ce qui s'entend clairement dans le morceau-titre, formidable revue soul-funk où sont cités James Brown ou Sly & The Family Stone, ses modèles. Sauf que la suite n'est pas vraiment du même acabit, et c'est un euphémisme de le dire. Entre pop poussive ("Cinnamon Girl", "What Do U Want Me 2 Do?") et soul-R&B pompeuse ("Call My Name", un pastiche ?), Prince est en pilotage automatique sur cet album pas très inspiré, dont toutes les chansons traînent en longueur. Pire au niveau des paroles lorsque Prince lance, tel un brouillon qu'il aurait écrit dans son adolescence : « Tu es partie depuis une heure, mais ça fait comme un million de jours ». Sérieusement... Pourtant, l'album sera un énorme succès commercial et accompagné d'une grande tournée nord-américaine très lucrative. Le single-titre et cette série de 88 concerts sont souvent les seules choses qu'on retient de l'ère "Musicology". C'est largement compréhensible...

A écouter d'urgence : "Musicology", très efficace
A zapper : Beaucoup, mais on pointera du doigt "A Million Days" et son texte faiblard




2. "Chaos and Disorder" (1996)


Dans le livret, on pouvait lire que cet album était « initialement destiné à un usage privé ». Il aurait dû le rester. Alors en guerre contre Warner Bros, et s'étant renommé sous son fameux symbol, c'est à contrecœur et pour honorer son contrat avec sa maison de disques que Prince leur livre cet album "Chaos and Disorder", souvent considéré comme l'un des pires (si ce n'est le pire) de sa carrière. Pourtant, ce 18ème album studio était pourtant prometteur sur le papier et annonçait un Prince plus rock et enragé que jamais, certains titres du disque ayant déjà été joués sur scène quelques temps avant sa sortie. Mais il aurait fallu se fier à son titre : "Chaos and Disorder" est un ratage complet dans la discographie princière. Entre sa production boursouflée, ses patchwork douteux (on y trouve des bruits de fête foraine, un raggamuffin...) et sa pochette peu ragoutante, il n'y a pas grand chose à sauver de ce disque, cruellement daté de 1996 et qui a donc terriblement mal vieilli. Mais c'est sans compter sur le savoir faire de Prince qui, au milieu des années 2010, ressortira des cartons le titre "I Like It There" pour des prestations live de haute volée.

A écouter d'urgence : "I Like It There", plutôt intéressant
A zapper : Le reste !




1. "Hit n Run Phase One" (2015)


En 2014, Prince surprend son monde lorsqu'il s'entoure pour la première fois d'un producteur extérieur sur son album "Art Official Age". En l'occurrence Joshua Welton, mari de sa batteuse de l'époque, Hannah Ford. La fine équipe collabore à nouveau un an plus tard pour le meilleur... et surtout pour le pire ! Car "Hit n Run Phase One" est sans conteste le ratage le plus complet de son oeuvre. Déjà entraperçu sur "Art Official Age", le virage EDM pris par Prince fait des ravages sur ce disque, où l'artiste ne se rend pas à quel point il sonne à côté de la plaque. Les sons d'usines de "Fallinlove2nite", "Shut This Down" ou "Hard Rock Lover" font mal aux oreilles et les nombreuses collaborations avec Rita Ora, Lianne La Havas, Zooey Deschanel ou le groupe Curly Fryz font pschitt. On se rattrapera juste aux quelques références faites à ses tubes (des extraits de "1999" et "Let's Go Crazy" au début de l'album) et au plutôt sympathique "1000 X'S & O'S" (datant des années 90, ceci expliquant cela...) , mais ce n'est qu'une goutte d'eau dans un océan de naufrage.

A écouter d'urgence : "1000 X'S & O'S", à la limite...
A zapper : Il y a le choix... Mais le mix sonorités orientales / perceuse électro "Ain't About To Stop" vaut le détour !




Ses 5 meilleurs albums

5. "Hit n Run Phase Two" (2015)


On ne sait pas trop si, comme David Bowie sur "Blackstar", Prince a scénarisé son funeste destin sur "Hit n Run Phase Two", ultime album sorti quatre mois avant sa mort. Mais quel disque final ! Deux mois seulement après l'horripilant électro-dance "Phase 1", Prince finit sa carrière en apothéose avec un deuxième chapitre tel un retour aux sources soul/funk plus classieux que jamais. Ce n'était pas gagné au vu de la tracklist, compilation de titres sortis de façon éparpillée entre 2011 et 2015. Mais le tout est finalement extrêmement lisse et cohérent, chaque piste étant revisitée avec beaucoup de cuivres amenant de la puissance. Ainsi, "Hit N Run Phase Two" multiplie les morceaux de bravoure. La chanson "Baltimore", écrite en réaction au meurtre de Freddie Gray par des policiers, n'est pas aussi naïve que ça, et des titres comme "Big City", "Extraloveable" (dont la première version date de 1982 !), "2Y2D", "Stare" (où sont cités "Kiss" et "Sexy Dancer") ou l'incroyable montée en crescendo de "Groovy Potential" sont autant d'exemples du dernier chapitre formidable d'une oeuvre unique dans l'histoire de la musique. Seul petit bémol ? La présence du titre "Screwdriver", dont la tonalité rock casse la continuité du disque et qui aurait mieux trouvé sa place dans "Plectrum Electrum", opus électrique sorti en 2014.

A écouter d'urgence : "Extraloveable", on n'a pas fait plus funky et soyeux depuis !
A zapper : "Screwdriver", parce qu'elle dénote totalement du reste.

