"Du pâté dans les oreilles" : Thomas Dutronc tacle les artistes qui ne connaissent pas Françoise Hardy
Alors que sort un coffret autour des premières années de Françoise Hardy, son fils Thomas Dutronc, gardien de sa mémoire, déplore qu'une partie de la jeune génération d'artistes ne connaisse pas l'oeuvre de l'icône : "Elle avait une place unique dans le paysage".

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Le 11 juin 2024, les souffrances de Françoise Hardy prenaient fin après des années à subir les affres de la maladie. Un triste anniversaire adouci par la parution du coffret "Françoise Hardy Blues : Intégrale Vogue 1962-1967", consacré à ses premières années de succès. Fin connaisseur de son répertoire, Etienne Daho a supervisé la remasterisation de 217 morceaux, dont 31 rares ou inédits. « Travailler avec Étienne a été assez idéal parce que nous avons pris toutes les décisions ensemble. Ça lui plaît beaucoup de rendre hommage à cette artiste qu'il aime tendrement et considère comme la plus grande. Il en est vraiment raide dingue » souligne dans les colonnes du Figaro Thomas Dutronc, le fils que Françoise Hardy a eu avec Jacques Dutronc, qui possède un droit de regard sur les projets liés à l'icône.

"Ils ne savaient pas du tout qui étaient mes parents"

Et Thomas Dutronc se félicite d'avoir déniché dans cette malle aux trésors de véritables pépites. « Ma mère nous interdisait d'écouter à la maison les disques de sa première période. J'ai toujours été inquiet d'y trouver des trucs pas terribles. Alors que c'est fabuleux ! Un peu kitsch sur les bords, mais il y a plein de titres bourrés d'émotion, qui sont assez fantastiques. Elle était vraiment trop dure avec elle-même » estime le musicien, touché par l'émotion unanime suscitée par la disparition de Françoise Hardy. « Cet engouement m'a cueilli. Je ne pensais pas que ce serait aussi international. Je m'attendais à quelque chose en France et j'ai été ému par les gens qui se sont déplacés pour ses obsèques au Père-Lachaise. (...) Les gens, quand ils aiment une chanson, ils aiment l'artiste et ne font pas la différence entre l'œuvre et la personne, ils donnent tout leur coeur. Ils ne pouvaient pas le savoir, mais ma mère se donnait tellement de peine pour faire de son mieux. Elle a travaillé comme un moine dans sa cellule » tient-il à rappeler.

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Pour autant, le chanteur de 52 ans déplore une certaine forme de méconnaissance de l'oeuvre essentielle de François Hardy, l'une des rares auteures-compositrices et interprètes des années 60 et dont les chansons ont bercé le public pendant plus de 50 ans. Notamment de la part d'une frange de la jeune génération d'artistes... « Je me suis rendu récemment à une remise de prix de la Sacem. Dans les coulisses, j'étais avec des rappeurs, sympathiques au demeurant, mais qui ne savaient pas du tout qui étaient mes parents. Ça ne m'a pas surpris tant que ça » grimace Thomas Dutronc, un peu décontenancé : « Les mecs ne connaissaient ni "Tous les garçons et les filles", ni "Mon amie la rose". Il y a des gens qui ont du pâté dans les oreilles ».



L'interprète de "Dans tes yeux" le reconnaît néanmoins, Françoise Hardy détestait qu'on la présente comme un modèle. « Maman n'aimait pas qu'on dise qu'elle était une des plus grandes artistes françaises. Mais sa voix et la qualité de ses chansons lui donnent une place unique dans le paysage, et j'en suis fier » assure Thomas Dutronc, ravi de « constater qu'à l'étranger, un auditeur sur deux a moins de 35 ans » : « Ses chansons réalisent un stream sur deux en dehors de la France. C'est extraordinaire ! ».

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
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