"Où sont mes gays français ?" : Katy Perry à Paris, le concert le plus déjanté de l'année
Hier soir, Katy Perry a donné le premier de ses trois concerts à l'Accor Arena de Paris. Pendant 2h15, la popstar a fait oublier le flop de son dernier album pour livrer un show délicieusement barré et rempli de tubes. Nous y étions !

Anthony Bouin / Purecharts
C'est en quelque sorte la meilleure des revanches. Alors que son dernier album "143" a été un échec et qu'elle a multiplié les polémiques, Katy Perry fait salle comble en Europe avec sa tournée "The Lifetimes Tour". Il faut dire que cela faisait sept ans que la popstar n'avait plus posé ses valises sur le Vieux Continent et notamment en France, où quatre concerts ont été programmés pour répondre à la demande : trois à Paris et un à Lyon. Sans compter les quatre dates en festivals prévues l'été prochain ! Première étape ce vendredi soir dans un Accor Arena parisien archi-comble, avant un retour début novembre.

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Les 15.000 spectateurs présents, dont beaucoup de mères et leurs jeunes filles, n'en n'ont que faire de ses dernières chansons très froidement reçues. Tous sont venus prendre leur shot de nostalgie et revenir 15 ans en arrière, à l'époque où Katy Perry était sur le toit du monde et où chacun de ses singles était numéro un absolument partout. Et c'est ce qu'a très bien compris la principale intéressée en faisant de ce spectacle un véritable show best-of. Pour cette tournée, elle nous plonge dans l'univers d'un jeu vidéo, à travers de (trèèèès) longues interludes montrant un monde en décrépitude. Des images totalement créées par IA, tout comme le visage de Katy Perry (petit malaise), qui joue l'héroïne de ce jeu combattant le mal grâce au pouvoir de l'amour. Le tout monté en cinq actes dans cinq univers différents, où elle va devoir récupérer des points de vie, en forme de coeur, pour avancer dans sa quête. C'est un peu risible, on vous l'accorde. Mais on lui pardonne !


Un show XXL génialement kitsch

Car avec ce "Lifetimes Tour", Katy Perry met en place un show XXL. Là où certaines de ses collègues se contentent d'un simple dispositif visuel, la California Gurl propose une multitude de petits écrans morcelés et surtout une immense avancée en forme du symbole de l'infini (un 8) qui occupe deux tiers de la salle. Sans compter tout un tas d'éléments physiques (tuyaux, fleurs géantes, échafaudages) frôlant parfois le kitsch. Comme cet immense globe dans lequel elle fait son apparition, pour un premier acte résolument électro. Après l'oubliable "Artificial", le défilé de tubes est lancé avec "Chained to the Rhythm" ou "Dark Horse" remodelés à la sauce house. Plus tard, "Wide Awake" ou "Daisies" subiront le même traitement inattendu.

Certes, il faut subir les récents "Nirvana", "All The Love" ou "Crush" et leur EDM datée, mais ceux-ci font illusion dans l'euphorie générale. Et puis, il y a les tubes. Et c'est peu dire que Katy Perry en a une sacrée collection ! Le deuxième acte, le meilleur, la voit ainsi enchaîner cinq de ses hits emblématiques : "California Gurls", "Teenage Dream", "Hot N'Cold", "Last Friday Night" et "I Kissed A Girl". Même le polémique "Woman's World", glissé en ouverture de ce deuxième acte, fonctionne à merveille. Le quinté gagnant ? Oui, mais elle les expédie systématiquement en un couplet / deux refrains. Un véritable sacrilège devenu malheureusement signe des temps chez les popstars...


"Tu as 41 ans, mais en paraît 21 avec le botox"

D'autant que Katy Perry ne s'économise jamais. Si le chant est parfois en playback et les chorégraphies souvent minimes, la chanteuse ne perd de vue aucun des 15.000 spectateurs présents à l'Accor Arena. Et se la joue Pink en enchaînant les acrobaties et même les pirouettes dans les airs. Au-delà de la star célébrée, Katy Perry prouve qu'elle est plus proche que jamais de son public. Ses Katycats, ou « petites chattes » en français, comme elle s'amuse à le répéter. Sur sa scène qu'elle parcourt de long en large, elle prend le temps de saluer la foule et s'amuse d'une pancarte sur laquelle est inscrite « Tu as 41 ans, mais en paraît 21 avec le botox ». Car ce show a une saveur particulière pour la chanteuse, qui souffle ce samedi sa 41ème bougie. « C'est mon anniversaire demain, on va aller fêter ça dès que le show est fini dans un club gay, La Fierce » lance-t-elle. Avant de présenter l'un de ses danseurs, Jake : « Il est célibataire et sur Grindr. Il adore les garçons français. (...) Où sont mes gays français ? ». Et le public d'enchaîner sur un joyeux anniversaire avec les musiciens.

Au milieu du show, un QR code apparaît sur l'écran et permet aux fans de choisir une chanson rare de l'album "Prism" pour le désormais traditionnel "moment surprise" des concerts pop. C'est "Love Me" qui est désignée. La chanteuse en profite pour faire monter plusieurs fans sur scène, certains venant de la fosse, d'autres des gradins. Dont deux femmes habillées en banane : quand elles révèlent être anglaises, la salle les hue copieusement. « Non, arrêtez ! C'est pas possible [en français dans le texte], ce sont vos voisins » s'exclame Katy Perry. Avant de se raviser : « Comme c'est mon anniversaire, je vais me faire mon propre cadeau. Au lieu de faire "Unconditionnally" comme prévu, je vais chanter ma chanson préférée, "Not Like The Movies" ». La ballade douce-amère qui concluait "Teenage Dream" est accueillie avec émotion par les cinq admirateurs sur scène.


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La suite est plus sombre. Dans une mise en scène rappelant "Star Wars" ou le "Drowned World Tour" de Madonna, Katy combat des sbires maléfiques, sabre laser en main. Quand le Mal s'empare de Bercy : le son est brutalement coupé lors d'un interlude et la chanson suivante peine à démarrer. « C'est quoi ce bordel ? » hurle Katy Perry, visiblement tendue, à tel point qu'elle rate quelque peu "Part of Me", étonnamment le tube qu'elle fait durer le plus longtemps sur scène. Lassitude, fatigue ou énervement, la chanteuse chante une phrase sur deux et laisse le playback prendre le dessus pendant quelques minutes.

Puis elle se reprend avec la séquence la plus attendue : après avoir battu le boss final avec sa lumière et son coeur (on vous avait prévenu...), la guerrière de l'amour chevauche un papillon géant survolant Bercy au son de "Roar". Ça pourrait paraître totalement ringard mais l'effet fonctionne du tonnerre, surtout quand la star apparaît à quelques mètres des gradins... Magique ! « Bon, ça fait deux heures que vous l'attendez donc ça y est ». Et c'est parti : en guise de final des plus jouissifs, l'intemporel "Firework" retourne littéralement Bercy. Un court merci, une disparition hâtive et le show prend fin. Game over ? On a déjà envie de remettre une pièce dans la machine !

Anthony Bouin / Basique

Setlist du concert de Katy Perry à Paris

ARTIFICIAL
Chained to the Rhythm
Teary Eyes
Dark Horse
WOMAN'S WORLD
California Gurls
Teenage Dream
Hot n Cold
Last Friday Night (T.G.I.F.)
I Kissed a Girl
NIRVANA
CRUSH
I'M HIS, HE'S MINE
Wide Awake
Love Me
Not Like the Movies
ALL THE LOVE
E.T.
Part of Me
Rise
Roar
Daisies
LIFETIMES
Firework

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
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