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OneRepublic en interview : "Mon but est de faire durer le groupe pendant 20 ans"

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
OneRepublic fait sa rentrée avec son nouvel album "Human", sorti après deux ans de report. Ryan Tedder nous explique sa naissance après une période de dépression et son point de vue sur l'industrie musicale post-Covid en tant que producteur de renom. Rapide discussion zoomée avec le leader du groupe.
Crédits photo : Polydor
Propos recueillis par Théau Berthelot.

Votre album "Human" est sorti il y a un peu plus d'un mois : comment vivez-vous son accueil ?
Très bien ! [Il répond en français]. Vous savez, c'est une période différente aujourd'hui. On avait sorti pratiquement la moitié des chansons avant que le disque ne sorte à cause du streaming, parce que c'est comme ça que se font les choses aujourd'hui. Je suis vraiment touché par l'accueil du public. Il s'est déjà vendu à près d'un million et demi d'exemplaires, et comme aujourd'hui on peut se dire que personne ne veut sortir d'album ou en écouter, je suis vraiment heureux de la façon dont il se débrouille dans les charts, de la réaction des fans. Pour être honnête, on est déjà concentré sur le prochain album depuis environ six mois parce que "Human" aurait dû sortir en mars 2020. On l'a décalé en mai 2020, mais la pandémie est arrivée. Ce qui est drôle, ce que l'album aurait dû sortir la semaine du 11-12-13 mars quand la pandémie a vraiment frappé le monde entier, et ça aurait été un désastre. Mais on a eu tellement de temps devant nous qu'on a commencé à travailler sur 6 ou 7 nouvelles chansons. On a changé un peu de son, pour aller dans une autre direction, et je suis vraiment impatient que ça sorte...

J'ai l'impression d'avoir été un hamster dans sa roue
J'imagine que ça doit être un soulagement d'enfin le sortir, deux ans après le premier single et de multiples reports !
C'est un grand soulagement, c'est comme si on se libérait d'un grand fardeau. On a travaillé dessus dans le monde entier. Par exemple, j'étais à Paris en mars 2020. Il y a une chanson sur l'album qui s'appelle "Distance" et on l'a enregistrée à Paris, j'ai oublié le nom du studio mais c'est dans le Quartier Latin... [Il réfléchit] Saint-Germain-des-Prés ! C'était un magnifique studio et c'est là qu'on a enregistré la chanson. On pensait que ça allait être la dernière chanson, on se dépêchait de finir l'album car on devait le sortir la semaine suivante. On a finit "Distance" et on s'est dit : "C'est bon c'est fini !". Mais il y a eu la pandémie... C'est la vie ! [en français].

Avez-vous pensé à tout jeter et à tout recommencer pendant la crise sanitaire ?
Non, pas vraiment... Dans nos esprits, on s'est plutôt dit durant la pandémie : "Comment améliorer cet album ? Comment on peut le rendre meilleur musicalement et thématiquement ?". On s'est débarassé de trois-quatre chansons pour en mettre trois-quatre nouvelles à la place, dont "Run" et "Someday". Ce sont les seuls changements qu'on a fait. C'est un album qui sonne très OneRepublic, et je suis très excité par le prochain chapitre car je suis prêt à aller ailleurs, musicalement parlant. On va vraiment dans une autre direction et c'est ça qui me plaît.

