Crédits photo : Abaca
C'est officiel depuis quelques semaines : un biopic sur Michael Jackson verra bientôt le jour. Antoine Fuqua ("Training Day", "Equalizer") sera à la réalisation de cette adaptation de la vie complexe du Roi de la pop tandis que Jaafar Jackson, le neveu du chanteur, aura la lourde tâche de l'incarner dans ce film qui retracera la carrière aussi incroyable qu'inégalée de la superstar disparue en 2009. Si les détails autour de ce biopic restent encore flous, Hollywood Reporter rapporte que selon Lionsgate, le distributeur du film, celui-ci « va évoquer tous les aspects de sa vie, même s'il n'est pas dit comment le film va aborder les nombreuses polémiques, étant donné que le film est réalisé en association avec son Estate, qui l'a défendu contre des accusations d'abus sexuels sur des enfants ».

"Une absence totale d'indignation"

Un aspect décrit comme « un gentil lever de sourcil » par Dan Reed. Dans une tribune partagée par le Guardian, le réalisateur de "Leaving Neverland", le documentaire polémique dans lequel deux hommes accusent Michael Jackson d'agressions sexuelles durant leur jeunesse, se dit offensé par la mise en chantier de ce biopic. Pour lui, il existe « un silence assourdissant » général autour de Michael Jackson : « Personne ne parle d'annuler ce film, qui glorifie un homme qui a violé des enfants ». Rappelant « qu'une femme sur quatre et un homme sur six aux Etats-Unis ont été agressés sexuellement quand ils étaient mineurs », Dan Reed précise que les survivants de ces abus sexuels « sont un groupe très grand et très vulnérable mais, pour la plupart, ils restent silencieux ».

Il prend ainsi pour exemple Wade Robson, un des deux protagonistes et accusateurs du documentaire "Leaving Neverland", et rappelle le côté « prédateur » de la proie sur sa victime qui va couvrir les agissements de son agresseur : « Robson est devenu un témoin clé de la défense lors du procès pour abus sexuel sur mineur de Michael Jackson en 2005 et a joué un rôle déterminant dans son acquittement. Le jury a cru Robson et a jugé le chanteur non coupable. Aujourd'hui, il avoue qu'il a menti à la cour pour protéger son mentor et agresseur ». Pour Dan Reed, « l'absence totale d'indignation » autour de l'annonce de ce film indique que « le pouvoir de séduction de Michael Jackson est toujours aussi fort, même d'outre-tombe » : « Il semble que la presse, ses fans et le vaste groupe démographique qui aime Michael Jackson sont capables de mettre de côté ses relations malsaines avec des enfants pour juste aimer la musique ».

"Ce n'est en aucune façon acceptable"

A ceux-ci, Dan Reed pose une question : « Comment expliquez-vous le fait incontesté que, pendant des années, Michael Jackson passait d'innombrables nuits seul dans son lit avec de jeunes garçons ? Que faisait-il avec eux, seul dans sa chambre de Neverland, avec des alarmes dans le corridor ? Ce n'est en aucune façon acceptable ». Avant de se tourner vers le réalisateur du film : « Comment allez-vous représenter ce moment où Jackson, un homme adulte d'une trentaine d'années, prend un enfant par la main et l'emmène dans sa chambre ? Comment allez-vous décrire ce qu'il se passe ensuite ? ». Il conclut en disant qu'en « éludant la question de la prédilection de Jackson à coucher avec de jeunes garçons », ceux-ci partagent « un message à des millions de survivants d'abus sexuels en tant qu'enfants » : « Si un pédophile est riche et assez populaire, la société va le pardonner ».