dimanche 01 septembre 2019 14:30

"Sang pour Sang", "Innamoramento", "Dancetaria"... Ces albums fêtent leurs 20 ans

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Après les tubes, place aux albums. Indochine, Johnny Hallyday, Francis Cabrel, Moby... Nombreux ont été les artistes à publier des disques marquant en 1999. Pure Charts vous propose de revenir sur 8 albums qui ont marqué l'année.
Crédits photo : Montage Pure Charts

Johnny Hallyday | "Sang pour sang"




La décennie 90 a été celle où Johnny Hallyday a fait perdurer son statut de légende. Entre ses concerts mythiques au Parc des Princes au Stade de France, son énorme tube "Allumer le feu" ou son mariage avec Laeticia Boudou, le Taulier mène sa vie sur tous les tableaux. Pourtant, c'est sur une note plus intime qu'il termine la décennie. Avec l'album "Sang pour sang", Johnny s'adresse directement à son fils David en collaborant avec lui sur la plupart des titres. Avec des textes signés Françoise Sagan, Miossec ou Zazie, l'album touche le public et fait naître deux énormes tubes : "Sang pour sang" et "Vivre pour le meilleur". Séduisant le grand public et des médias plus élitistes, le disque reçoit même le prix du meilleur album de l'année aux Victoires de la Musique, devant M, Alain Souchon ou Francis Cabrel. Niveau ventes, Johnny Hallyday frappe très fort : le jour de sa sortie, 250.000 exemplaires sont vendus ! Le cap du million est atteint en trois semaines et l'album finit à sa course au-delà des 1,8 million, signant ainsi la deuxième meilleure vente de l'année (derrière Cabrel) et tout simplement le plus gros score de sa carrière. Il faudra attendre le posthume "Mon pays c'est l'amour", en octobre 2018, pour voir des chiffres de vente et démarrage aussi spectaculaires.


Mylène Farmer | "Innamoramento"




Comme Madonna sur "Ray of Light", Mylène Farmer a envie de spiritualité en cette fin de siècle. Après le virage rock de l'album "Anamorphosée", la chanteuse rousse met en avant son côté spirituel sur "Innamoramento". A l'image de "L'âme-stram-gram" ou "Mylenium", elle ajoute des touches plus world et électro à son répertoire, tout en gardant un côté rock ("Dessine-moi un mouton"). Multipliant les références culturelles allant de David Lean à Primo Levi en passant par Egon Schiele, Mylène Farmer vise dans le mille puisque ce nouveau virage séduit les fans, qui pour beaucoup, considèrent "Innamoramento" comme son disque le plus abouti. Le projet n'atteindra d'ailleurs pas la première place des charts français, une première pour l'artiste en plus de dix ans, en raison de la mainmise de Francis Cabrel avec "Hors-saison". Mais l'artiste vend tout de même plus de 1,3 million de copies du disque en France et plus de 200.000 copies supplémentaires à l'export. En effet, c'est à partir de cet album que Mylène Farmer conquiert un nouveau public : la Russie. Durant le Mylenium Tour, là aussi considéré comme l'une de ses meilleures tournées, la chanteuse se produit pour la première fois de sa carrière hors des pays francophones. A Moscou et Saint Petersbourg, Mylène Farmer devient la nouvelle coqueluche d'un public curieux et rassemble un total de 35.000 spectateurs.

Indochine | "Dancetaria"




