Crédits photo : Bestimage / EBU
La participation d'Israël à l'Eurovision 2024 divise l'opinion publique. En raison des événements tragiques qui se déroulent dans la bande de Gaza, où le peuple palestinien subit depuis des mois une riposte meurtrière à l'attaque terroriste perpétrée par le Hamas le 7 octobre, de nombreux commentateurs estiment que le pays Hébreu ne devrait pas concourir lors de l'événement, qui se tiendra du 7 au 11 mai à Malmö, en Suède. En janvier, 1.400 artistes finlandais ont signé une tribune pour réclamer l'exclusion d'Israël, et le mouvement a également pris de l'ampleur dans le pays-hôte où 1.000 signataires, dont Robyn, First Aid Kit ou Fever Ray, ont haussé le ton : « Ce n'est pas en accord avec nos valeurs qu'un pays ayant commis des crimes de guerre et occupant militairement un autre territoire se voie offrir une scène pour polir son image grâce à la musique. Ne glorifions pas le mal, choisissons plutôt d'être du bon côté de l'histoire ».

"Notre solidarité va avec les personnes oppressées"

Alors que la chanson israélienne, jugée trop politique, a été retoquée puis édulcorée pour être autorisée à participer sous le nom "Hurricane", l'organisation de l'Eurovision ne cesse de le marteler avec force, pour convaincre les sceptiques : l'Eurovision est un concours « apolitique ». « Les comparaisons entre les guerres et les conflits sont complexes et difficiles et, en tant qu'organisme de média apolitique, il ne nous appartient pas de les établir. Il ne s'agit pas d'un concours entre gouvernements » insiste notamment Noel Curran, le directeur de l'Union Européenne de Radio-Télévision (UER), tandis que des voix rappellent que la Russie a été exclue de l'Eurovision dès son invasion de l'Ukraine. Seulement voilà, le discours officiel ne fait pas consensus au sein même des 37 représentants nationaux. En effet, à un mois et demi du grand jour, neuf candidats en compétition brisent le silence pour exprimer le fond de leur pensée...

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Dans une lettre commune partagée sur les réseaux sociaux, Olly Alexander (Royaume-Uni), Bambie Thug (Irlande), Nemo (Suisse), le groupe Gåte (Norvège), iolanda (Portugal), Megara (Saint-Marin), SABA (Danemark), Silvester Belt (Lituanie) et Windows95man (Finlande) rejoignent la coalition internationale en faveur d'un « cessez-le-feu immédiat » du conflit israélo-palestinien. Soulignant leur « privilège de prendre part à l'Eurovision », les neuf artistes confessent « [ne pas se sentir] à l'aise de rester silencieux » à la « lueur de la situation actuelle dans les territoires palestiniens occupés, en particulier à Gaza, et en Israël ». « Il est important pour nous de témoigner notre solidarité avec les personnes oppressées et de communiquer notre voeu sincère pour la paix, un cessez-le-feu immédiat et durable, ainsi que le retour sain et sauf des otages. Nous nous opposons à toute forme de haine, et ceci inclut l'antisémitisme et l'islamophobie » poursuit la lettre.

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— olly alexander (@alexander_olly) March 29, 2024

Engagés dans la transmission de valeurs humanistes, ces chanteuses et chanteurs qui s'apprêtent à se produire devant 200 millions de téléspectateurs « [croient] fermement au pouvoir unifiant de la musique, qui permet aux gens de transcender les différences et d'encourager de profondes discussions et connexions ». « Nous ressentons qu'il est de notre devoir de créer et de maintenir cet espace, avec l'espoir solide qu'il inspirera une plus grande compassion et empathie » concluent-ils, en espérant que le message qu'ils portent puisse faire bouger les lignes. Pour l'heure, l'organisation en charge de l'Eurovision n'a pas réagi à cette déclaration publique.