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« Je la connaissais pas trop au départ quand on m'en avait parlé puis j'ai enquêté. J'ai bien aimé ses titres. Dans le courant de l'année, nous avons commencé à discuter par mails. On a décidé de faire un titre ensemble. J'aime vraiment bien ce qu'elle fait » avait déclaré Booba l'an dernier, confirmant l'enregistrement d'un duo avec Christine and the Queens. Depuis, le rappeur et la chanteuse de "Saint Claude" ont été aperçus sur la plage de Trouville, en Normandie, pour le tournage de leur clip. La vidéo de "Here" a finalement été mise en ligne cette semaine, déchaînant les critiques. De nombreux internautes n'ont pas compris pourquoi Christine and the Queens avait collaboré avec Booba, souvent pointé du doigt pour ses paroles violentes ou misogynes.

"C'est une chanson de survivant"

Face à ce déferlement de haine, Christine and the Queens a décidé de publier un long message sur Facebook pour expliquer sa démarche. « Je suis venue vers Booba avec cette chanson, qui est comme je l’ai dit, une chanson de survivant. Nos trajectoires se croisent, car il y a effectivement un recoupement très important : la colère, le verbe, nous sommes tous les deux dedans » a-t-elle expliqué. La chanteuse le martèle depuis le début de sa carrière : elle veut faire changer les choses, brouiller les pistes, mélanger les genres. « Si je ne suis brusquement plus respectable après l'avoir invité lui, alors je préfère attendre de gagner le respect en continuant à faire bouger les lignes » a-t-elle soutenu dans son post.

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"Je nous aime bien ensemble"

Pour Christine and the Queens, son univers et celui de Booba « ne s'annulent pas », au contraire : « C'est une féministe qui a écouté "Temps mort" (album de Booba, ndlr), c'est un rappeur qui a sorti un titre zouk ("Validée", ndlr) l'année dernière ». Consciente et fière de ses contradictions, Christine and the Queens reste accrochée à ses « convictions profondes » : « J'aimais déjà les textes de Kanye et Booba quand j'ai écrit "Chaleur humaine" ; et c'est pour l'amour de la punchline que j'ai fait mon make-up au mercurochrome ». Pour l'interprète de "Christine", Booba « s'est vengé en se construisant un empire, il a la métaphore crue qui déverrouille ». « Je nous aime bien ensemble, sans renoncer à rien » a-t-elle souligné.

"Je vais continuer de provoquer des rencontres inattendues"

Et ce duo avec Booba ne sera pas le dernier d'une longue série de « rencontres inattendues » a prévenu Christine and the Queens : « Je considère que la production musicale française devrait être un territoire plus accueillant que le nôtre. Je ne crains pas l’impureté du mélange - justement parce que je suis de culture queer. Ce qui m'effraie, en revanche, c'est que la culture du rap soit encore aussi méconnue en France, et qu'une collaboration comme la nôtre puisse encore paraître absurde ».

Pour elle, « c'est une rencontre surréaliste » : « nos deux voix se marient curieusement pour finalement se répondre, comme un cadavre exquis. Voilà deux survivants, très différents sur la même bagnole, à l'heure même où l’on choisit de voter sur qui faire partir d’ici, et qui tolérer encore. Plaira, plaira pas, c’est l’affaire de chacun et je le respecte. Mais que ceux qui m’accusent (violemment, et sans nuances) de renoncer à tout ce qui fait la force et le courage de mon personnage regardent une nouvelle fois le clip : il n’y a ici que Christine, qui lutte et lutte encore ».

Découvrez "Here", le nouveau clip de Booba et Christine and the Queens :