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samedi 25 novembre 2023 12:39

Vianney en interview : "Chanter contribue à ce que ce monde soit plus respirable"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Vianney vient de sortir son nouvel album "A 2 à 3", composé de duos et trios avec Zazie, Florent Pagny, Ed Sheeran, Mika ou Mentissa. En interview sur Purecharts, le chanteur se confie sur le naissance de ce projet, les ventes, l'importance de la culture, sa paternité, son prochain album ou encore les Victoires de Musique.
Crédits photo : DR
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Quel a été le déclic pour ce nouvel album "A 2 à 3", composé de duos et de trios ?
J'en avais fait quelques-uns avant cet album. Le tout premier c'était avec Joyce Jonathan, et j'avais compris là que ça m'épanouissait énormément de travailler avec d'autres. C'est quelque chose qui me fait progresser et qui me rend plus heureux. Je l'ai ensuite fait avec Gims puis d'autres, et j'ai adoré ça à chaque fois. Ce projet-là émane de ces rencontres. Le premier duo pour ce disque c'était avec Janie, qui faisait ma première partie à l'époque. Je lui ai proposé de faire de la musique en studio tout simplement, car on s'entend bien et que j'admire ce qu'elle fait. Et là on se retrouve à faire une première chanson, après j'en ai fait une avec Ed Sheeran, avec Mika... Et ça a donné un album de duos.

Les gens qui sont sur cet album, ils font partie de ma vie
Est-ce que cet album, c'est aussi pour contrer le fait que ce métier isole parfois ?
Je veux bien croire que ça puisse isoler mais moi je ne l'ai jamais trop senti. J'ai tout le temps des gens autour de moi. Avec mon label, on se parle tout le temps. C'est peut-être différent quand tu es dans une grande maison où tu as du mal à joindre ton chef de projet. Moi ce n'est pas le cas. Je n'ai jamais eu le sentiment d'être seul. En revanche, j'ai toujours eu conscience qu'il y avait des trucs géniaux qui se passaient en dehors de ma fenêtre, des choses que je ne voyais pas, qu'il fallait que j'aille chercher pour progresser et faire de belles rencontres. Les gens qui sont sur cet album, ils font partie de ma vie, ce n'est pas que pour un album.

J'ai l'impression que ce disque a été l'occasion de réaliser des rêves, comme travailler avec Ed Sheeran, Renaud ou MC Solaar...
Bien sûr ! Ce sont tous des gens inspirants, c'est ça leur point commun. Après évidemment, certains ont une dimension plus iconique donc ça ajoute une émotion au moment de travailler avec eux. Mais, de toute façon, que ce soit Aiden, le sans-abri Eric Devillers ou Ed Sheeran, s'ils sont là c'est qu'ils m'inspirent et qu'humainement j'ai de l'affection pour eux.

Mon vrai salaire, ce n'est pas les ventes
Dans une note d'intention il est écrit que "l'une des obsessions de Vianney c'est la considération des invisibles, des petits". Il y beaucoup de paroles humanistes, la présence d'Eric Devillers, ancien SDF, et des artistes moins connus. C'est important pour toi de les mettre en avant ?
Ah oui bien sûr. Et puis c'est naturel surtout. En général, j'adore écouter ce qui est nouveau, de sentir le début de quelque chose. Bien sûr que j'aime travailler avec Kendji, Florent Pagny ou Ed Sheeran, mais c'est plus difficile de travailler avec des nouveaux, des gens qui débutent. Il faut trouver l'angle, l'histoire, l'esthétique sonore... Et je crois que je préfère quand c'est un peu plus compliqué. (Sourire) J'ai le sentiment de progresser davantage.

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La présence d'Eric Devillers, que tu as rencontré lors de tes engagements pour les plus démunis, sur la chanson "Debout", elle était primordiale j'imagine. Tu voulais faire passer un message fort sur le sort des SDF ?
Oui, mais au-delà du message, c'est juste que j'ai rencontré ce gars, qu'on s'est adoré et que je trouve qu'il a beaucoup de talent. On se retrouve finalement à faire ce duo ensemble. Mais il n'y aurait pas eu l'album, on l'aurait fait quand même, c'était évident. Ça fait partie d'une très belle rencontre. Artistiquement, il a vraiment des choses à dire, il est très inspirant donc on a fait de la musique.

La culture permet d'avancer dans ce monde de fou
L'album est entré numéro un ! C'est toujours important pour toi les ventes ?
C'est toujours gratifiant. Après, il faut être évidemment conscient que cette époque n'est pas propice à la vente d'albums. Il faut savoir garder raison sur ce à quoi ça correspond. C'est gratifiant au moment où ça tombe, mais globalement ce n'est pas ça que je retiens de mon métier. Mon vrai salaire, il n'est évidemment pas là, il est dans ce que les gens me disent de mes chansons dans la rue, comment j'ai pu les accompagner dans des moments plus ou moins heureux, d'appartenir à la vie de quelqu'un grâce à une chanson. Ça, ça n'a pas de prix. Mais oui quand les gens sont nombreux, c'est énorme. Je suis très chanceux, c'est tout ce que je me dis.

