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mercredi 22 mai 2024 12:05

Lomepal : une troisième femme l'accuse d'agression sexuelle, le rappeur se défend

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Lomepal est dans la tourmente. Une enquête de Mediapart révèle qu'une troisième femme accuse le chanteur de viol. Une autre victime, qui a porté plainte il y a plusieurs années, relate également son expérience "traumatisante". Face à ses accusations, la star du rap français sort du silence et nie en bloc : "Je ne suis pas ce personnage".
Crédits photo : Bestimage
La descente aux enfers continue pour Lomepal. L'un des plus célèbres rappeurs français est dans la tourmente depuis les deux accusations d'agressions sexuelles qui le visent. La première, déposée en 2020 mais révélée en août 2023, et la seconde en mars dernier. Dans la foulée de ces révélations, un festival a pris la décision d'annuler sa venue l'été dernier, tandis que les ventes de ses albums ont chuté. Si l'interprète de "Trop beau" a fini en catimini la tournée de son album "Mauvais ordre" (325.000 ventes) en décembre dernier, c'est aujourd'hui une troisième plainte pour viol qui accable le chanteur parisien. Les révélations de Mediapart concernent l'histoire de Marie (le prénom a été modifié), aujourd'hui âgée de 33 ans, qui a rencontré le rappeur en 2016 lors d'une soirée. Elle avait 25 ans à l'époque et Lomepal n'avait pas encore sorti son premier album.

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"Il essayait de me sodomiser"


« À l'époque, il n'était pas encore très connu. C'était une histoire sympa, on s'entendait super bien, on parlait beaucoup de musique » relate la plaignante, qui explique avoir été victime d'agression sexuelle en janvier 2017 au domicile parisien de la mère de Lomepal, où celui-ci vivait et où Marie s'était installée un soir. Après s'être endormie, elle dit s'être « réveillée en sursaut » : « Il était derrière moi et essayait de me sodomiser. (...) Je me souviens m'être dit que je ne pouvais pas crier car j'allais réveiller sa mère ». Si elle se souvient d'un rapport « très douloureux » et d'avoir dit plusieurs fois "non", le rappeur lui aurait rétorqué : « On sait très bien ce que ça veut dire quand vous dites non ». Se sentant « humiliée » mais habitant trop loin pour rentrer chez elle, Marie a préféré attendre le lendemain avant de partir.

"Un traumatisme pour elle"


S'ils se sont envoyés encore quelques messages, Marie et Antoine, le vrai nom de Lomepal, ne se sont plus vus depuis février 2017. « À cette époque, j'étais jeune, je ne pouvais pas me mettre ces gens à dos » relate celle qui s'est sentie « bloquée » d'en parler. Elle fait part de sa nuit traumatisante à une amie puis à son compagnon en 2019 : « C'était tellement un traumatisme pour elle qu'elle avait besoin de le dire à la personne avec laquelle elle entrait dans une relation sérieuse. C'était difficile pour elle de refaire confiance à un homme après ce qu'elle avait traversé ». Si elle assurait « que ça ne servirait à rien de porter plainte », Marie a changé d'avis face à « toutes ces femmes qui parlent ». De son côté, l'interprète de "Decrescendo" « confirme de très nombreux éléments mais réfute toute violence et toute contrainte », affirmant que ce soir-là, Marie était réveillée et consentante. « Je n'aurais jamais ne serait-ce qu'imaginé faire cela à quelqu'un d'endormi » a-t-il expliqué à Mediapart, révélant avoir parlé de ce rapport sexuel à un ami. Lomepal se souvient également d'avoir pris le petit-déjeuner avec elle et un ami après cette soirée, ce dont ce dernier, contacté par Mediapart, « n'a pas souvenir ».

L'affaire de Mediapart revient aussi sur la première plainte déposée par Billie (prénom également modifié) en 2020 et révélée en 2023 par Le Parisien, qui avait dévoilé des extraits de la déposition sans le consentement de la plaignante. Dans cette affaire, la jeune femme, qui se confie à Mediapart, dit avoir rencontré le rappeur en 2015 avant de le retrouver deux ans plus tard à New York, pour le tournage d'un clip. A l'époque, elle avait 23 ans. Après un premier dîner où elle refuse les avances du rappeur, elle le retrouve quelques jours plus tard et le décrit alors comme « agité » et « plus agressif ». Il l'aurait alors suivi jusqu'à chez elle et, une fois arrivés dans son appartement, les deux auraient entamé un rapport consenti mais « dont elle n'avait pas envie ». « Il était pressé, je me sentais comme un objet sexuel » raconte-t-elle, expliquant avoir été « retournée », le rapport devenant « plus brutal ». Le rappeur aurait essayé de « l'étrangler » et de mettre « son poing dans la bouche » : « Il me tenait fermement par le bassin, j'ai commencé à ressentir de la peur. (...) J'ai dit un premier "non", puis "stop". J'ai repoussé son visage avec mes mains mais il a redoublé de violence, allant plus fort dans le rapport ».



