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Dans une interview accordée à Rolling Stone cet hiver, Dua Lipa indiquait que son nouvel album a été pensé comme « un hommage pop psychédélique à la culture rave britannique », influencé par la britpop des années 90 (Oasis, Blur...) et des groupes comme Primal Scream et Massive Attack. Des déclarations alléchantes, audacieuses même, qui, curieusement, brouillent les pistes à la première écoute de son troisième album "Radical Optimism", événement musical de cette intersaison. Pour un disque s'ouvrant par une chanson nommée "End Of An Era", on imaginait une rupture sans concession, radicale justement, vers un style moins formaté et plus rock'n'roll, à l'instar du formidable premier single "Houdini". Produit en main, force est de constater qu'après avoir été propulsée comme une supernova au rang de popstar grâce au succès planétaire de "Future Nostalgia" (435.000 ventes en France), Dua Lipa nage encore dans une zone de baignage balisée.
Parker ne perd jamais
Qu'on ne s'y trompe pas : "Radical Optimism" est un excellent disque de Dua Lipa, et exactement la soupape de décompression dont on avait besoin. Si "Future Nostalgia" prenait des airs de gigantesque piste de danse sur laquelle on se déhanche toute la nuit au rythme de ses bangers disco-pop, "Radical Optimism" sonne plutôt comme une invitation à se détendre les pieds dans le sable ou aux abords d'une piscine miroitant sous les rayons du soleil, un cocktail frais en main. Tout y est plus groovy, plus rayonnant, réconfortant d'une certaine façon, et cette énergie très californienne tient sans doute à l'arrivée dans l'équipe artistique de la chanteuse de Kevin Parker - génial leader du groupe Tame Impala récemment vu chez Justice, qui officie comme producteur sur sept des 11 morceaux. Une alliance qui fait parfaitement sens, tant le goût des riffs, des synthés et des distorsions (on entend du "One More Year" sur "Happy For You") de l'artiste australien se mêle avec fluidité à la palette sonore de Dua Lipa.
Relax, take it easy
La star londonienne applique tout au long du disque une formule plus hédoniste : si les amours sont contrastés ("These Walls", "Illusion"), il est grand temps de tourner la page (la bombe "Training Season", "French Exit" - avec quelques mots en français s'il vous plaît) pour se focaliser sur son propre bien-être. Et si c'est à grand renforts de mélodies dansantes, c'est encore mieux ! Un état d'esprit cristallisé dans la construction de "Anything For Love", vraie-fausse ballade au piano qui prend à mi-chemin un tour funky et sensuel. Au rayon des tubes potentiels, si les chansons de "Radical Optimism" paraissent moins immédiates que sur son précédent opus, l'escapade espagnole de "Maria", avec ses guitares flamencas et ses palmas, accompagnera assurément nos vacances, et le bonbon "Whatcha Doing" semble tout droit sorti de la BO de "Barbie", à laquelle Dua Lipa a participé l'an dernier, avec ses sonorités disco pleines de swing. Quant au prochain single tout désigné, les points de fuite convergent vers "Falling Forever", une pépite pop-80s irrésistible signée Danny L Harle et Ian Kirkpatrick, où la voix suave de la chanteuse se fait plus voluptueuse que jamais. Let's dance !