Abaca
Après des éditions 2022 et 2023 qui ont explosé tous les records, la fréquentation générale des festivals a baissé en 2024 et les premiers chiffres pour l'été 2025 ne sont pas au beau fixe. Tandis que Solidays et We Love Green ont attiré moins de spectateurs que l'an dernier, la Fête de l'Humanité a lancé un appel aux dons d'un million d'euros afin de faire face à l'explosion du coût de la production. Selon une récente étude commandée par le Crédit mutuel, le modèle du festival ne semble plus séduire les jeunes puisque 52% des Français de moins de 35 ans ne comptent pas se rendre dans un événement musical cet été. « La génération Z est celle du streaming. On n'écoute plus la musique de la même façon » note Jean-Baptiste Gourdin, président du Centre national de la musique, invité de la matinale de France Inter : « On n'écoute plus des albums mais des playlists. Il arrive même qu'on écoute des sons sans savoir quel est l'artiste qui les chante... ».
"Personne n'a fait le lien que c'est le chanteur de Maneskin"
Présent à ses côtés, Jérôme Tréhorel, le directeur général des Vieilles Charrues, a abondé en son sens en citant un exemple concret : « On a le cas cette année avec Damiano David. C'est sa première date solo en France, la seule où il reste des places parce que Paris c'est complet. Tout le monde connaît sa musique, personne n'a fait le lien que c'est le chanteur de Maneskin ». En effet, si le rockeur italien cartonne avec son premier album solo et les hits "Born With A Broken Heart" et "Next Summer", numéros un en radio, certains n'ont pas fait le rapprochement avec le fait qu'il est le leader du groupe de rock Maneskin... pourtant lui aussi très populaire en France.
« Et les gens ne vont même pas chercher l'information, avec le nom sur l'affiche depuis trois mois » se désole le patron du festival breton, qui accueillera donc Damiano David le 17 juillet, aux côtés du rappeur Tiakola ou de la star canadienne Alanis Morissette, sur une journée qui n'affiche pas complet. Un cas de figure insolite mais qui pousse les équipes à « travailler différemment avec les publics, notamment les jeunes » : « C'est intéressant de repenser les choses. Mais c'est assez brutal et ça peut mettre en risque. Dans six mois, le public nous dira "On aimerait bien avoir Damiano David, le chanteur de Maneskin, aux Vieilles Charrues"... Bah il a chanté il y a six mois ! ».