"Il n'était pas net avec les femmes"


Découvrant que le préservatif utilisé était déchiré, Lomepal se serait mis à l'insulter : « Il m'a dit qu'il était sûr que j'avais une MST et que j'allais la lui refiler. (...) [Il m'a dit] "Tu fais genre t'es une meuf dominante mais en fait pas du tout, t'es vraiment qu'une soumise" ». Elle relate ses faits à une amie américaine, qui confirme ses dires à Mediapart, expliquant que Billie « n'avait pas l'air d'aller bien ». Là encore, le chanteur au 1,7 million d'auditeurs mensuels sur Spotify confirme certains éléments mais nie avoir été « agressif » et assure que la relation était « consentie » et « sans brutalité » : « Je ne lui ai ni tiré les cheveux, ni étranglé, ni aucun de ces gestes violents. Sans parler du poing dans la bouche qui est une pratique sordide et que j'ai découvert lors de notre confrontation, je ne saurais même pas comment faire ça. Je ne comprends même pas comment ce qui est décrit est physiquement possible. (...) Que nous n'ayons pas été en osmose, que ce moment n'ait pas été particulièrement tendre, je peux l'entendre. Mais ce qui est décrit là est faux ». Il dit avoir été très « angoissé » face au préservatif déchiré mais assure ne« pas (l'avoir) insultée ».

Billie affirme également qu'après cette nuit, elle a été contactée par un membre de l'équipe du rappeur, qui a dit « regretter » de lui avoir présenté Lomepal car « il n'était pas net avec les femmes ». Ce qu'il aurait réitéré dans un mail adressé au père de Billie : « Je sais qu'il n'était pas bien dans sa tête ». Contacté par Mediapart, ce proche du rappeur n'a pas souvenir de tels propos : « Je lui ai tout de suite demandé s'il s'était mal comporté avec elle, ou si elle avait subi des violences, ou s'il était alcoolisé, en lui proposant, si c'était le cas, d'aller porter plainte à la police. Elle m'a assuré que non, mais qu'elle n'avait pas aimé un rapport brutal ». Billie assure que cette histoire continue aujourd'hui de la miner et si elle a décidé de porter plainte, c'est après avoir vu un documentaire sur Jeffrey Epstein, homme d'affaires accusé de trafic de mineurs, qui s'est suicidé en 2019 dans sa prison. Une autre plainte a été déposée en novembre 2023 par une autre jeune fille, et révélée sans son consentement par l'AFP en mars dernier, qui accuse le rappeur de l'avoir violée chez elle en 2018 après un concert, alors qu'elle n'avait que 19 ans. Cette dernière n'a pas souhaité s'exprimer à Mediapart, mais l'artiste parle d'une relation consentie.

"Je n'ai pas commis de viol"


Face à ces accusations, Lomepal a tenu à répondre par écrit à Mediapart. S'il regrette ne pas avoir pu rencontrer physiquement les journalistes en raison de l'enquête en cours, le rappeur souhaite se défendre :« Certains gestes ou certains propos que vous évoquez ne sont pas et n'ont pas pu être les miens, mais je reçois cette parole et je l'entends. Nos récits sont souvent proches, voire identiques sur plusieurs points. Si certains de ces moments ont pu blesser ou laisser un souvenir amer, je le regrette sincèrement. Pour autant, je sais très bien que je n'ai pas commis de viol ». S'il a « cherché à comprendre comment ces contradictions pouvaient cohabiter », le rappeur assure avoir multiplié les relations « purement sexuelles avec des femmes que je ne connaissais pas et qui ne me connaissaient pas » : « Des relations parfois sans vraiment d'échange, sans tendresse particulière, et sans suite. (...) J'ai vécu avec la rumeur pendant plusieurs années, je vis aujourd'hui avec une procédure judiciaire publique ». S'il nie être « la star toxique » ou le « violeur » qu'on dépeint dans cette affaire, nul doute que la révélation de cette enquête devrait encore plus jeter le discrédit sur sa carrière.

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