Crédits photo : Pochette de l'album "Vieux Frères - Partie 1"
L'heure est à la confirmation pour Fauve ! Le collectif parisien s'est officiellement jeté dans le bain cette semaine, avec la publication de son premier album, baptisé "Vieux Frères". Un disque conceptuel, entier, libre et sans concession, né pour interpeller et diviser. Adulé ou décrié sur la toile, Fauve ne laisse en effet personne indifférent, avec son "spoken world" à mi-chemin entre le rap et le slam. Mieux vaut s’accrocher avant d'entamer l'écoute des onze morceaux de cet opus, dans la lignée de l'EP "Blizzard". Le phrasé, vif et à fleur de peau, interpelle frontalement sur la vie et ses illusions perdues. De ce fait, on est soit happé par le sens brûlant de ces mots, soit totalement hermétique. Et visiblement, les premiers sont nombreux : depuis lundi, le disque n'a pas quitté la 1ère place du top iTunes.
Regardez le clip "Jeunesse Talking Blues" de Fauve :
Comment Fauve ≠ a tué Fauve
Habitué à créer la controverse avec ses textes déroutants, Fauve ne s'attendait peut-être pas à être empêtré dans une nouvelle polémique, au moment d'offrir au grand public son premier opus. Et surtout pas d'être à l'origine de la fin d'un autre artiste. Nicolas Julliard a pris contact avec les Inrockuptibles pour expliquer pourquoi il abandonnait son alter-ego, son identité d'artiste, son nom de scène. « Ce soir, je viens de chanter pour la dernière fois sous le nom de Fauve. Ce nom d’artiste n'est plus le mien », écrit le musicien suisse dans une lettre ouverte. « Le deuil n'est pas facile à faire. Depuis deux ans, je vis avec cette douleur », confie-t-il. Dans son message, celui-ci explique être tombé par hasard sur une vidéo du collectif, alors à ses balbutiements, et avoir pris contact avec les Parisiens pour leur faire comprendre la situation. « Depuis 2004, j’ai publié 3 albums de pop anglophone sous ce nom, sur un label indépendant. J'ai donné de nombreux concerts, en Suisse et en France, ai eu les louanges de la presse spécialisée et de nombreux musiciens. Bien sûr, mes ventes de disques se comptent en milliers d'exemplaires, pas en millions. Succès trop confidentiel pour inspirer le respect », lâche-t-il, amer.
"Dépossession profonde"
Malgré son insistance, Fauve refuse d'abandonner son nom, inspiré par le film "Les Nuits fauves" de Cyril Collard. Et très vite, les confusions s'installent. « Dans la rue, des gens m'arrêtent pour me féliciter, croyant reconnaître l’auteur invisible de "Kané" ou de "Nuits fauves". Je passe sur la souffrance quotidienne de voir grandir le phénomène, l'humiliation de se voir proposer de faire leur première partie, "parce que Fauve et Fauve, ça serait rigolo" », s'épanche-t-il, expliquant ressentir un sentiment de « dépossession profonde ». Faute de moyens financiers pour engager des démarches juridiques, Nicolas Julliard abandonne Fauve. « Ma musique vivra, ailleurs, sous un autre nom », assure-t-il. Et le musicien de conclure avec cynisme et écœurement : « Il y a du sang, sur la pochette de leur album. Ne cherchez pas plus loin. »
Regardez le clip "Be Kind, Don't Rewind" de Nicolas Julliard alias Fauve :