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vendredi 09 juin 2023 16:28

"Paranoïa, Angels, True Love" : la divine renaissance de Christine and the Queens

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Christine and the Queens est de retour. Si "Redcar les adorables étoiles" nous avait déçu, son nouvel album "Paranoïa, Angels, True Love" est un véritable voyage opératique. Audacieux, déroutant et bluffant, il place à nouveau le chanteur comme l'un des joyaux de la pop. Notre critique d'un des grands disques de l'année !
Crédits photo : Jasa Muller
Au fil de ses interviews, Prince, Klaus Nomi ou David Bowie sont cités comme ses influences. Des artistes qui, au fil de leur carrière, n'ont cessé de se réinventer. N'est-ce pas là le propre d'un artiste de devoir sans cesse se renouveler pour ne pas risquer la répétition ? Christine and the Queens l'a parfaitement compris. Depuis ses débuts flamboyants en 2014 avec "Chaleur humaine", le chanteur a tour à tour changé de look, de musique, de genre, de nom de scène... Quitte à agacer ou fasciner, c'est au choix. Il y a quelques mois, nous jugions son dernier album "Redcar les adorables étoiles" comme « un projet ambitieux mais trop excluant et élitiste ». Il s'agissait finalement d'une ouverture, d'un prélude à "Paranoïa, Angels, True Love", ce nouvel opus massif, dans tous les sens du terme, sorti ce vendredi.

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Les adorables anges


Massif de par sa durée (20 titres, 1h36 de musique) mais surtout par son audace de tous les instants. Libéré d'un quelconque carcan qui lui imposerait de refaire un "Chaleur humaine 2" ad nauseam, Chris explore, tente, expérimente, ose, tombe, se relève. Et vise, la plupart du temps, juste. S'il dit s'être inspiré de la pièce "Angels in America", il semble que l'artiste nantais se voit moins dans la peau des personnages de Prior ou de l'avocat Joe Pitt que dans son propre rôle, celui d'un chanteur en deuil après la mort de sa mère qui trouve conseil et réconfort auprès des anges. « Tous les jours, je suis de plus en plus faible, j'ai besoin des anges pour me rappeler » lance-t-il dès l'ouverture puissante d'un album, conçu comme un véritable opéra-rock dans la lignée du "Tommy" des Who, une de ses principales influences. Son ange à lui se nomme, excusez du peu, Madonna. Mais ne vous attendez pas à de véritables duos. Sur trois titres, l'icône de la pop donne de la voix au personnage de Big Eye, suivant et conseillant le chemin de croix de celui qu'on nomme aussi Redcar.

Produit par Mike Dean, dont on reconnaît immédiatement la patte, l'album est ainsi divisé en trois parties, telles trois mouvements d'une symphonie : "Paranoïa", celle sur le deuil et l'introspection marquée par des rythmiques très sombres, "Angels", celle de la reconstruction, et "True Love", celle de la libération et du chemin vers la lumière. C'est ainsi qu'on se laisse emporter dans ce voyage musical et personnel, qui reste cohérent pendant 96 minutes. Jouant avec les extrêmes, Christine and the Queens alterne entre riffs de guitares ébouriffants ("I met an angel", "We have to be friends", "Lick the light out"), sonorités 80's ("I feel like an angel") et titres plus opératiques (magnifiques "He's been shining for ever, your son" et "Full of Life" reprenant une oeuvre de Pachelbel), où sa voix prend des airs lyriques... et forcément angéliques. Et ose même quelques passages en franglais (« Teach me ce que je ne sais pas »).



Deuil et reconstruction par la musique


Si Christine and the Queens cite Björk, Massive Attack ou Portishead comme autres influences, ce n'est pas par hasard tant l'ombre du trip-hop imprègne les plus grands morceaux du disque : "Tears can be soft" et le final "Big Eye" (à voir comme miroirs), mais aussi "Marvin descending". Au contraire, l'artiste joue aussi la carte de la sobriété sur les superbes "A day in the water", la ballade au piano "Flowery Days" ou encore l'intense single "To be honest", qui rappelleront à beaucoup les accents électro minimalistes de "Chaleur humaine". Simples mais touchant directement au coeur. Une expérimentation qui atteint ses sommets, mais aussi ses limites, sur les moins convaincants "Let me touch you once" ou "Track 10", long morceau 11 minutes assez déroutant construit autour d'un sample d'Emerson Lake & Palmer.

On ressort ainsi de l'écoute de "Paranoïa, Angels, True Love" quelque peu décontenancé et déstabilisé. Mais aussi bluffé par cette oeuvre aussi dense que dantesque, qui s'apprivoisera sans aucun doute au fil des écoutes et qui prendra tout son sens sur scène. Mais avec une seule certitude : Christine and the Queens est et restera un élément unique de la scène pop française, qui n'hésite pas une seule seconde à sortir d'un cadre trop conventionnel pour proposer un album aux allures de pari risqué mais réussi.



Christine and the Queens ? Redcar ? Qu'importe le nom, pourvu qu'on ait l'ivresse musicale. Véritable tour de force, "Paranoïa, Angels, True Love" est un album aussi difficile à appréhender qu'une oeuvre à part entière, qui s'apprivoise et nous séduit autant qu'elle nous trouble. Et place une nouvelle fois le chanteur comme l'un des joyaux d'une pop française souvent trop timide.
Toute l'actu de Christine & the Queens sur son site officiel et sur sa page Facebook.
Ecoutez et/ou téléchargez la discographie de Christine and the Queens.

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