Salut Soan, merci de nous recevoir. Quatre mois après la parution de ton premier album "Tant pis" (Top 64 en 2009), suite à ta victoire lors de la septième saison de "Nouvelle Star", es-tu satisfait de son accueil (Thierry Cadet, Rédacteur en Chef adjoint) ?
Soan : Tu sais, je suis déjà super content d'avoir sorti mon premier album, qu'après le reste je m'en fous ! Mon but était de monter sur scène avec, ce que je fais actuellement, il y a ceux qui me suivent et ceux qui ne me suivent pas. Quant aux critiques, tu dois savoir ce que j'en pense, non (sourire) ? Quel intérêt d'attendre quelque chose de la branlette parisienne de "Rock & Folk" par exemple ? Après chez Ruquier j'ai aimé y aller, parce qu'il y avait un droit de réponse immédiat face aux deux chroniqueurs de l'émission, même si c'était pas gagné d'avance (sourire) ! C'est Renaud Rahard, le producteur de "Nouvelle Star", qui est un mec qui me défend depuis le début, qui a tout fait pour que j'y aille, et Ruquier a aimé l'album aussi, ce qui a facilité les choses.

Quoiqu'il en soit, tes détracteurs qui donnaient ton disque mort avant même sa parution ne peuvent que constater que ce dernier se maintient au niveau des ventes, il gagnait encore de nombreuses places il y a quelques semaines (n°112, n°83, n°93 en mars dernier). Alors que toute la presse te donne perdant, tu vendrais presque autant, sur la longueur, que la gagnante précédente, Amandine Bourgeois. Penses-tu que c'est grâce à tes concerts ?
Si tu le dis (sourire) ! Mais je pense en effet que la scène est la plus belle des promos que je puisse faire pour ma musique, bien plus intéressante que toutes ces émissions !

Que penses-tu du fait que certains t'accusent de cracher dans la soupe depuis ta victoire lors de la septième saison de "Nouvelle Star" ?
(rires) Ça m'amuse ! En quoi je crache dans la soupe, je dis juste que si cette émission, certes, m'a permis de sortir un album, elle n'en reste pas moins inhumaine du point de vue des gens qui la produisent. Et puis qui de mieux que quelqu'un qui l'a faite, et la connait pas cœur, peut en parler ? Pour la tournée c'est pareille, les conditions étaient abominables ! Pourquoi faudrait-il que je réponde aujourd'hui aux journalistes en disant que tout était formidable alors que je pense l'inverse ?

On te reproche donc d'être honnête ?
(sourire)

C'est sûr que dans un milieu prônant l'hypocrisie, ça fait désordre. Les médias ont fait part d'une incroyable mauvaise foi, ils dénigrent la plupart du temps le fait que les candidats d'émissions de télé-crochets s'exposent sans vergogne dans les journaux, mais lorsque l'un d'entre eux décide de ne pas s'exposer inutilement et d'attendre d'avoir un projet à défendre pour le faire, ils lui tirent dessus à boulets rouges. Penses-tu cela dit, que depuis la parution de ton disque, ton image a évolué ?
Oui je crois. Aujourd'hui je m'exprime sur quelque chose de précis. Mais tu as raison, à quoi ça m'aurait servi d'aller faire le guignol chez Morandini alors que je n'avais encore rien proposé musicalement ?

D'autant plus que certaines critiques sont plutôt bonnes, non ?
Bonnes ou mauvaises, chacun a le droit de penser ce qu'il veut. Maintenant on peut me juger sur mon travail, c'est maintenant que les choses sérieuses commencent, mais évidemment y'a plus grand monde (sourire)...

Tu parles des médias ?
Oui, parce que le public il est là, chaque soir dans les salles. Et après tout, c'est bien ce qui m'importe le plus ! Aller chez Morandini finalement, quel intérêt ? Ce type refait juste ce qu'il faisait il y a vingt ans avec "Tout est possible", d'autant plus qu'il avait publié un livre à l'époque pour dénoncer les gens de la télévision. Il est exactement aujourd'hui ce qu'il condamnait dans son livre. C'est pathétique.

Quelles sont les radios qui te soutiennent ?
Aucune.

Philippe Manœuvre et André Manoukian ont déclaré que ton disque était bon. Pas dans l'air du temps selon ce dernier, mais de qualité. Tandis que Lio, elle, a déclaré que tu avais raté ton album... qu'est-ce que cela t'inspire ?
Déjà on peut s'appeler autrement que Lio, et puis ça me fait marrer (sourire) ! Parce que, comme je t'ai dit, chacun est en droit d'aimer ou pas mon disque, mais je me rappelle quand même de Lio en larmes au casting après que j'ai chanté "Putain de ballerine"... et aujourd'hui elle vient me cracher dessus. Mais je vais te dire un truc, je crois que Lio me fait payer l'affaire Trintignant. Je suis fan de Bertrand Cantat et elle était une amie de Marie Trintignant. C'est tout. Après que les choses soient claires, ce qu'a fait Cantat est évidemment intolérable. Mais je ne suis pas comme Lio, je ne fait pas l'amalgame.

Découvrez la vidéo de Soan, "Putain de ballerine" :


Qui choisit les singles issus de ton album ? "Next Time" par exemple ?
Ma maison de disques et moi. "Next Time", je trouvais que c'était une bonne manière de présenter avec mon univers. De remettre les choses à plat, next time (sourire) !

Visionnez le clip de Soan, "Next Time" :


"Emily" est donc le single suivant, tes chansons sont-elles toutes autobiographiques ?
En partie oui, mais pas toujours. Je m'inspire aussi de ce que je vois autour de moi.

