Il se cachait derrière ce tube mondialement célèbre des années 70 : cet artiste s'en est allé
Le monde de la musique perd l'un de ses compositeurs phares. Âgé de 94 ans, l'artiste belge Leo Caerts se cachait derrière un véritable hymne international : "Eviva Espana", devenu incontournable dans la culture sportive espagnole.

Bestimage
Il était âgé de 94 ans et si son nom n'était pas très connu du grand public, on lui doit une chanson emblématique des plus grands événements sportifs. Le producteur et compositeur belge Leo Caerts est décédé le samedi 11 octobre, comme sa famille l'a annoncé via le site internet du magasin de musique qu'ils avaient fondé ensemble. « Fondateur du magasin de musique Leo Caerts, musicien, compositeur, entrepreneur, citoyen d'honneur de Madrid, mais surtout notre père et notre grand-père » est-il écrit en légende d'une photographie de celui qui a donné son nom à cette boutique d'instruments de musique établie à Louvain, en région flamande.

"Elle a changé ma vie à jamais"

Le rapport entre Leonardus Caerts, né le 15 février 1931 à Heppen, et la ville de Madrid ? Un titre entré dans l'histoire : "Eviva España". Maçon de profession, Leo, également surnommé Nar par ses proches, était un multi-instrumentiste capable de jouer du piano, de l'accordéon et du trombone. Des facultés qui l'amenèrent à devenir chef d'orchestre pour Will Tura, l'un des artistes flamands les plus célèbres et populaires du 20ème siècle. Avec lui, il joua dans l'émission "Tienerklanken", parcouru le pays et se mit à l'écriture et la composition en 1968 avec "Viva El Amor". Il écrira des titres pour divers vedettes des années 70 comme Peggy, Rita Deneve ou Marva, mais c'est bien "Eviva España", dont il signe la mélodie, qui le couvrit de gloire en 1971.

Avec des paroles écrites par Leo Rozenstraten, le morceau fut d'abord interprété par la chanteuse belge Samantha avant de s'exporter dans le monde entier. On compte plus de 400 reprises et interprètes dans toutes les langues, y compris en français par Georgette Plana (disparue en 2013), tandis que ses ventes sont estimées à plus de 40 millions d'exemplaires ! La version espagnole, traduite par le diplomate Manuel de Gómez mais popularisée en 1973 par Manolo Escobar, reste pourtant la plus populaire. Elle a traversé le temps et les générations grâce à son adoption par les supporters de football. En Espagne, la chanson est scandée à chaque événement sportif comme un hymne, et tout le monde en connaît les paroles par coeur... qui ont pourtant dû être adaptées. "Eviva" n'étant pas un mot correct dans la langue de Cervantes, le titre fut donc corrigé en "Y Viva España". Et le reste appartient à l'histoire.

Au regard de son impact culturel, Leo Caerts a donc été fait citoyen d'honneur de la ville de Madrid, la capitale de l'Espagne, et sa disparition fait les gros titres de la presse ibérique. « Parfois, on fait quelque chose qui change notre vie à jamais. Dans mon cas, c'était cette chanson » racontait-il en 2020 à El Mondo.

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.