Bestimage
Elle ne fredonnera plus son célèbre "da-ba-da-ba-da". La chanteuse et comédienne Nicole Croisille disparaît à 88 ans après avoir mené vaillamment un combat contre le cancer ces deux dernières années. « Jusqu'au bout, elle s'est battue avec beaucoup de force et de courage » indique son agent, en précisant que l'interprète de "Téléphone-moi" ou "Parlez-moi de lui" s'est éteinte à Paris. Ce décès plonge le public comme le monde artistique dans une lourde peine, tant l'artiste née à Neuilly-sur-Seine a traversé les époques avec talent. L'animateur Nikos Aliagas, l'un des premiers à réagir à la nouvelle, parle d'une « passeuse de lumière ». « Elle a incarné le texte et la musique avec une rare élégance, une précision de funambule, une grâce née du silence et du mouvement » écrit le présentateur de la "Star Academy", qui avait eu la chance de chanter avec elle il y a 17 ans sur la scène du jazz-club parisien Le Duc des Lombards : « Quelle soirée ! Et quelle femme... Un moment béni. Elle était généreuse, professionnelle, simple, sans chichi, aussi précise que prête à partir en impro endiablée juste pour le plaisir du partage ».
"Elle avait ce don rare de toucher l'âme"
La vie de cette « très grande dame » est intimement liée à celle de Claude Lelouch. En 1966, le cinéaste débutant, alors surtout connu pour la réalisation de scopitones (l'ancêtre du clip) pour des vedettes des années yé-yé comme Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Claude François ou Sheila, écrit le scénario de ce qui sera son chef d'oeuvre : "Un homme et une femme". Si cette histoire d'amour portée par Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée rencontre un grand succès dans le monde entier, c'est aussi grâce à sa bande originale orchestrée par Francis Lai. La chanson-titre "Un homme et une femme", interprétée par Pierre Barouh et Nicole Croisille et qui contient donc ce fameux "da-ba-da-ba-da", traversera les frontières et les décennies.
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Très affecté par sa disparition, Claude Lelouch partage sur Instagram une tendre photo le montrant enlacé à Nicole Croisille. « Sa voix, si singulière, a été le souffle de mes films, la musique de mes émotions. Ensemble, nous avons créé des instants d'éternité » assure le réalisateur de 87 ans, soulignant que « son timbre unique donnait vie aux images » : « Je me souviens de ces sessions d'enregistrement où, sur le souffle, elle murmurait des mots qui résonnaient comme des confidences. Elle avait ce don rare de transmettre l'intime, de toucher l'âme ».
"J'ai le sentiment d'être veuf"
Pour Claude Lelouch, Nicole Croisille était « une muse, une amie, une complice ». « Aujourd'hui, je perds bien plus qu'une voix. Elle a été la voix de ma vie » ajoute-t-il le coeur lourd. Dans l'émission "Bonjour !" sur TF1, le metteur en scène a également eu quelques mots pour celle qui avait tourné avec lui dans "Les Uns et les Autres" (1981) ou "Les Misérables" (1995), et accepté de le retrouver pour "Les Plus Belles Années d'une vie", la suite du film culte. « On ne peut pas trouver les mots : elle a été la voix de ma vie, une amie, une confidente, une muse... C'était une femme formidable, derrière un micro et dans la vie. Elle savait tout faire ! Chanter, danser, rebondir en permanence, un sens de l'improvisation incroyable » a salué le cinéaste, endeuillé par la perte successives de ses amis proches : « C'est un grand départ, après Anouk [Aimée], Jean-Louis [Trintignant], Francis Lai, Pierre Barouh… J'ai le sentiment d'être veuf. Je les aime tellement ».
