samedi 29 février 2020 14:15

Justin Bieber, BTS, Aloïse Sauvage : 3 albums au banc d'essai

Pure Charts passe en revue trois albums phares du moment. Justin Bieber signe son grand retour avec "Changes", BTS revient faire trembler les charts avec "Map of the Soul : 7", et Aloïse Sauvage nous met K.O. avec "Dévorantes". Critiques, en quelques lignes.
Crédits photo : Montage Pure Charts / Big Hit / Pochettes

Justin Bieber | "Changes"


Le changement, c'est maintenant ? Cinq ans. C'est le temps qu'il a fallu attendre pour être témoin du grand retour de Justin Bieber. Autant dire une éternité dans une industrie toujours plus rapide et en mutation constante. La question était pourtant de mise : cinq ans après avoir modifié son image de jeune ado poupon pour celle de star de la pop/R&B, à quoi allait ressembler le Justin Bieber cru 2020 ? Celui-ci revient de plusieurs années difficiles marquées par la maladie, la dépression et un mariage heureux. De ces hauts et de ces bas, il tire "Changes", un album qui, comme son nom l'indique, sonne comme celui du changement. Mais celui-ci est-il vraiment probant tout au long des 17 titres qui composent le disque ? Pas vraiment puisque Justin Bieber, qui dit sortir son album le plus personnel, sonne pourtant plus générique que jamais. Que ce soit dans les mélodies (un mix déjà entendu entre pop, R&B et rap) ou le choix des featurings (Post Malone, Travis Scott ou Quavo présents sur tous les albums récents), la popstar ne retrouve jamais l'efficacité de la machine à tubes "Purpose". Côté thématique, Justin Bieber évoque principalement sa vie d'homme marié à Hailey Baldwin, fil rouge et sentiment heureux auquel le chanteur se rattache, comme un doux cocon qu'il ne veut jamais quitter. Malheureusement, ce qui aurait pu être une belle déclaration musicale est noyée sous des artifices pop pas très finauds. « Photogénique, tu n'as pas besoin de filtres » chante-t-il sur "Intentions", pourtant l'un des morceaux les plus mémorables de l'album. Il faut attendre la fin du disque, plus réussie, pour retrouver un Justin Bieber plus honnête et à fleur de peau sur des ballades sobres comme "That's What Love Is" ou "At Least For Now". Un côté plus intime et dépouillé plus authentique. TB

Ça ressemble à un album de pop basique et sans surprises
A écouter : le single "Intentions", l'émouvant "Confirmation", le sobre "That's What Love Is"
A zapper : le tube décevant "Yummy", "Forever" et "Second Emotion", duos vains avec Post Malone et Travis Scott





BTS | "Map of the Soul : 7"


Chiffre porte-bonheur. Loin d'être un simple phénomène de mode, BTS a percé un plafond de verre en s'imposant comme le groupe de k-pop le plus populaire de tous les temps. Comme toute machine de guerre, elle fait maintenant face au défi de ne pas ralentir la cadence. Mais viser toujours plus haut et toujours plus fort a un prix. Les efforts déployés par les sept chanteurs, sous constante pression, créent inéluctablement des phases de doutes et de remises en question. Ce sont ces introspections qui sont au coeur de "Map of the Soul : 7", dont la ligne directrice reste, comme "Persona" (2019), les concepts philosophiques de Carl Jung. Dans "Interlude : Shadow", la vraie ouverture du disque après quelques titres déjà inclus sur des précédents projets (dont le tube "Boy With Luv" avec Halsey), Suga livre ses peurs et ses angoisses, craignant de se perdre dans le tourbillon du succès : « Please, don't let me shine, don't let me down, don't let me fly ». Dans le titre "Black Swan'', la bande au complet s'interroge ce qu'être un artiste signifie mais finit par accepter d'embrasser son destin. Lumineux dans son approche quitte a en être parfois un peu naïf, l'album, d'une belle fluidité, aligne les ballades pop midtempo séduisantes ("00:00", "Inner Child", l'hymne à la fraternité "Friends'') et ne fait évidemment pas l'impasse sur quelques tubes clés en main comme l'explosif "ON" ou "Filter", dont les sonorités latines sensuelles en font un single tout désigné. On le sent bien dans les productions, plus unifiées, BTS a pensé son album pour l'international (et les oreilles occidentales) en s'éloignant discrètement d'une k-pop croquant avec avidité dans tous les genres. Il suffit de réécouter "IDOL" pour mesurer cette évolution, et le renfort d'artistes inter comme August Rigo, Troye Sivan, Allie X, Ryan Lawrie ou Jessie Lauryn Foutz n'y est sans doute pas étranger. Nous, ça nous plaît ! YR

Ça ressemble à une étape supplémentaire dans la conquête du monde de BTS
A écouter : "ON'' (mais sans Sia), "Friends'', "00:00'', le hit en puissance "Outro : Ego'', "Filter'', le très US "Respect''
A zapper : "UGH !", franchement dispensable





Aloïse Sauvage | "Dévorantes"


Tout est KO. Le paysage musical francophone est en pleine mutation. Pour le meilleur. Dans le sillage de Christine and the Queens, Eddy de Pretto, Angèle ou Aya Nakamura, Aloïse Sauvage, à la tête d'une proposition riche, décomplexée et audacieuse, possède tout pour fédérer. « La sensation d'un coup de poing sur le plexus solaire » : voilà comment débute ce premier album "Dévorantes", donnant ainsi le ton de ce qui nous attend à l'écoute. Et clairement, Aloïse Sauvage, artiste multidisciplinaire, n'a que faire des idées reçues ou des codes pré-établis. Oui, elle rappe, oui elle apporte du soin aux textes, oui elle distribue des messages forts. Et elle fait cohabiter le tout sur des productions soignées et solaires, mêlant pop, chanson française et afro-trap. Libre, torturée ou pleine d'espoir, Aloïse Sauvage a le sens du verbe et du rythme sur 11 titres bouillonnants qui ne demandent qu'à exploser sur scène, aidée par des beatmakers qui ont fait leurs preuves dans le milieu de l'urbain comme Boumidjal, Josh Rosinet ou Le Motif. Qu'elle évoque la dépression ("Et cette tristesse"), l'homosexualité ou le genre ("Omowi", "Jimy"), l'amour triomphant ("Si on s'aime"), l'absence d'un père ("Papa") ou ses envies charnelles ("A l'horizontale"), la chanteuse va droit au but avec une urgence absolue, vise juste, s'amuse à tordre les attentes avec un plaisir non dissimulé et prouve alors que tout est possible. L'équilibre est impeccable, sur le fil. Renversant, comme sa pochette. Mention spéciale au titre "Toute la vie", une claque. JG

Ça ressemble au premier album idéal, d'une femme dans l'air du temps
A écouter : "Méga Down", un tube !, "Toute la vie", "Jimy", "Si on s'aime", l'épique "Dévorantes", "Présentement"
A zapper : "Feux verts", et encore...


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