Où puisez-vous cette énergie phénoménale que l’on ressent à l’écoute de votre dernier album, « Come Out And Play » (Mathieu Rosaz et Agnès Ceccaldi, rédacteurs) ?
Kim Wilde : Je crois qu’en avançant dans la vie, l’énergie que j’avais quand j’étais très jeune est devenue de plus en plus forte. Où je la trouve, c’est une question intéressante…
Visionnez « Get out » live acoustique :
Dans votre jardin ?
Oui, la terre, le jardinage, c’est vraiment la même énergie que celle qu’on peut trouver dans la musique. Je puise ma force dans l’« énergie universelle ». Tout le monde ne comprend pas forcément quand je dis ça. Mais c’est vraiment comme ça que je le ressens.
Comment s’est passée l’écriture du dernier album ? J’ai remarqué que vous aviez signé entièrement le joli titre « Jessica »...Il y a beaucoup de chansons auxquelles j’ai participé avec différents auteurs. En général, j’écris les premières lignes et ensuite on continue ensemble. La chanson « Jessica » parle de ma chienne. Une nuit, j’étais malade, je n’arrivais pas à dormir et c’est là que cette chanson m’est venue. Je l’ai fredonnée dans mon iPhone. Et je vais la jouer ce soir toute seule au piano. Ça m’amuse beaucoup que les gens me voient chanter un titre comme ça, tout simple, et enchaîner avec d’anciens morceaux comme « Kids In America ». C’est comme faire le grand écart, c’est drôle, surprenant !

Pouvez-vous nous parler de « Love Blonde », qui fut un grand succès en France en 1983. C’est une chanson dans un style différent de vos autres tubes, et qui me rappelle un peu le « Fever » de Peggy Lee.
C’est vrai qu’elle est très jazzy, un peu comme « Jessica ». C’est mon père et mon frère qui ont écrit cette chanson. Je crois que mon père l’a faite spécialement pour moi, mais quand je la chante, j’en fais un hommage à toutes les blondes, à toutes les icônes blondes, dont je fais un peu partie. C’est important et ce n’est pas grand chose à la fois. Ça sort juste d’une bouteille de shampoing décolorant, après tout (rires) !
Visionnez « Love Blonde », chez Guy Lux :
Oui ! J’adore les chansons de Michel Berger. Il accordait autant d’importance aux mots qu’à la musique. C’est un peu votre force je crois, et c’est pour ça peut-être que les Français aiment ma musique. Mes chansons racontent beaucoup d’histoires, sur des mélodies puissantes. J’ai rencontré plusieurs fois Michel Berger. J’ai dîné avec Laurent Voulzy la dernière fois que je suis venue à Paris. Et je suis une grande fan d’Étienne Daho. Il est très mignon en plus… !
Visionnez Kim Wilde et Michel Berger sur la version anglaise des « Uns contre les autres » (Starmania) :
L’un de vos derniers hits en France était « Can’t Get Enough (Of Your Love) », paru en 1990. Bizarrement, ce titre que vous dites aimer particulièrement est absent de toutes vos compilations. Pourquoi ?
Il figurera dans la prochaine compilation, qui sortira vers la fin de l’année. Je vais la chanter ce soir ! C’est effectivement une de mes chansons préférées avec « You Came ».
Visionnez «Can’t Get Enough (Of Your Love) » live (Fête de la Musique 1990, Paris) :
J’étais dans une soirée à Berlin, une soirée pour les médias. Nena était là et elle est venue me parler et me demander de participer à son nouvel album.
Visionnez le clip de Kim Wilde et Nena,« Anyplace, Anywhere, Anytime » (2004) :
Comment fait-on pour ne pas se lasser de chanter un tube comme « Kids In America », qui a maintenant 30 ans ?
C’est grâce au public. Dès que l’intro commence, je sens une énergie incroyable qui vient de la salle. C’est presque tangible ! On ne peut pas lutter ! Et puis, vous savez, je n’ai pas chanté « Kids In America » pendant de nombreuses années. Je m’étais désintoxiquée de la pop music (rires) ! Toute ma passion pour la musique était passée dans le jardinage et dans la vie au quotidien auprès de mes enfants, bien sûr.
Visionnez "Kids In America" live (2010) :
Dans la chanson « European Soul », issue de l'album « Close », 1988), vous rendez un bel hommage au peintre Marc Chagall. Comment est née cette chanson ?
Oh… J’adore ce peintre. Lorsque je suis allée à Mayence, en Allemagne, j’ai visité l’église Saint-Étienne, avec ses vitraux sublimes qui furent la dernière œuvre de Marc Chagall. C’est un endroit magnifique. D’ailleurs, j’ai vu qu’il y avait bientôt une exposition sur Odilon Redon au Grand Palais, à Paris. J’aime aussi beaucoup ce peintre et son univers mystique.
En 1988, c’était sur le « Bad Tour ». J’ai fait sa première partie pendant trois mois. Michael était au top à l’époque.
D’un point de vue professionnel, j’ai beaucoup appris, ça m’a donné envie de me dépasser, mais ça m’a aussi effrayée. J’ai pu voir de très près le phénomène “Jackson”, son triomphe et à quel prix cette gloire se payait humainement. Je suis contente finalement de n’avoir jamais eu à payer ce prix-là. J’ai pu avoir tout le plaisir, rester créative, faire de la musique, chanter et conserver ce lien unique avec mon public, tout en gardant la tête sur les épaules. C’est bien plus précieux à mes yeux que tout l’argent et tout le succès du monde.Merci Kim, et m.... pour ce soir !
Merci à vous !
Visionnez Romain Duris sur « Cambodia » dans le film de Christophe Honoré, "Dans Paris" (2006) :
*Kim Wilde a épousé le comédien Hal Fowler en 1996. Ils ont deux enfants : Harry Tristan (né en 1998) et Rose Elisabeth (née en 2000).
Interprète langue anglaise : Emmanuel Denizot.
Crédit photos live : Agnès Ceccaldi.