Pour Indochine, "Dancetaria" marque la mort... et la renaissance du groupe. En effet, la conception de l'album est endeuillée par la mort foudroyante de Stéphane Sirkis, frère jumeau de Nicola et guitariste du groupe, en février 1999. La question se pose : tout arrêter ou continuer l'aventure ? Nicola Sirkis choisit la deuxième option et garde le nom d'Indochine en hommage. Composé dans la douleur, "Dancetaria" se pare d'arrangements plus électro-rock amenés par Oli de Sat, fan qui a rejoint le groupe et influencé par le rock industriel de Nine Inch Nails ou Marilyn Manson, à l'image des excellents "Manifesto (Les divisions de la joie)" ou "Astroboy". Bien évidemment, "Dancetaria" est truffé d'hommages à Stéphane ( "Stef II", "She Night"...) et devient rapidement un des disques préférés des fans. Peu médiatisé à cette époque, Indochine connaît pourtant une vague de sympathie suite à la mort de Stéphane et le disque s'écoule à 120.000 exemplaires malgré une promotion quasi-inexistante. Un score encourageant pour la bande qui vit un véritable début de renaissance commercial et organise sa première tournée des Zéniths en dix ans. La suite, on la connaît : Indochine explosera une nouvelle fois trois ans plus tard grâce à l'énorme carton de l'album "Paradize" (1,3 million d'exemplaires) et du single "J'ai demandé à la lune" (un million de ventes) pour redevenir le groupe tant aimé des Français.

Francis Cabrel - "Hors-saison"




A chaque album, Francis Cabrel bat des records de vente. 2 millions de ventes pour "Sarbacane" en 1989, 3 millions pour "Samedi soir sur la terre", cinq ans plus tard. Forcément, la sortie de "Hors-saison" en mars 1999 est un événement attendu par beaucoup de monde. A son habitude, le chanteur fait fort et écoule près de 2 millions de copies du disque, devenant ainsi le meilleur vendeur de l'année. Soutenu par les titres "Hors-Saison", "Le Reste du temps" ou "Le Monde est sourd", l'album restera 14 semaines au sommet du Top albums français. « Ecrire reste une projection dans le rêve. Il suffit parfois d'un demi-sommeil pour y accéder. Mais je lis aussi beaucoup de quotidiens, je regarde d'autres lucarnes, la chaîne Planète, les soirées Thema d'Arte, et j'inscris dans mes carnets des bouts de phrases, des mots, des idées. Le titre Hors-Saison vient de balades en hiver dans des villes désertées où la végétation repart d'une façon anarchique. Ce sont des espaces propices à la rêverie » confie le chanteur dans les colonnes de Libération en 1999. Un bouleversement des saisons et une introspection qui ont encore séduit un large public.

Britney Spears | "...Baby One More Time"




1999, c'est aussi l'éclosion de jeunes popstars dont le fer de lance n'est autre que Britney Spears. A seulement 17 ans, elle devient une icône instantanée grâce au tube "...Baby One Mire Time", produit par le hitmaker Max Martin. Premier essai, premier carton. Jouant de son image juvénile, la chanteuse devient la nouvelle coqueluche de l'Amérique, à tel point que la sortie de l'album "...Baby One More Time" en janvier 1999 fait figure d'événement. Ce premier disque vient ainsi prouver que Britney Spears est loin d'être une one-hit wonder. "(You Drive Me) Crazy", "Sometimes", "Born To Make You Happy"... Les tubes s'enchaînent pour la star, alors emportée dans un tourbillon médiatique sans précédent. Résultat, l'album est l'une des meilleures ventes mondiales de l'année, s'arrachant à plus de 25 millions d'exemplaires dans le monde dont 625.000 rien qu'en France. Devenu l'un des premiers albums les plus vendus de tous les temps, "...Baby One More Time", met en avant une nouvelle forme de pop music, marquée par l'image de la lolita. En France, des chanteuses comme Alizée ou Lorie n'auraient certainement pas eu le même impact sans le succès de Britney Spears.