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J'ai lu que c'était l'album le plus difficile à faire dans votre carrière. Dans quel sens ?
Ça a été le plus dur car après "Oh My My", j'ai pris 18 mois de repos, loin de OneRepublic, mis à part quelques petites tournées. J'ai vraiment pris du temps pour moi et il a fallu attendre 2019 pour que j'ai à nouveau envie de faire des chansons avec OneRepublic. Quand tu signes un contrat avec une maison de disques et que tu as un succès avec ton premier album, c'est comme si tu te disais : "Ok, je dois faire ça comme une machine, je n'ai aucune autre option". On a gagné à la loterie, on a eu tellement de chance que nos premières chansons marchent autant. J'ai l'impression d'avoir été un hamster dans sa roue. Une fois que tu es dans cette roue, ça peut détruire des artistes. Vous savez, j'ai lu des interviews de Lady Gaga, qui était complètement détruite après avoir enchaîné albums et tournées... Les Beatles se sont séparés parce que c'était trop ! Le cercle entre albums et tournées peut mener de nombreux artistes à consommer de la drogue, à boire beaucoup d'alcool... Tu es absent la plupart du temps, tu n'es pas entouré par ta famille ou tes amis... Je me suis moi-même retrouvé dans cette roue du hamster en 2016, 2017. Je faisais ça depuis 10 ans et prendre du temps pour soi en 2017 et 2018, ça a été énorme. En 2019, c'était dur parce que j'ai commencé à replonger dans les chansons de chaque album et je me suis dit : "J'ai dit tellement de choses". C'est une chose bizarre à dire pour beaucoup d'artistes.

A un moment, je pensais vraiment être fini
Vous avez eu peur de ce constat ?
En 2016, je pensais vraiment être fini. A ce moment-là, je me suis dit : "Je suis fatigué, j'ai dit tout ce que j'avais à dire". On a fait des tournées dans le monde entier, cinq ou six fois, et je me suis extrêmement amusé. Mais je dois vivre ma vie pour avoir des choses à dire. Le danger, pour un artiste, c'est que tu répètes les mêmes choses, les mêmes thématiques encore et encore, parce que c'est quelque chose que tu maîtrises bien... C'est comme une recette que tu aurais apprise par coeur. Et je ne veux plus jamais être dans cette position. Je veux seulement écrire des chansons quand je suis inspiré, sortir de la musique si je sais que c'est neuf et différent. Et il n'y a pas beaucoup de gens qui écrivent pour nous. Beaucoup d'artistes pop écrivent ou co-écrivent avec énormément d'auteurs, ils ont tout le temps des sessions, mais ce n'est pas notre cas. Tous les thèmes, les paroles des chansons me tombent dessus et ça me rend dingue car je veux juste être orignal. On veut se réinventer à chaque album et c'est tellement dur à faire. "Human" était donc difficile à faire pour toutes ces raisons.

Le danger d'un artiste, c'est de répéter les mêmes choses
Du coup, on peut dire que l'écriture de ce nouvel album vous a permis de guérir !
C'est le cas ! Mon but est de faire durer le groupe pendant 20 ans. Le Covid nous en a déjà enlevé deux. (Rires) On a véritablement existé de 2007 à 2017, puis j'ai pris pratiquement deux ans de pause, et le Covid a frappé donc on a encore perdu deux ans. Je ne peux pas dire précisément où on est sur les 20 ans, mais probablement autour de la 11ème ou 12ème année, si je calcule bien. Je pense avoir encore huit ou neuf années durant lesquelles je serais excité à l'idée de me réinventer. Vous savez, il y a pas mal de groupes ou d'artistes qui ressentent le besoin de s'accrocher à ça et qui se disent : "Je ne peux pas ne pas jouer dans des stades, comme le Stade de France". Moi je n'ai pas ça. Je suis ami avec d'énormes artistes, comme Bon Jovi qui est un mec adorable. Il joue dans des stades depuis 25 ans, il veut même donner un concert sur la Lune ! (Rires) Je n'ai pas ça en moi et je n'ai jamais eu ça. Mais j'aime voyager, 50% de mon plaisir dans le groupe, c'est d'être capable de voyager et c'est ce que je préfère. J'ai toujours voulu avoir un job et gagner ma vie en pouvant voyager et voir Paris deux fois par an, par exemple. Pour moi, pouvoir faire ça est une victoire. Je peux venir dans votre pays, faire des concerts et avoir une connexion avec des humains dans des salles gigantesques. Pour moi, c'est une grande victoire et je veux continuer ça jusqu'à ce que ça ne m'amuse plus.