Tu chantes avec Zazie, "Comment on fait", une chanson sur le chaos du monde qui nous entoure. Comment tu fais toi justement pour affronter ce monde, l'actualité, les tensions, et garder quand même foi ?
Je ne réfléchis pas réellement. Ma mission est très claire : je dois faire ce que je sais le mieux faire, et ce sont des chansons. Dedans, je mets beaucoup de ce que je suis. En moi, j'ai beaucoup d'amour et ça, ça ne fait pas de mal. Je ne fais pas de mal, et par les temps qui courent, je peux davantage faire de bien. Je reste concentré sur les gens que j'aime et sur cet amour de la musique qui m'anime, qui me porte, qui me permet de tout affronter. Je n'ai jamais peur. Dans mon métier, il faut ne pas avoir peur, il faut y aller, aller au bout de nos projets. Il y a des vents contraires forcément. L'idée c'est de rester concentré sur le positif, et le positif c'est ma passion. Ma passion fait que je n'ai jamais rien lâché et ça n'arrivera pas en fait.




On sent quand même une petite inquiétude dans tes paroles comme "J'regarde le monde et j'm'y fais pas, immonde et sublime à la fois" ou "Avant j'avais jamais peur, puis j'suis devenu parent, j'ai peur de l'avenir, non pas du mien mais du leur". Devenir papa a ajouté une conscience sur l'avenir ?
Oui, forcément. Avant d'être papa, on pense surtout à nous, et quand on le devient, d'un coup on se dit que ce petit être a besoin de nous, et que c'est sa vie à lui qui est importante. Forcément, ça compte beaucoup. Je fais un métier où on contribue à ce qu'il reste un peu d'oxygène, pour que ce monde soit un peu plus respirable. La culture au sens large, que ce soit la littérature, le cinéma ou le théâtre, c'est ce qui permet aux gens de traverser le monde sans trop regarder ce qui ne va pas et ce qui nous fait du mal. Moi aussi je me nourris de culture, ça me fait aller bien. Mes enfants, c'est les armer que de leur transmettre cet amour de l'art. C'est ce qui nous permet d'affronter, d'avancer, dans ce monde qui est fou. C'est une réalité. Je ne sais pas s'il est plus fou qu'avant mais il est bien abîmé en ce moment...

Je n'ai pas le temps de créer, c'est un peu frustrant
Tu as annoncé faire une pause des tournées, en évoquant ta famille et ta santé mentale. Cependant, ton planning est très très chargé. On te voit beaucoup, en promotion pour cet album, tu seras le parrain du Téléthon, il y a les tournages de "The Voice"... C'est dur de trouver le bon équilibre ?
Ça demande une réflexion et des choix, parfois déchirants comme celui d'arrêter la tournée. Quand je parle de santé mentale, je parle d'équilibre de vie. On a une passion qui est dévorante, elle me dévore au quotidien, c'est comme ça. Ça me bouffe la nuit, la journée... Parfois, il faut que je fasse en sorte que les choses se calment. Après, oui, la période est très chargée mais au moins je dors à la maison et je t'assure que c'est une énorme différence. Je ne suis pas du tout à plaindre, je crois avoir trouvé l'équilibre, et j'ai pu le trouver. Il y a des gens qui ne peuvent pas, qui aimeraient être chez eux, mais ils n'ont pas le choix.

Tu aimerais faire un volume 2 de "A 2 à 3" dans les années à venir avec d'autres artistes ?
Alors, en tout cas, ce n'est pas du tout en projet. On n'a jamais évoqué un volume 2, jamais, jamais. Pour moi, c'était une parenthèse qui m'a apporté beaucoup de bonheur. C'est une grosse expérience de musique, ça m'a rendu très heureux, mais je n'ai pas le sentiment de devoir faire plusieurs volumes de cette aventure-là.




Tu es un artiste très prolifique. Est-ce que tu travailles déjà sur un nouvel album solo ?
Pour l'instant, c'est en stand by. Là je suis dans une grosse période de promo, de tournages de "The Voice"... Je n'ai pas le temps de créer, c'est un peu frustrant, mais je pense que cette frustration, elle sera fertile dans quelques mois. Je vais tout ralentir à partir de janvier. Là, je joue le jeu à fond parce que ça me fait plaisir, je revois des gens que je n'avais pas vus depuis des années, donc c'est trop bien. Mais je sais que je ne serais jamais aussi heureux qu'en studio donc je vais reprendre bientôt tout ça.

Début 2024, il y aura les Victoires de la Musique. C'est toujours important d'être nommé quelque part, d'avoir ce type de reconnaissance ?
Forcément, ce serait ingrat de dire que ça compte pas, donc je ne le dis pas. Mais dans mon ressenti, je reconnais que ça ne me porte pas au quotidien, je m'en fiche pour être très franc. Par contre, quand ça arrive, je suis content, je suis touché. Mais ce n'est pas ça qui reste. On me parle de mes chansons dans la rue, et jamais des Victoires de la Musique ou des NRJ Music Awards. Mon obsession elle est évidemment sur les chansons. Et c'est ça qui doit compter plus que tout le reste.
Ecoutez et/ou téléchargez le nouvel album de Vianney sur Pure Charts.

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