Crédits photo : Laurent Seroussi
Au fil de sa carrière, Zazie a toujours été une artiste engagée. Comme lorsqu'elle évoquait le Front National et Jean-Marie Le Pen sur "Tout le monde", qu'elle prônait l'amour universel et le mariage pour tous dans "Adam et Yves", qu'elle dénonçait l'inhumanité dans "Je suis un homme", qu'elle célébrait les femmes sur "Aux armes citoyennes" ou qu'elle pointait du doigt notre société de consommation dans "Etre et avoir". Alors qu'elle sort aujourd'hui son 11ème album "Aile-P", la chanteuse n'a rien perdu de sa plume incisive. Et surprise, son disque ne comporte que huit titres, dont quatre déjà présents sur "L'EP". « La première raison était de trouver un peu de légèreté face au diktat des formats. Il paraît que les artistes qui ont trente ans de carrière ne sortent que des albums... Qui a décidé ça ? Et quand ? (...) Parfois, deux ou trois ans peuvent s'écouler entre le moment où on crée une chanson et celui où on la sort. En interview, on se retrouve à en parler en étant dans un autre état d'esprit. Là, c'est tout frais » explique-t-elle dans 20 Minutes, plus libre que jamais.

"Pour que toutes les couleurs brillent encore"

Après le premier extrait éclatant "Let It Shine", à contre-courant face à la morosité ambiante, Zazie poursuit la promotion de son album avec le titre "Couleur", décrit comme « une chanson manifeste » où elle délivre « un message universel de tolérance, indignée par les violences et les discriminations de toute nature ». « Ce monde j'peux plus l'voir en peinture / Ca fait trop longtemps que ça dure / Que ce soit clair, que ce soit clair / Je suis noire, blanche, je suis de la couleur / De l'espoir / Et blanche et noire, et dans mon coeur / Je suis Floyd, Blake, flamme qui veille les morts / Pour que toutes les couleurs brillent encore » scande Zazie sur le refrain électro et intense de "Couleur", concocté avec Jean-Pierre Pilot et Édith Fambuena. Un titre en écho aux bavures policières contre la communauté noire, où l'artiste évoque les meurtres de George Floyd ou Jacob Blake aux Etats-UNis. Et de conclure : « Je porte toutes les couleurs à mon drapeau / Est-ce que c'est clair ? ».




« Je fais partie des gens qui ont été un peu traumatisés par certaines images, il y a un moment déjà, sur Floyd, Blake et tout un tas de gens, où on sait que malheureusement c'est tous les jours que ça existe. (...) On va enfoncer quelques clous... J'avais fait "Tout le monde il est beau", j'avais déjà fait des chansons engagées là-dessus. J'en remets une petite couche. Je n'ai pas de mission particulière, mais c'est pas mal de mettre un petit sens » confiait Zazie ce matin sur RTL2, avant d'expliquer l'ouverture de son texte à d'autres causes : « C'est toutes les couleurs. Je suis partie du racisme, et c'est toutes les phobies : la xenophobie, l'homophobie... Tous les trucs en phobie quoi ».