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Le 10 décembre dernier, La Gaité Lyrique a été occupée de force par plus de 200 jeunes migrants, mineurs et sans solution d'hébergement, issus du "collectif des jeunes du parc de Belleville". Située dans le 3ème arrondissement de Paris, la salle mythique parisienne ne peut donc plus accueillir de public, et la moitié de la programmation a depuis été annulée, dont le festival "Marathon !" prévu ce samedi 14 décembre ou Le Noël solidaire de la Gaîté. « La Gaîté lyrique n'est pas adaptée pour que l'on y vive, mais nous avions besoin de nous mettre au chaud, et nous ne partirons pas de là sans une solution d'hébergement réelle et durable. Nous sommes mineurs, nous y avons droit » explique l'un d'eux au Parisien, alors qu'ils sont désormais plus de 300, dont la plupart viennent d'Afrique subsaharienne, à résider au sein de l'établissement dans des conditions inadaptées.
"Cette inaction met en danger les personnes hébergées"
Si les dirigeants de La Gaîté Lyrique « regrettent le caractère subi et soudain de cette occupation », ils rappellent « le caractère légitime de la revendication du collectif ». Dans un communiqué officiel, les représentants « dénoncent vivement l'inaction et l'incapacité de dialogue entre les services de l'Etat et ceux de la Ville de Paris » : « Cette inaction met clairement en danger les personnes hébergées et les équipes qui affrontent seules la situation, sans aucun calendrier de résolution alors qu'en aucun cas la Gaîté Lyrique n'est compétente et ne dispose des espaces et moyens sanitaires pour offrir une solution d'hébergement à ces personnes, dans le respect et la dignité humaine ». Malgré cette situation difficile, « il est impensable au risque de les mettre en danger, de rejeter ces personnes à la rue, au mois de décembre, alors que les températures avoisinent 0° » expliquent-ils.
« Près de 500 jeunes dorment dans des gymnases de la ville, nous avons mis à disposition tout ce qu'on pouvait » se défend Léa Filoche, adjointe à la Maire de Paris en charge des solidarités, qui se refuse elle aussi à expulser les 300 personnes qui occupent la salle de spectacles : « Ces jeunes n'ont rien à faire dehors par ce froid, je ne peux pas assumer de compter les morts ces prochains jours. Ce que nous demandons à l'État, c'est une prise en charge digne et pérenne. Parce que des endroits, ils en ont. Le Val-de-Grâce, l'Hôtel-Dieu par exemple. Et ils ont de nombreux autres sites inoccupés ou peu utilisés ». Et la situation s'enlise, si bien que la survie de La Gaîté lyrique est en jeu. « Le manque à gagner est tel que l'on va droit vers un dépôt de bilan. La menace pèse sur les emplois des 60 salariés. On essaye de maintenir tout ce qu'on peut, de s'organiser au jour le jour... Mais on ne peut pas faire de miracle » confie Juliette Donadieu, la directrice du lieu, inquiète. Près de 3.500 sans-abris dormaient dans les rues de Paris début 2024 selon un rapport de la mairie.