Crédits photo : Arte
C'est sous le regard fier d'une copie de la Statue du Colleone - dont l'originale trône sur la grande place Santi Giovanni e Paolo de Venise - et sous les applaudissements d'un public restreint qu'Alt-J est venu présenter, jeudi dernier, les compositions de son dernier album "This Is All Yours". Le lieu de ce concert privé a été jalousement gardé secret jusqu'au dernier moment par les équipes de La Blogothèque et d'Arte. En pénétrant dans l'antre de la Chapelle des Beaux-Arts de Paris, on comprend mieux pourquoi : ça et là, un brin de poussière, des éclairages tamisés et une collection impressionnante de sculptures et de peintures chargées d'histoire. La surprise laisse place à l'émerveillement.
Un lieu majestueux et atypique
C'était une tradition à l'époque : chaque lauréat du prestigieux prix de Rome devait, pendant son séjour à la Villa Médicis, réaliser une copie d'une oeuvre issue de l'art italien et l'envoyer aux Beaux Arts. Dans cet écrin bouillonnant de culture et cette acoustique surprenante, la musique d'Alt-J prend alors une toute autre dimension. Le trio britannique, auréolé du Mercury Prize en 2012 avec son premier album "An Awesome Wave", trouve ici un réceptacle à la hauteur de ses mélodies orchestrales, mélange hybride de pop, folk et de rock alternatif à laquelle le groupe insuffle parfois des éléments électroniques et orientaux.
Durant l'heure et demie que durera ce concert suspendu dans les limbes du temps, les percussions de Thom Green et la voix rocailleuse et éthérée de Joe Newman se répercuteront en écho sur les murs, les blocs de marbre et la reproduction du Jugement Dernier de Michel-Ange, dans un silence presque religieux. L'instant est solennel, l'émotion palpable sur "Matilda", "Tesselate" ou le vertigineux "Nara", dont on prend plaisir à découvrir la beauté des coups de cloche en live - et en particulier dans cette chapelle.
Visionnez le concert d'Alt-J donné dans la chapelle des Beaux-Arts, à Paris :