Ryan, vous êtes aussi connu pour être un producteur de renom pour Adele, Beyoncé, U2, Ed Sheeran.... Comment choisissez-vous les artistes avec qui vous travaillez : au nom ou au coup de coeur ?
Je dois soit aimer ce qu'ils font musicalement ou parfois je travaille avec un artiste avec lequel je me lance un défi. Il m'arrive de travailler avec des artistes dont je n'aime pas la musique qu'ils sortent mais plutôt la voix, et je veux voir si j'arrive à écrire des chansons que je voudrais les entendre chanter. C'est peut-être étrange mais c'est quelque chose que j'ai déjà fait. Mais le plus souvent, je dois y croire, aimer leurs voix et aimer le challenge que ça procure. Adele c'était évident parce que c'est une chanteuse phénoménale. Là, je travaille avec Lil Nas X. Avec quelques amis, on a produit son dernier single "Thats What I Want". Et on va se revoir en studio tout à l'heure. J'adore ce qu'il fait et ce qu'il représente, culturellement parlant. Je travaille aussi avec Celeste...

J'adorerais écrire pour Justin Bieber
Et sur le prochain album d'Adele ?
(Il rigole) Je ne peux pas parler d'Adele... Mais je travaille aussi avec SG Lewis et Lewis Capaldi, quatre ou cinq fois ces dernières semaines... Oh mon Dieu, en vrai ces dernières semaines ont été tellement chargées. J'adorerais écrire pour Justin Bieber. Il a une voix géniale mais c'est surtout le défi qui m'intéresse. Tout le monde voudrait écrire un single pour Justin Bieber car c'est le plus gros artiste masculin dans le monde. Ça augmente les chances de voir tes chansons être écoutées. Pour moi, c'est là où réside le challenge : est-ce que je peux écrire LA chanson qu'il pourrait choisir en single ? J'adore écrire, mec, je fais ça cinq jours par semaine. J'essaie de faire une chanson par jour. C'est quelque chose qui dirige ma carrière. Mais aujourd'hui, je commence à dire plus souvent "non" que "oui" sur certains projets d'artistes, parce que la vie est trop courte et que je ne veux pas perdre de temps...

En tant que producteur mais aussi leader de groupe, comment appréhendez-vous les prochaines années pour l'industrie musicale ? Les choses vont-elles revenir à la normale ou être définitivement différentes de ce qu'on a connu ?
On a une phrase en Amérique qui dit "crawl, walk, run" [rampe, marche, cours, nldr]. Je pense qu'en ce moment, c'est en train de "ramper", ça revient petit à petit. Début 2022, l'industrie musicale va pouvoir remarcher et je pense qu'en 2023, ça va revenir à la normale. Je pense qu'au niveau mondial, l'industrie musicale ne reviendra pas à la normale avant 2023. Je pourrais parier de l'argent dessus. Il y a toujours des pays où les gens ne peuvent pas se ressembler. Par exemple, on ne peut pas jouer en Asie, en Nouvelle-Zélande...

Tout n'est pas revenu à la normale en Nouvelle-Zélande ? Ils ont pourtant fait un concert géant avec 50.000 personnes sans masques...
Ils réouvrent mais il y a toujours des limitations de jauges. On aurait dû être en Europe en ce moment pour jouer. On a dû annuler un concert à Budapest à cause des restrictions sanitaires, on a perdu un festival à Porto, au Portugal. A la dernière minute, le gouvernement portugais a demandé à tous les spectateurs aux portes du concert de payer une vingtaine d'euros pour se faire tester. On ne pouvait pas dire à 15.000 personnes de venir sans leur dire ça, donc on a perdu ce concert. On ne peut même pas aller en Europe pour faire des concerts. Donc je pense qu'on devra attendre encore un an de plus avant que tout ne revienne à la normale.
Pour en savoir plus, visitez onerepublic.net et la page Facebook du groupe.
Ecoutez et/ou téléchargez la discographie de OneRepublic sur Pure Charts.

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