Que valent les nouveaux albums de Lorde, Superbus et Kesha ? Nos critiques !
Purecharts passe en revue trois albums phares de ce début d'été. Alors que Lorde séduit la presse avec "Virgin", Superbus enclenche la machine à remonter le temps sur "OK KO" et Kesha se libère avec la pop pétillante de "Period". Nos critiques !

Thistle Brown / Eric Descout / Brendan Walter

Lorde | "Virgin"

Like a... De sa pochette, radiographie de son bassin, à un cliché présent sur le vinyle dévoilant son intimité, faut-il voir en "Virgin" une véritable mise à nu ? Quatre ans après un "Solar Power" lumineux mais qui n'a pas fait l'unanimité, la chanteuse néo-zélandaise revient aux bases de son univers. Comprenez une pop synthétique, dépouillée et mélancolique à souhait. Exit donc les robes jaunes et les pieds nus dans le sable : sur son nouvel album, Lorde s'installe dans le bruit et la fureur des rues new-yorkaises. La formidable ouverture, "Hammer" donne le ton d'un album entre délicatesse et agitation constante. « Born again », comme elle le chante, et libérée d'un carcan l'obligeant à refaire ad nauseam des tubes à la "Royals" ou "Tennis Court", Lorde mène sa barque, faisant fi des normes pop et des sommets des charts qu'elle atteint pourtant aisément. Entre les influences quasi drum & bass de "Shapelifter" et les nappes synthétiques des superbes "Broken Glass" ou "Current Affairs", Lorde habille ses chansons de textes plus crus qu'à l'accoutumée, évoquant la peur de la maternité après un rapport non protégé ("Clearblue") ou la question du genre ("Man of the Year"). « Qui va m'aimer de cette façon ? » se questionne-t-elle sur ce morceau. Une façon de s'exposer plus vulnérable que jamais sur ce disque, celui d'une "grown woman" ("GRWM"). Si le single "What Was That" (un "Green Light" bis) est plus oubliable, Lorde opère une mue fascinante avec ce "Virgin" qui, sans atteindre le niveau de "Pure Heroine" et "Melodrama", la replace sur son trône de reine (ou princesse, c'est selon) de la pop alternative.

A écouter : les superbes "Hammer" et "Current Affairs", des tubes !
A zapper : "What Was That", tentative ratée de refaire "Green Light", dommage

Superbus | "OK KO"

Rock'n'Gum. Neuf ans ont passé depuis son exaltante "Sixtape", et Superbus veut désormais nous mettre "OK KO" avec son nouvel album, le septième de sa carrière. Pour ce retour, le groupe français puise dans son passé tout en tentant par la même occasion de se renouveler. Deux expériences aux antipodes qui tentent de se marier sur 14 pistes aussi différentes que complémentaires, liées par la voix incandescente de Jenn Ayache. Porté par une énergie rock, ska ou pop, le disque de Superbus - taillé pour le live - s'inscrit dans la lignée des précédents avec ses petits tubes radio faussement légers comme "Aseptisé", "Baby Boom", "Mauvais réflexe" ou "La locomotive", ses textes simples mais qui sonnent bien, évoquant l'état de notre monde, l'insolence, la liberté ou le sexe, et quelques OVNIS ("Les cheveux"). Entre énergie et insouciance, la bande ravive même "Lola" et "Butterfly" dans des versions modernisées, et ose même quelques clins d'oeil à sa carrière ("L'ancre" rappelle "Ça mousse" sorti en 2006, "Stereo Song" fait le bilan après "Radio Song" en 2005). Mais n'oublie pas de dynamiter parfois ses propres codes, avec plus ou moins de réussite, s'essayant même à l'espagnol ("Estupido"). Un joyeux bordel en somme !

A écouter : les excellents "Mauvais réflexe", "L'ancre", "Aseptisé", "Baby Boom", "OK KO", du pur Superbus
A zapper : "Les cheveux" et "La corrida", malheureusement inabouties

Kesha | "Period"

Don't stop, make it pop. Un simple point rose en guise de titre. Le nouvel album de Kesha, que la presse a baptisé "Period", marque plus qu'une renaissance pour la popstar américaine : c'est une libération, après sa longue bataille médiatisée contre son ancien producteur et la création de son propre label artistique. La chanson d'ouverture répond au nom de "Freedom" et ce n'est pas un hasard. « Liberté, je t'ai attendue. Tout a changé maintenant » clame Kesha, qui écrit, compose et produit la plupart des morceaux, avant d'enclencher la machine disco-funk en clamant : « All of you motherfuckers watch out 'cause your bitch back in town ». Pop, décomplexé, résolument fun et affranchi, le disque est à l'image de son interprète, dont on sent et ressent véritablement le plaisir de s'amuser sans plus aucune contrainte - et la volonté de ne pas laisser son traumatisme la définir. Son esprit rebelle est bien vivant sur "Joyride", premier single jouissif de cette ère de renouveau, mais aussi sur "Yippe-Key-Yay", le rétro-80s "Red Flag", "Love Forever" ou "Glow", tous imprégnés d'un hédonisme communicatif. Oui, le projet, un peu foutraque, part dans tous les sens mais la période estivale autorise toutes ces folies. Seul regret ? Ne pas avoir inclus sur la tracklist le génial "Attention!" avec Slayyyter et Rose Gray, pour encore plus de paillettes dans nos vies !

A écouter : les bangers "Joyride", "Delusional", "Love Forever" et "Glow"
A zapper : "The One", une power ballad qui a un goût de déjà entendu

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.