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Ne plus se taire face à l'homophobie. Lundi soir au tribunal correctionnel de Paris, Eddy de Pretty a fait face aux 17 personnes jugées pour des faits de harcèlement contre sa personne, à la suite d'une performance artistique donnée le 17 juin 2021 dans l'église Saint-Eustache, à Paris, dans le cadre du festival "Qui va piano va sano". Artiste engagé, le chanteur de 29 ans avait souhaité envoyer un message fort en interprétant "A quoi bon", un texte de son deuxième album "A tous les bâtards" dans lequel il confronte ses interrogations sur sa sexualité et la religion. « Si vous voulez m'entendre chanter "sodomite" dans une église c'est en swipe » avait-il alors inscrit sur Instagram pour inciter ses abonnés à suivre le live. En réponse et en message privé, le chanteur dit avoir reçu « 1, 2, 3... jusqu'à 3.000 messages de menaces de mort ». « On a dit qu'on allait m'immoler, me tuer, me décapiter, qu'on allait me retrouver en bas de chez moi, lors de mes séances dédicace à la Fnac » a-t-il témoigné à la barre face à ses détracteurs, âgés entre 19 et 25 ans.
"Je n'arrivais pas à croire cette violence"
Eprouvé par ce cyberharcèlement de masse, Eddy de Pretto explique avoir « eu très très peur » qu'on passe à l'acte. « Je regardais tout le temps en bas de chez moi avant de sortir pour voir s'il n'y avait pas quelqu'un qui surveillait. Je demandais toujours à avoir un garde du corps pour les sorties officielles. J'ai eu énormément de troubles du sommeil, une crainte forte, des sentiments dépressifs. Je n'arrivais pas à croire cette violence » a raconté, fébrile, l'interprète de "Freaks", qui se décrit comme « un chanteur engagé, homosexuel, qui ne s'est jamais caché ». « Vouliez-vous faire le buzz ? Souhaitiez-vous faire parler de vous avant une série de concert ? Comprenez-vous que vous avez pu choquer avec ces paroles chantées dans un lieu de culte? » l'ont questionné les avocats de la défense, en insinuant qu'Eddy de Pretto avait voulu s'offrir de la publicité sur fond de polémique. « Oui, j'ai eu un doute sur mes dires, sur tout ce que je pouvais penser sur ces questions-là et de la place de l'artiste sur ces questions-là » a reconnu le musicien. Il s'est toutefois défendu de toute « provocation » : « Je pense que mon désir était de poser des questions en tant qu'artiste et d'interpeller sur des questions majeures »
Ces homophobes, royalistes, anarchistes d’extrême droite ne gagneront jamais. L’amour gagne toujours 🏳️🌈
— Eddy de Pretto (@eddydepretto) June 19, 2021
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"Je suis sodomite et oui, je l'ai chanté dans une église"
Le prêtre de l'église de Saint-Eustache, où il avait été invité à se produire, lui a d'ailleurs apporté son soutien dans cette affaire judiciaire. « Le jour où une église m'invite, je suis ravi qu'on puisse me recevoir, m'entendre et me tendre une main sur cette question : comment les homosexuels sont représentés dans l'Église » a poursuivi l'artiste, qui a voulu « faire passer un message comme dans toutes les chansons » qu'il a « écrites » : « Je suis sodomite et oui, je l'ai chanté dans une église et je l'assume totalement ». Mais le poids de ce cyberharcèlement a des conséquences bien réelles pour le chanteur, forcé de déménager. Il a avoué ne pas pouvoir regarder ses harceleurs présumés par crainte de « croiser leur regard de haine, de violence ». « En aucun cas, je ne peux comprendre que ça choque des gens à ce point-là. (...) L'homosexualité peut marcher en lien avec l'église » estime Eddy de Pretto. « Sur les bancs des prévenus, nombreux sont ceux à secouer la tête en signe de désapprobation » précise BFM TV dans son compte-rendu du procès.