"Tout va trop vite" : le rap est-il fini ? MC Solaar donne son avis
MC Solaar a ouvert le rap au grand public dans les années 90. Aujourd'hui, l'artiste de 56 ans continue de sillonner les routes de France tout en posant son regard sur la nouvelle génération : "Je ne parviens pas à cerner tout le spectre du rap actuel".

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Werenoi, SDM, Jul, Gims, Hamza, SCH, Orelsan, PNL, Ninho, Bouss, PLK, Tiakola, Laylow... Nombreux sont les talents qui ont explosé dans les charts ces dernières années, preuve d'une scène particulièrement vive. Genre numéro un en France, comme dans le reste du monde, le rap a nettement évolué ces dernières décennies. Qu'en pense MC Solaar, le pionnier qui a fait bouger les codes dans les années 90 ? « Quand j'ai commencé, il y a trente-cinq ans, très peu de rappeurs étaient programmés. À l'époque, nous en rêvions tous, mais beaucoup disaient que ce n'était pas possible, que personne n'aimait cette musique. Maintenant, quelle que soit la région, des rappeurs sont à l'affiche » se réjouit au Parisien celui qui fait vibrer ses tubes "Bouge de là", "Caroline" ou "Solaar pleure" sur les scènes des plus grands festivals du pays.

"Que ça ne tienne pas sur la longueur"

A 56 ans, MC Solaar se souvient de l'état d'esprit du rap à son époque. « On voulait que le rap existe et, en même temps, on tenait à l'état d’esprit du rock alternatif : ne pas passer à la télé, rester dans des structures indépendantes... On avait le sentiment qu'on faisait partie d'une autre société » explique celui qui a repris un tube de Gazo, posant un regard encourageant sur la nouvelle scène : « Les jeunes ont encore des choses à dire, et ils ont aussi du style ». Citant Sexion d'Assaut comme fer de lance d'un rap plus familial qui a ouvert les portes, MC Solaar estime cependant que cet âge d'or ne devrait pas durer.

« Quand il y a un tel rythme de production, on peut s'attendre à ce que ça ne tienne pas sur la longueur » explique l'interprète de "Ils dansent", très lucide sur la situation actuelle : « Aujourd'hui, il y a une urgence à produire, tout va trop vite. Je ne parviens pas à cerner tout le spectre du rap actuel ». Alors, le rap, le vrai, est-il fini ? « Je ne suis pas si pessimiste. Certes, il y a eu de nombreuses évolutions, et il peut encore y en avoir. Mais cela ne va pas forcément signer la fin du mouvement. Il n'appartient peut-être plus au courant originel du hip-hop des débuts, mais il est aussi fort » dit-il.

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
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