Moby | "Play"




Faut-il savoir faire des concessions commerciales pour arriver à cartonner ? Moby vous répondrait sûrement que oui. Connaissant déjà un joli succès critique depuis le début de la décennie, le New-Yorkais passe à la vitesse supérieure avec "Play". A sa sortie le 17 mai, le disque ne fait pourtant pas des vagues, malgré une presse très enthousiaste. C'est alors que l'artiste a une idée, inédite dans l'histoire : mettre l'intégralité de l'album sous licence afin que les morceaux soient utilisés à des fins commerciales ou cinématographiques. Selon Moby, ce choix a été « simplement fait pour que les gens puisse écouter la musique » : « La plupart de ces licences ne sont pas particulièrement lucratives mais permettent aux gens d'écouter la musique car sinon ce ne serait pas le cas ». Pourtant, il faudra attendre le début de l'année 2000 pour voir le disque, jusqu'alors un peu boudé, cartonner d'un coup dans les charts. Moby se souvient : « En février 2000, j'ai reçu un coup de fil de mon manager pour me dire que "Play" était numéro un en Angleterre, devant Santana. Je lui ai rétorqué "mais le disque est sorti il y a 10 mois !". C'est là que j'ai su que les choses allaient devenir différentes. Il a été ensuite numéro un en France, en Australie ou en Allemagne, ça n'a pas arrêté (...) La semaine de sa sortie "Play" s'est vendu à 6.000 copies au niveau mondiales. 11 mois plus tard on en était à 150.000 par semaine ». Les titres "Why Does My Heart Feel So Bad?", "Porcelain" (utilisé dans le film "La plage") ou "Natural Blues" seront d'énormes succès. Avec 12 millions de copies écoulées dans le monde, dont plus d'un million en France, "Play" est devenu l'album électronique le plus vendu de tous les temps.

Dr. Dre | "2001"




Les années 90 ont vu l'explosion de deux genres musicaux. Jusque là perçus comme "underground", l'électro et surtout le rap deviennent les musiques phares de la décennie. C'est ainsi que de nombreux rappeurs tirent leur épingle du jeu, alliant tubes mémorables à textes engagés de NTM à IAM en France jusqu'à 2Pac, Nas, JAY-Z ou le Wu-Tang Clan. Parmi quelques uns des albums cultes de l'époque, impossible de ne pas citer le "2001" de Dr. Dre sorti... en 1999 ! L'ancien membre de NWA frappe fort avec un deuxième opus entré dans les annales. Au casting, il invite toute la crème du rap West-Coast (Snoop Dogg, X-Zibit, Big Tray-Dee...) mais aussi Eminem et Mary J. Blige. Des 22 titres sortiront les immenses tubes "Still D.R.E." et "The Next Episode", tous deux partagés avec Snoop Dogg. Devenus les fleurons du gangsta rap, ces titres forgent la légende de Dr. Dre, le rappeur et le producteur. Il sample même "Parce que tu crois" de Charles Aznavour (!) sur "What's The Difference". L'album s'écoule à 10 millions d'exemplaires dont 100.000 en France. Il faudra attendre 16 ans pour que le docteur ne balance une nouvelle dose discographique.

Christina Aguilera - "Christina Aguilera"




Alors que Britney Spears cartonne, on va rapidement lui trouver une concurrente directe qui va jouer sur une image plus sensuelle. Son nom ? Christina Aguilera. Elle aussi star du Mickey Mouse Club (comme Ryan Gosling, Justin Timberlake et... Britney Spears), la chanteuse se lance à 18 ans à l'assaut des charts avec le titre "Reflection", écrit pour le film "Mulan". Repérée par RCA, elle signe un contrat chez eux dans le but d'enregistrer un premier album façon Barbra Streisand. Mais le succès teen-pop de Britney est tellement fort que Christina Aguilera va finalement se placer sur ce créneau. Résultat, le langoureux "Genie in a Bottle" et son clip devenu culte, font un énorme tabac. A la fin de l'été, c'est au tour de l'album de sortir et celui-ci connaît aussi le succès. Aidé par les tubes "What a Girl Wants" et "Come On Over Baby (All I Want Is You)", le disque s'écoule à plus de 14 millions d'exemplaires dans le monde, mais à seulement 75.000 copies en France, la star n'ayant jamais réussi à transformer l'essai chez nous. Tout juste un an plus tard, elle enchaînera avec "Mi reflejo" un deuxième album dans le but de toucher le public latino. Mais son premier disque éponyme restera finalement son plus gros succès commercial.

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