Anthony Bouin / Basique
C'est le point culminant d'une carrière et même le Graal d'une vie pour certains. Jouer au Stade de France, la plus grande enceinte du territoire français, a toujours revêtu une portée symbolique dans le monde artistique. Le public a encore des étoiles plein les yeux à l'évocation des concerts mythiques qu'ont donné Céline Dion, Johnny Hallyday, Mylène Farmer mais aussi Indochine, BTS, Coldplay ou Beyoncé, qui vient d'y battre plusieurs records, dans l'arène de Saint-Denis ! 13 années et 6 albums auront été nécessaires à Imagine Dragons pour atteindre un seuil de popularité suffisamment fort pour remplir les 80.000 places du Stade de France. Et durant deux soirs d'affilée, s'il vous plaît. Dimanche, sous un ciel nuageux et parsemé de quelques pluies, le groupe américain a le droit à une chaleureuse ovation au moment de faire son entrée sur scène. Une arrivée sobre, devant un mur d'écrans baigné d'un blanc lumineux, à l'image du concert qui a suivi, qui a quelque peu manqué d'ambitions scéniques.
Dan Reynolds impérial
Ne nous y trompons pas : Dan Reynolds et ses comparses, Ben McKee à la basse, Wayne Sermon à la guitare, maîtrisent leur sujet ! Les riffs acérés des "Thunder" et autres "Bones", lâchés en début de show, créent des ondes de choc sismiques parmi la foule, arrosée par des confettis de toutes les couleurs, des jets de flammes et des explosions pyrotechniques déployés par quatre tours longilignes surplombant l'assistance. L'impact est d'autant plus percutant que Dan Reynolds, en débardeur blanc, multiplie les allers et retours sur la pointe de l'avant-scène en courant et en sautant comme monté sur des ressorts. D'une main, il déclenche des vagues de mains levées qui se répercutent jusqu'au fin fond du stade. De sa voix, il arrache des frissons lorsqu'il clame sa rage de vivre, avec autorité et puissance, sur "I'm So Sorry", "Whatever It Takes", l'imparable "Radioactive" - offert en milieu de set - ou "Bad Liar", au refrain déchirant. Sa présence en impose, et pas seulement pour son physique entretenu à la salle de sport : le rockeur n'est jamais dans l'économie, et sa générosité constitue véritablement le coeur névralgique du spectacle.
Bien qu'un peu court, le traditionnel set acoustique montre bien que sans artifice, Imagine Dragons sait toucher la corde sensible pour composer un feu d'artifice émotionnel. Voir un Dan Reynolds au bord des larmes scander "Next to Me", les doigts agrippés à un drapeau français, restera à coup sûr gravé dans la mémoire des fans.
Des oublis difficilement pardonnables
Seulement, pour un concert au Stade de France, on aurait aimé que le show prenne un peu plus d'envergure. Les effets de modélisation en 3D somptueux qui font jaillir des mains du cosmos sont trop rarement présents, laissant place à de simples filtres graphiques pas toujours du plus bel effet. Aucune idée de scénographie ne se matérialise pendant le concert, qui repose presque exclusivement sur le charisme de Dan Reynolds. Est-ce bien suffisant ? Pas toujours car du côté de la setlist également, quelques étrangetés sont à relever. En lieu et place des titres confidentiels "Fire in These Hills" et "Walking the Wire" ou de "Shots", proposé sous la forme d'un curieux remix électro, où sont les tubes "On Top Of The World", "It's Time", "Follow You" et, encore moins compréhensible, "Eyes Closed", single fer de lance de l'ère "Loom" qui donne son nom à la tournée ?
Les choix opérés sont discutables, le mixage sonore aussi, et l'on repart inévitablement du stade avec une pointe de frustration, en se disant que le concert aurait gagné à ressembler à un best of commémoratif plutôt qu'à une simple date au cours d'une tournée. Pas de quoi, heureusement, entacher les précieux souvenirs de la communion palpable, presque indescriptible, désormais tissée entre le groupe de rock de Las Vegas et le public français. À la prochaine !
Setlist du concert d'Imagine Dragons
Fire in These Hills
Thunder
Bones
Take Me to the Beach
Shots (Broiler Remix)
I'm So Sorry
Whatever It Takes
Next to Me
Waves
I Bet My Life
Bad Liar
Wake Up
Radioactive
Demons
Natural
Walking the Wire
Sharks
Enemy
In Your Corner
Birds
Believer