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samedi 23 juillet 2022 12:30

Santa (Hyphen Hyphen) lance son projet solo : "Avec moi, c'est tout ou rien"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Chanteuse du groupe Hyphen Hyphen, Santa présentera le 9 septembre son premier projet solo, "999". Pour la première fois, l'artiste y chante en français. "C'est mon bébé, de A à Z" confie-t-elle en interview pour Purecharts.
Crédits photo : Parlophone
Propos recueillis par Yohann Ruelle.

Adam et Line, comment vous avez réagi lorsque Santa vous a parlé de ses chansons solo ?
Line : On est tout le temps ensemble et le soir, souvent, on se pose pour boire un petit coup, avec une cigarette. Santa se met au piano dans le salon et joue. Et puis un soir, elle s'arrête. Elle nous regarde avec une petite moue et nous dit "Je n'ose pas...". Et elle commence à chanter un morceau qui était "Popcorn salé". Avec Adam, on est tombés par terre, c'était tellement beau ! On était subjugués. On a vraiment été très présents pour la soutenir pendant tout son processus parce qu'on voulait vraiment que ça sorte. Cet album, il est hyper important pour nous aussi et je suis trop fière de toi.
Santa : Oh, merci... C'est un projet qui n'aurait pas pu voir le jour sans eux.

« Je joue de tous les instruments »
C'était important pour toi d'avoir leur approbation ?
Santa : Au-delà de l'approbation, ce sont eux qui m'ont poussée à aller dans cette direction. Vraiment !
Adam : Le monde a besoin d'entendre ses chansons !
Line : Elle ne pouvait pas les garder pour elle.
Santa : Le processus s'est engagé quand ils m'ont dit d'y aller. A la base, ce sont des chansons en piano-voix mais il fallait les finir, les peaufiner.
Line : Elle s'est bien amusée ! (sourire)
Santa : Le début est sobre, mais on va partir sur quelque chose de beaucoup plus excentrique. Ça va être un crescendo de folie. Ça s'est fait vraiment naturellement, le soir, alors qu'on apportait les finitions à l'album de Hyphen Hyphen. C'était de l'écriture automatique, presque ! J'ai pour habitude d'écrire à un rythme conséquent sur des carnets, en anglais. Et cette fois-ci, ça a bifurqué sur du français, avec des textes beaucoup plus intimes, pour m'aider à traverser ce moment. La libération, le côté fun, c'est arrivé après, quand j'ai produit les chansons. J'ai tout fait moi-même.

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Adam et Line n'ont pas participé du tout ?
Line : Ah non, on était simplement l'oreille quand elle nous demandait "Vous en pensez quoi ?". Santa elle a pris ma basse et elle a joué elle-même !

Tu es donc une femme-orchestre !
Santa : Exactement. (Rires) Je joue de tous les instruments. C'est mon bébé, de A à Z.

Tu avais déjà écrit des chansons en français avant ?
Santa : Oui mais c'était pour d'autres artistes, pas pour moi. Là, tout s'est fait dans une urgence.

« Tout s'est fait dans une urgence »
Le français permet une écriture plus directe, moins filtrée ?
Santa : Hmmm. Avec l'anglais, ce sont deux langues différents, ce n'est pas la même manière de penser. Moi ce que j'aime dans le français, c'est ce côté très carré, très rythmique. L'anglais, ça repose un peu plus sur le flow, qui est plus arrondi et correspond plus à de la pop ou aux grands hymnes de stade. Là, on est dans quelque chose de beaucoup plus personnel mais dans le sens, pas dans le son.
Adam : La langue teinte comme un instrument.
Santa : Je me suis beaucoup amusée avec les jeux de mots et les allitérations. Il y a beaucoup de second degré et de double lecture possible. Sans tomber dans la mauvaise prose !