Le player Dailymotion est en train de se charger...



4. "The Gold Experience" (1995)


"The Gold Experience" est souvent vu comme le "Purple Rain" des années 90 : couleur bien mise en avant, hymne rock final bâti pour les stades... En tous cas, il est qualitativement au même niveau. Premier album sorti sous le nom de son symbole, "The Gold Experience" est tout simplement le chef d'oeuvre discographique de cette décennie. Toujours en guerre contre Warner, Prince y puise une force et une fougue hallucinantes pour concevoir un véritable joyau doré. Oui, certains fans hardcore se disent déçus que les versions studios n'atteignent pas la puissance des interprétations live. Mais quand même, "The Gold Experience" est une véritable oeuvre de maître, alternant avec dextérité entre tubes rock ("Endorphinemachine"), expérimentations rap ("P Control", un "Now" totalement dingue), funk incendiaire ("We March", "319") et ballades déchirantes ("Shhh", "I Hate U"). Il se permet même d'y placer son méga tube "The Most Beautiful Girl In The World"... 18 mois après sa sortie en single. Et puis, il y a "Gold", cette symphonie rock pour les stades, tourbillon d'émotion, passant d'un couplet retenu à un solo de guitare explosif en final. Assurément, la chanson la plus puissante de son répertoire. On pourrait juste exprimer une déception au vu de l'absence de "Days of Wild", véritable hymne des concerts de cette époque qui, après des années d'attente, sortira officiellement en catimini sur la compilation "Crystal Ball" en 1998.

A écouter d'urgence : "Gold", assurément le plus beau titre de Prince !
A zapper : "Dolphin", comment dire...




3. "1999" (1982)


"1999" est à Prince ce que "Nebraska" est pour Bruce Springsteen ou "The Unforgettable Fire" pour U2. L'album d'avant. Celui qui précède l'explosion au niveau mondial, mais où tout est déjà là. Inspiré par le futur dystopique du film "Blade Runner", Prince propose une véritable synthèse de son son et creé véritablement le "Minneapolis Sound" avec cette funk gorgée de synthés et de boîtes à rythmes reconnaissables entre mille. S'ouvrant sur les trois singles à succès "1999", "Little Red Corvette" et "Delirious", ce véritable travail d'orfèvre pop continent une pépite à chaque piste. Comment ne pas remuer le bassin à l'écoute des suaves "Let's Pretend We're Married", "DMSR", "Lady Cab Driver" ou "Automatic", étirées dans des versions ultra longues entre 7 et 9 minutes ? Publié quelques semaines avant "Thriller" de Michael Jackson, "1999" ouvrira tout de même à Prince les portes d'un succès tout d'abord national avant de devenir planétaire. Petit indice, la pochette couleur purple de "1999" préfigure la pluie, de la même couleur, à venir en 1984...

A écouter d'urgence : "Automatic" : new-wave, funky et délicieusement sexy !
A zapper : "International Lover", ballade finale oubliable




2. "Purple Rain" (1984)


Comme pour Depeche Mode avec "Violator", classer "Purple Rain" à la première place aurait été trop évident. Toutefois, impossible de nier l'énorme impact et surtout la perfection du plus cultissime des disques de Prince. C'est bien simple : il n'y a pas une seconde à jeter de ce classique de la pop qui, 39 ans après sa sortie, se réécoute avec un plaisir non feint et en découvrant à chaque fois de nouvelles choses. L'ouverture messianique "Let's Go Crazy", la pop lumineuse de "Take Me With U", le déchirant "The Beautiful Ones", l'inclassable "When Doves Cry", le festif "I Would Die 4 U" et bien évidemment l'hymne de tous les hymnes : "Purple Rain". Chaque titre a été conçu pour devenir un classique et l'a immédiatement été. Depuis sa sortie, ils sont plus de 25 millions à s'être baignés dans cette pluie pourpre, qui tombe aussi bien à Minneapolis que dans le reste du monde.

A écouter d'urgence : "Let's Go Crazy", une des plus grandes ouvertures d'album
A zapper : On cherche encore...




1. "Sign 'O' The Times" (1987)


Peut-il en être autrement ? Depuis plus de 35 ans, il trône en tête de la majorité des classements des albums de Prince et ce n'est pas un hasard. Fruit de trois projets avortés ("Dream Factory", "Camille", "Crystall Ball"), "Sign 'O' The Times" marque une rupture dans la discographie de Prince. Après le baroque "Parade" (contenant le tube "Kiss"), Prince retrouve une forme de noirceur et de solitude (il n'est plus avec le groupe The Revolution) que l'on retrouve dès les premières mesures syncopées du morceau-titre, un des 16 monuments de ce double-album conçu comme un véritable grand huit. Le funk-rap saccadé de "Housequake" et "Hot Thing" se confronte au rock électrisant de "I Could Never Take The Place of Your Man" ou "U Got The Look", à la pop plus lumineuse de "Play in the Sunshine" et "Strange Relationship" ou au gospel de "Forever In My Life", tous avec des instrumentations minimalistes. Il faudra attendre la fin de l'album pour que le côté organique et humain revienne sur le devant de la scène avec l'énorme jam orgasmique "It's Gonna Be A Beautiful Night" (enregistré au Zénith de Paris en 1986) et la ballade langoureuse "Adore". Un chef d'oeuvre, on vous dit !

A écouter d'urgence : "Strange Relationship", prodigieusement mélodique
A zapper : "It", à choisir...

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