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samedi 19 janvier 2019 15:20

Histoire d'un tube : "Bohemian Rhapsody" de Queen (1975)

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
On l'a entendu partout en cette fin 2018. Mais quelle est véritablement l'histoire du tube "Bohemian Rhapsody", à l'origine du biopic éponyme qui cartonne au cinéma ? Pure Charts vous propose de remonter le fil de l'histoire de la conception du tube de Queen.
Crédits photo : UMG
« Is this the real life? Is this just fantasy? » Et si le plus gros tube de 2018 datait en réalité de 1975 ? Véritable succès surprise cinématographique (4 millions de spectateurs français actuellement), le biopic sur Freddie Mercury "Bohemian Rhapsody" a bien évidemment eu un effet positif sur les ventes d'albums de Queen. Pour preuve, la compilation "Platinium" a été un succès phénoménal en cette fin 2018, squattant le sommet des charts français, devant Bigflo & Oli ou Kendji ! Et parmi les chansons plébiscitées par les fans, le morceau-titre remporte tous les suffrages. Mais quel est l'histoire de ce tube, né de l'esprit fécond de Freddie Mercury ?

Petit retour en 1975 ! A l'époque Queen jouit déjà d'une belle réputation dans son Angleterre natale grâce à "Killer Queen" et "Seven Seas of Rhye", mais rien de véritablement exceptionnel. Pour son quatrième album, le groupe veut frapper fort. Ayant déjà la mélodie en tête et l'ayant jouée à son producteur, Freddie Mercury prévient ses collègues : « J'ai en tête un truc très étrange, je crois que je vais l'appeler "Bohemian Rhapsody", mais c'est tellement ambitieux qu'on va devoir être patient si on veut l'enregistrer ». Sans le savoir, John Deacon, Brian May et Roger Taylor vont se lancer dans une intense séance d'enregistrement qui va durer.... six semaines.

Regardez le clip de "Bohemian Rhapsody" :


"Soit il sort comme ça, soit il ne sort pas du tout"


Les quatre rockeurs se rendent donc au Rockfield Studio 1 au Pays de Galles. Et cet enregistrement va poser un certain nombre de problèmes notamment pour des questions logistiques. En effet à cette époque, il n'y pas d'ordinateur mais des bandes et 24 pistes analogiques données par les studios. Le principe est d'enregistrer un grand nombre de bandes, avant de les mixer sur une nouvelle partition afin que tous les instruments de la chanson puissent tenir là-dessus. On raconte que celles de "Bohemian Rhapsody" étaient devenues transparentes avec le temps, tant elles avaient été réenregistrées par endroit.

L'enregistrement se poursuit dans un studio londonien. Si la composition débute par la prise des parties instrumentales plus "simples" avec le piano introductif ou le solo de guitare de Brian May, l'épisode "opéra" de la chanson apporte son lot de difficulté. Roger, Brian et John enchaînent pendant des heures les "Galileo" pour trouver ceux qui conviennent parfaitement au leader. L'utilisation de l'overdub est primordiale durant la conception, permettant d'ajouter des pistes de sons par-dessus d'autres déjà existantes. Le groupe travaillant jusqu'à 12 heures par jour sur cette partie, il en résulte au final plus de 180 overdubs enregistrés au final pour donner une sorte d'écho profond au final. Une fois l'enregistrement terminé, le plus cher jamais réalisé dit-on, Queen s'en va proposer le morceau en tant que nouveau single à leur maison de disques, EMI. Celle-ci tombe des nues autant sur le fond (une chanson hybride entre hard-rock et opéra, « ça ne marchera jamais ») que la forme : six minutes là où pour être exploitée en radio, une chanson doit durer moitié moins. Mais le leader est intraitable : « Soit il sort comme ça, soit il ne sort pas du tout ».

Découvrez un extrait du film "Bohemian Rhapsody" :


Devant ce refus, Freddie Mercury trouve une idée de génie : donner une copie du single à son ami Kenny Everett, à l'époque grand animateur dans une radio londonienne. Le chanteur lui glisse, avec un gros clin d'oeil, qu'il ne doit pas être diffusé et qu'il doit rester confidentiel. Everett s'exécute et... diffuse le titre. Bingo : la demande des auditeurs est tellement forte que "Bohemian Rhapsody" passe pas moins de 14 fois en 48 heures ! Dès le lundi suivant, les disquaires londoniens sont submergés par les requêtes et, devant ce succès phénoménal, les grandes radios cèdent et diffusent le titre dans son intégralité. Mercury a réussi son coup. Mieux, la chanson se classe neuf semaines de suite au sommet des charts anglais. En comptabilisant sa ressortie en 1991, il s'agit du troisième single le plus vendu de tous les temps en Angleterre avec 2,5 millions de copies écoulées. Malheureusement, la plupart des critiques anglaises ne seront pas tendres avec le titre, le qualifiant de pastiche aussi grossier que prétentieux. La légende fera le reste. Enfin, tourné pendant trois heures pour seulement 3.500 livres, le clip mythique de "Bohemian Rhapsody" est depuis considéré comme la vraie première vidéo promotionnelle de tous les temps.

Regardez Queen chanter "Bohemian Rhapsody" en live :



3e single le plus vendu de tous les temps en Angleterre


S'est alors rapidement posée la question du live : comment transposer chaque soir sur scène un titre qui a mis six semaines à être enregistré ? Pour éviter de reproduire l'introduction en live (chose impossible au vu des complexités techniques et vocales), Freddie Mercury se lance dans une improvisation au piano menant au début de la chanson. Pour la section "opéra", la chose est d'autant plus complexe : au départ, le groupe décide de couper le morceau en trois parties distinctes, remplaçant les parties "opéra" et hard rock" par d'autres titres de son répertoire. Mais à partir de fin 1977, le groupe trouve sa version définitive. Bien que fermement opposé à utiliser des bandes sur scène, Queen doit pourtant se rendre à l'évidence et toute cette partie lyrique est jouée en arrière-plan tandis que le quatuor quitte furtivement la scène afin de se changer pour revenir plus fort que jamais sur la partie "hard".

A la mort de Freddie Mercury, "Bohemian Rhapsody" revient au sommet des charts anglais, et devient ainsi le seul à avoir atteint la première place à l'occasion des fêtes de Noël à deux époques différentes (1975/1976 puis 1991/1992). Au même moment, il connaît une nouvelle notoriété auprès de la jeune génération grâce à la scène d'introduction devenue culte de la comédie "Wayne's World". Un clin d'oeil est même fait à cette scène dans le biopic "Bohemian Rhapsody" lorsque Ray Foster (joué par Mike Myers, déjà au casting de la comédie précitée), premier producteur de Queen chez EMI, explique que « personne ne voudrait "headbanger" dans sa voiture en écoutant » ladite chanson. Depuis le titre n'a pas perdu de sa superbe ni de sa popularité, étant souvent cité comme l'un des meilleurs morceaux de tous les temps. Evidemment, avec l'énorme succès mondial du biopic éponyme, "Bohemian Rhapsody" se fraie une nouvelle fois un chemin jusqu'en haut des charts. Aujourd'hui, il s'agit de la chanson du XXe siècle la plus écoutée en streaming, avec plus de 1,6 milliards d'écoutes, tandis que Green Day le diffuse avant chacun de leur concert afin de mettre le feu. Indémodable, on vous dit !

Regardez la séquence de "Wayne's World" :
> Retrouvez Queen sur son site officiel et sa page Facebook officielle
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