Sur le premier single "Popcorn Salé", on pense immédiatement à Véronique Sanson dans la façon d'interpréter cette chanson au piano. C'est une figure référente ?
Santa : Inconsciemment, ça fait partie de moi. J'ai découvert la variété française par les grands noms de la variété française assez tard. Et je sais que Michel Berger, Véronique Sanson, Daniel Balavoine, Mylène Farmer et Jean-Jacques Goldman m'ont beaucoup marquée. Il y a forcément des mimétismes qui se produisent, de manière involontaire ! C'est vrai qu'il y a le piano-voix, l'intensité, le côté très direct... Mais c'est tellement un joli compliment que je rougis.

« Je dansais seule la nuit ! »
Il y a les fantômes de Michel Berger et France Gall sur "Réveil", "Accélère" est un pur hommage à "Maniac"... Tu as poussé le curseur années 80 à fond !
Santa : Grave ! Et encore, tu as écouté les versions non mixées. Ça va prendre une autre dimension. Avec moi, c'est tout ou rien. Sur plein de chansons, il y a une envie d'aller jusqu'au bout de l'émotion et du côté fun dans la production. Les années 80, on les regarde avec nostalgie avec ces sonorités électroniques, la batterie, cette volonté que quelque chose de dansant soit impactant... La MPC [machine fabriquée par Akai servant à la composition, ndlr] a causé un grand retournement dans la production. "Accélère", c'est ça. J'y vais à fond ! Je dansais seule la nuit, dans un feu de joie, au milieu du studio. (Rires)




« J'ai tourné mes profondes peurs en un cri de rage »
Sur le deuxième extrait "Qui a le droit", tu évoques l'amour pour tous et l'intolérance avec beaucoup d'émotion. C'est un cri du coeur ?
Santa : C'est sorti comme un manifeste. Sa sortie n'était pas du tout prévue mais il fallait que ça sorte parce que le contexte était trop angoissant. Face à l'angoisse, j'aime bien crier. J'ai mis sur papier mes questions et tourné mes profondes peurs en une forme de cri de rage.

Quel contexte, exactement ?
Santa : La montée de la haine en France, de l'intolérance. Cette espèce de tyrannie de la majorité qui nous fait vivre, je pense, des moments troubles de l'histoire.

C'est important pour toi de parler de la réalité des amours LGBTQ+ dans une chanson ?
Santa : Aussi, oui ! Mais pas que. Ça commence par quelque chose de très micro sur le genre. Par exemple, moi j'ai toujours souffert qu'on m'appelle le garçon manqué quand j'étais petite. On passe de quelque chose d'intime à quelque chose de beaucoup plus universel, de « vingt-mille non-lieux sous les mers ». J'essaie vraiment de lier les deux. Je pense qu'on a besoin d'universel en ce moment. J'espère qu'elle fera écho ! Du reste c'est intéressant parce que selon les interviews et selon la personne qui m'en parle, le choix de la phrase me dit clairement qui j'ai en face de moi. Elle touche à plein d'égards les personnes très différemment. Parfois une phrase résonne plus qu'une autre.

« J'espère qu'on verra le beau dans le chaos »
Finalement, comment va se matérialiser ce projet ?
Santa : Un EP va sortir le 9 septembre, il s'appellera "999" et il symbolise le choix. Santa 999, Satan 666, il y a une espèce de dichotomie, de dualité, qui s'opère aussi dans les morceaux. J'espère qu'à l'écoute, on verra le beau dans le chaos. Et il y a un album prévu, qui sortira ensuite.

A ce stade, que peux-tu m'en dire ?
Santa : Que j'ai hâte ! Ça va être un ping-pong magnifique parce que les chansons en français de "999" et les chansons en anglais de HH se répondent quelque part. Ce sont deux manières de me raconter.

Pas trop difficile, justement, de défendre les deux projets en parallèle ?
Santa : Non parce que c'est assez différent. Ça ne parle pas forcément aux mêmes personnes mais ça ne sera pas difficile parce que les deux projets vont être portés avec beaucoup de sincérité. Si on a ça, on a tout.

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