Amel Bent

Pochette de Minuit une
Forte du succès de "Vivante", qui s'est écoulé à plus de 50.000 exemplaires et a donné naissance à deux tubes certifiés diamant, Amel Bent aurait pu revenir avec un album opportuniste, afin de battre le fer tant qu'il est chaud. Pour son huitième disque studio "Minuit une", dont elle est la productrice, la chanteuse a préféré miser sur l'authenticité et raconter une histoire. La sienne. À l'origine, ce projet ne devait pas du tout prendre cette teinte nocturne et intime. En effet, après cette ère qui l'a faite renouer avec les radios, les médias et le grand public, l'artiste se trouvait dans une énergie positive et était prête à retourner en studio, animée par cette étincelle. Sauf que sa grand-mère s'est éteinte, et la flamme qui brûle en Amel avec. Après avoir encaissé le choc et pris du recul pour vivre son deuil, la chanteuse a sorti la tête de l'eau, ayant besoin de retourner aux origines sur ses nouvelles chansons. C'est ainsi qu'est né "Minuit une".

Amel Bent passe de l'ombre à la lumière

À la première écoute, l'album peut paraître décousu car trop multiple, entre chanson française, sonorités orientales, pop, 80's, rock ou "urbaines", alternant les moods et donc les univers. Finalement, quand on déroule les 11 chansons du projet et qu'on comprend sa ligne narrative, tout fait sens. L'album commence à 00h01 avec le très sombre "Décharge mentale", où Amel Bent pose ses tripes sur la table pour balancer tous ses complexes, ses peurs, ses douleurs, et se termine au petit matin (« 8h du mat’ c’est déjà demain ») sur "Le sas" et sa vibe funky. Ainsi, la chanteuse nous invite à partager une nuit au sein de ses tourments, enchaînant un tas de réflexions et donc de sentiments différents.

A LIRE - Amel Bent en interview : "A cause des chiffres, on ne juge plus la qualité"

Passant de l'ombre à la lumière en un claquement de doigts, Amel Bent se fait solaire quand elle regarde la nouvelle génération et se voit en miroir sur le dansant "Comme je veux", porté par un phrasé à la Stromae. Marquée par le deuil, l'artiste transforme l'épreuve et offre en contre-pied un hymne gorgé d'amour et de soleil à sa "Mima", replongeant dans ses origines algériennes. Un phare dans la nuit. Elle fait aussi la paix avec sa mélancolie sur le radiophonique mais classique "Triste", écrit avec Vianney et Vitaa, et dont la production signée Renaud Rebillaud sonne comme du déjà entendu.



S'entourant de la jeune garde avec les prodiges Susanoô ou Nadjee sur des duos particulièrement réussis ("Personne" en première ligne), Amel Bent atteint son climax en ouvrant sa part sombre sur l'électrisant "Sous l'eau", qui fera sensation en live. Une claque. Mais c'est sur les ballades de l'album qu'Amel Bent brille au firmament. Comment ne pas frissonner à l'écoute du single potentiel "Pourquoi tu restes", doté d'un refrain à fleur de peau qui serre le coeur dès la première écoute ? Impossible de ne pas être saisi par le piano-voix "Mauvais rôle", où la plume de Slimane fait des merveilles alors que la chanteuse s'adresse à sa maman avec des paroles touchantes mais directes, désarmantes de sincérité. Le grand moment de ce disque. Sur "La norme", prenant la forme d'une comptine, Amel Bent se fait plus douce en parlant à coeur ouvert à ses filles puis à son fils en se livrant sur sa propre expérience avec une vulnérabilité rare.