Emily existe-t-elle ?
(sourire) Emily existe, oui (ndlr : Soan me tend son portable avec une photo de lui et d'une jeune femme).

Découvrez le nouveau clip de Soan, "Emily" :


Tu évoques également beaucoup le thème de l'enfance, est-ce que cela te travaille ?
(sourire) J'aime les gosses ouais. Après on verra.

Tu définis ton travail comme du Jacques Waits, en référence à deux de tes héros, qui sont-ils ?
Jacques Brel et Tom Waits (sourire). Mais ils restent deux références, je ne me suis jamais placé au même niveau ! Le son de mon album est propre à mes désirs, mais aussi au talent de Fred Rubens qui l'a produit, avec Mika Pusse aux ambiances sonores.


Quelles scènes avais-tu foulées avant de faire l'émission ?
Des tas de petites scènes, ça va du métro au Zinc dans le 11ème, j'avais fait le Réservoir aussi.

Quelle formation musicale t'accompagne sur scène ?
Il y a deux guitares, une basse, une batterie, un clavier et des cuivres. Le batteur est le papy de groupe ! Ce sont tous des potes ou des potes de potes.

A ce propos, pour la scène, avec qui travailles-tu ? Est-ce la société 19, avec laquelle Christophe Willem avait eu des problèmes de contrat ?
Oui, c'était eux. Mais je les ai congédiés. Il prenait 17%. Aujourd'hui je tourne avec la boîte Astérios.

On murmure que tu aimerais t'associer à Charlotte Gainsbourg pour un duo ?
(sourire) On m'a posé la question, et j'ai en effet répondu qu'elle était une des artistes avec laquelle j'aimerai bien faire quelque chose. Mais voilà, c'est tout. Vanessa Paradis aussi, que j'adore sur "Il y a", même si c'est Gaëtan Roussel qui l'a écrit (sourire). On murmure aussi que Carla Bruni aimerait mon travail, et qu'elle aimerait que je lui file des textes. J'ai eu des échos.

Info ou intox ?
Info je crois. A voir (sourire)...

Cela serait-il envisageable ?
Pourquoi pas. Tu sais, je vois l'artiste, et pas la femme de.

Et si l'artiste te proposait de venir chanter pour le Noël de l'Elysée par exemple, irais-tu ?
Oui. Pour ne pas lui serrer la main (sourire). Ou histoire de me rendre compte que, peut-être, l'escroc n'en est pas un. C'est idiot de rester sur des idées préconçues, moi je ne demande qu'à ouvrir un dialogue, essayer de comprendre, et me faire une idée plus définitive par la suite. Bon, le problème c'est que j'aurai tous les gens qui votent pour lui sur le dos, et là je suis dans la merde (rires) !



Quel est le tien de public justement ?
Il y a celles qui m'ont soutenu durant l'émission, il est parfois le public le plus hystérique, le plus difficile à gérer, genre celui qui crie le nom d'une chanson qu'il veut entendre alors que je suis sur scène, ce n'est pas ce que je préfère... et puis il y a un autre public, celui qui est venu à moi grâce à l'album, ou qui était déjà fan de ma “famille musicale”, des Têtes à Babylon Circus, en passant par Rachid Taha qui est un mec que j'adore.

Rachid Taha qui a, lui aussi, travaillé avec Gaëtan Roussel sur son dernier album "Bonjour"...
Oui je sais, mais je crois qu'il le regrette déjà (sourire).

Tu as un problème avec lui ?
Ouais, c'est perso. Mais c'est surtout Louise Attaque qui me fait marrer. Le groupe se sépare, mais revient chaque fois qu'il a besoin de mailles...

Et la réaction des gens dans la rue ?
Ça va, les gens sont cool. Il y a même parfois la racaille bourrée du samedi soir qui vient me voir et qui me balance : "J'aime pas ce que tu fais, mais toi je t'aime bien, t'assure pour un branleur !" (rires).

Qui revois-tu de ta promotion de "Nouvelle Star" ? Camélia Jordana ? Leïla ?
Camélia est venue me voir sur la dédicace de mon album à Paris, on se revoit oui. Même si on pas toujours d'accord sur tout (sourire). Leïla, non. Et par contre je revois pas mal, Lapinou (ndlr : Thomas). Il n'est pas exclu qu'on travaille ensemble. J'avais adoré sa reprise de David Bowie sur l'un des primes, c'est un petit punk (sourire) ! Je le verrai bien partir dans cette direction. Si Thomas avait cette malaisance, c'était par envie d'exister pour ce qu'il est - ce qu'il a fait par la suite en assumant son homosexualité dans les médias. C'est un mec sensible, entier et sincère, ce qui est rare.

Retourneras-tu sur l'un des primes cette année ?
C'est prévu. Et si j'y suis invité, j'irai. A condition de venir y chanter l'une de mes chansons. Je ne suis pas un artiste vindicatif, et ça me ferait marrer de me retrouver de nouveau devant le jury (sourire).

Quels sont tes projets ?
Je prépare la sortie d'un petit recueil de poèmes pour le mois de juin aux éditions Mon Pauvre Ami, avec qui je prépare aussi une BD ; et puis à la rentrée, probablement un live avec un DVD, parce que c'est là que les gens pourront réellement me juger, sur scène. Un second album est par ailleurs déjà prêt, et prévu pour l'an prochain.

Toujours chez Sony ?
Aux dernières nouvelles oui.

Merci Soan de nous avoir reçus.
Merci à toi Thierry, c'était cool.



Crédit photo : Acaba.