Crédits photo : Bestimage
En avril 2021, le public apprenait avec la tristesse la mort de Patrick Juvet, ancienne gloire des années disco qui avait marqué durablement les esprits avec ses tubes mythiques "Où sont les femmes ?" et "I Love America". Disparu à l'âge de 70 ans d'un arrêt cardiaque, le chanteur et compositeur vivait alors dans la plus profonde solitude, loin de ses proches et loin de la musique. Dans son domicile de Figueras, en Espagne, son piano restait fermé. « Il n'avait plus l'envie je pense. C'était une dure période » confesse sa soeur Nancy, la plus jeune de la famille, dans un entretien accordé à Gala à l'occasion de ce qui aurait été son 72ème anniversaire et la diffusion, lundi 22 août sur Paris Première, du documentaire "Patrick Juvet : à coeur ouvert !" réalisé par Noël Tortajada.

"C'était quelqu'un de tellement sensible, trop peut-être"

Avec émotion, elle revient sur les dernières années de sa vie, marquées par une addiction à l'alcool et un profond mal-être quant au déclin de sa carrière. Pour Nancy, Patrick Juvet a à la fois été marqué par son amour pour Jean-Michel Jarre, qui n'était pas réciproque, et l'envers du décor de la célébrité, une cage dorée. « Je pense que c'est plutôt le succès avec tout ce que ça suppose : les galas incessants, les fêtes, Patrick adorait sortir la nuit. Bien sûr, tout le monde ne tombe pas dans les excès, malheureusement, lui, si. Je ne sais pas pourquoi. C'était quelqu'un de tellement sensible, à fleur de peau, trop peut-être... » tente-t-elle d'analyser aujourd'hui, lucide sur ses problèmes : « L'alcool ne fait de bien à personne. À certains moments, il s'enfonçait, parfois il se relevait et vivait très bien sans... C'était comme ça ».

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"Il ne supportait plus de se voir dans les miroirs"

D'après sa soeur, Patrick Juvet a très mal vécu les décès successifs de son frère Daniel et de sa mère Janine, qu'il avait au téléphone tous les jours. « On l'a accompagné comme on a pu mais une maman qui part, c'est toujours trop tôt quel que soit son âge. Cependant, c'était déjà difficile pour Patrick avant le décès de maman. Il vivait mal le fait de vieillir, le changement physique... Il ne supportait plus de se voir dans les miroirs. C'était une blessure » souligne Nancy, qui a toujours été très proche de son frère ainé : « Au fil des années, je suis devenue plus fusionnelle avec Patrick, qui avait cinq ans de plus que moi. Il était mon confident, j'étais sa confidente, j'adorais ses amis. L'un d'eux est même devenu mon mari ». L'artiste allait d'ailleurs fréquemment voir sa soeur et sa nièce Vanessa en Suisse, même s'il vivait près de Barcelone. « Il était heureux en Espagne. Les dernières années ont été ce qu'elles ont été, mais il appréciait cet anonymat qui lui permettait de vivre comme tout le monde, de n'être que Patrick ».

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L'impossibilité pour lui de se produire sur scène, en raison de la pandémie et des restrictions sanitaires, a aussi été un facteur qui a déclenché cet épisode de dépression. « Il aimait retrouver son public quand il donnait des concerts. J'étais toujours étonnée de voir à quel point mon frère se donnait à fond, avec sa sincérité, sur scène. Il chantait comme si c'était la première fois. Il donnait son coeur » assure sa soeur, le coeur serré par sa disparition : « Je sais que Patrick est avec moi, quelque part, mais il me manque ». Un témoignage bouleversant.