Crédits photo : Laura Gilli
Kyo active la machine à remonter le temps avec la réédition de son album culte "Le chemin", qui fête (déjà !) son 20ème anniversaire. Personne n'a oublié les hymnes pop-rock qu'ont été "Le chemin", "Dernière danse" et "Je saigne encore" à cette époque bénie où le groupe a été propulsé au rang de phénomène national. « Tous les titres étaient joués à la radio. On aurait pu faire tout l'album comme ça ! C'est là que tu sens que le truc dépasse un peu tout ce qu'on avait imaginé. Même si on avait la naïveté et l'ambition de vivre cette vie-là, on ne s'attendait pas à ce que ça prenne cette ampleur » se remémore Benoît Poher dans une interview nostalgique accordée à Purecharts, où le chanteur et son acolyte Nicolas Chassagne se replongent avec plaisir dans des photos d'archives : « On rêvait d'être les groupes qu'on adorait comme Pearl Jam, Nirvana, Alice in Chains, ou Soundgarden. On rêvait d'être des rockstars ».
"On était assez jeunes..."
Avant d'accéder à la gloire en 2003, Kyo a toutefois traversé des chemins semés d'embûches. On a tendance à l'oublier mais trois ans avant "Le chemin", le quatuor parisien a sorti un premier album intitulé "Kyo" passé inaperçu dans le paysage musical. Et ce projet, distribué par Zomba Records, a véritablement connu une genèse compliquée ! « On était assez jeunes, on a signé très vite chez un éditeur et on a signé très vite sur une maison de disques. Mais on s'est quand même fait virer trois fois avant de sortir le premier album ! Quand tu es gamin et que tu signes en major, tu te dis : "Bah c'est bon, ça y est c'est parti". On n'avait pas conscience qu'une fois signé, on pouvait te rendre ton contrat » se souviennent les deux musiciens.
"Il y a des textes qui ne sont pas oufs"
Ce premier opus, qui posera la première pierre d'une carrière fructueuse, est souvent occulté des mémoires alors que certains titres comme "Mes racines et mes ailes" ou la ballade "C'est ma faute" préfigurent déjà le potentiel de la bande. « On en parle rarement parce que déjà, il y a 90% des gens qui pensent que le premier album c'est "Le chemin". Je sais parfois qu'il y a des fans qui sont fâchés, parce que moi je ne l'assume pas totalement... » indique le rockeur et auteur des chansons de Kyo. « C'est l'album où on découvre vraiment le métier, on apprend comment fonctionne un studio, comment ça marche. Particulièrement en tant qu'auteur, je trouve qu'il y a des textes qui ne sont pas oufs ! Mais il y a quelques chansons que les fans hardcore nous demandent souvent de jouer sur scène, et donc on le fera peut-être un jour » promet Benoît.
L'artiste qualifie ces débuts contrastés comme des « déconvenues ». « Cet album est sorti un peu dans l'anonymat. Et à la fois, on savait qu'on avait une marge de progression énorme, que ce soit au niveau des textes ou des arrangements. Je pense qu'on n'était pas prêt, tout simplement » analyse-t-il avec le recul. Pour le groupe, l'échec de "Kyo" a finalement été « une source de motivation » : « On n'a pas eu peur et on ne s'est pas dit : "C'est foutu, c'est trop dur". Au contraire, on va bosser plus et ça va le faire ». Les quatre amis d'enfance étaient d'autant plus déterminés qu'à l'époque, chacun bénéficiait du soutien de sa famille. « On vivait encore chez nos parents, on avait un toit, on ne se faisait pas trop de souci. On voyait bien les erreurs qu'on avait faites et tout ce qu'on avait envie de faire différemment » assure Nicolas Chassagne. Le reste appartient à l'histoire !