Crédits photo : Laura Lewis
Propos recueillis par Théau Berthelot.

Grâce à "Murder on the Dancefloor", on vous entend et vous revoit partout. C'est en quelque sorte une revanche après ces dernières années où on vous a peut-être moins vue, notamment en France ?
Pas vraiment... Je me sens comme une personne chanceuse et je m'amuse tellement. 2023 a été une des années préférées de toute ma carrière. J'ai pu sortir mon septième album, j'ai chanté sur la Pyramid Stage au festival Glastonbury, mais aussi sur la grande scène à Isle of Wight, j'ai fait une tournée européenne qui était géniale... Je me suis tellement amusée ! Et tout ça, c'était bien avant "Saltburn" et le succès de "Murder on the Dancefloor". C'était vraiment la cerise sur le gâteau !

Comment vivez-vous ce succès fou depuis quelques semaines ?
La chose que j'adore dans ce que je fais, c'est que je ne sais jamais ce qui m'attend. Et il y a tellement de choses qui m'attendent que je ne peux pas prévoir. Ce qui se passe avec "Murder on the Dancefloor" en est un parfait exemple. C'est une aventure tellement magique et fun. Donc tout ce qui m'arrive aujourd'hui, j'en profite, je me dis que c'est vraiment extraordinaire et que ça n'arrive qu'une seule fois. Donc j'en profite !

Avez-vous immédiatement accepté quand on vous a contactée pour "Saltburn" ?
Quand on m'a demandé la permission d'utiliser ma chanson dans "Saltburn", j'ai dit oui tout de suite. Tout ce que je savais, c'est qu'il s'agissait d'un film d'Emerald Fennell, que je trouve ultra talentueuse, et que quelqu'un allait danser sur la chanson tout nu. Et je me suis dit : "Ça a l'air amusant, je suis partante" (sourire).



Est-ce que vous êtes parfois frustrée d'être réduite à ce tube après 20 ans de carrière ?
Il y a quelques exceptions, mais la plupart des chanteurs ont une ou deux chansons pour lesquelles on les connaît. Je me sens incroyablement chanceuse d'avoir une chanson comme "Murder on the Dancefloor", à laquelle les gens m'associent. J'ai toujours voulu être chanteuse depuis mes 16 ans, je ne voulais pas faire autre chose. Je ne ressens que du positif sur ma relation et celle des gens à ma musique. C'est vraiment un cadeau de pouvoir continuer à faire ce que j'aime. Si quelqu'un me découvre à travers cette chanson et découvre tous mes albums, il y en a sept, amusez-vous ! Mais si vous me connaissez seulement comme la chanteuse de "Murder on the Dancefloor", ça me va aussi. Je suis là, peu importe le degré d'importance dont les gens ont besoin de moi.

Comment expliquez-vous que cette chanson procure autant de joie aux gens ?
Oh la la ! (sourire) Je suis assez mauvaise pour analyser ce genre de choses. Mais je pense que le but d'une chanson comme "Murder on the Dancefloor", c'est que les gens puissent danser dessus. Le fait que ça se produise toujours, 20 ans plus tard, c'est vraiment incroyable. Moi et "Murder on the Dancefloor" sommes vraiment heureux !

Vos "Kitchen Disco" durant le confinement ont-ils eu un impact sur ce retour au sommet ?
C'est une idée née du fait que je ne pouvais aller ni chanter nulle part ou voir des gens. Mon mari m'a demandé pourquoi on ne ferait pas un livestream. Le truc spécial avec les "Kitchen Disco", c'est que ça a vraiment renforcé ma relation avec la musique. Et j'ai adoré le fait qu'une communauté se soit attachée à ces livestreams. Tout ce qui a suivi n'a été que de plus car c'était quelque chose qui me manquait tellement. Chaque fois que je suis sous un beau ciel bleu, en train de chanter mes chansons durant un concert ou un festival, je me remercie de pouvoir faire ça.

Votre dernier album "Hana", sorti l'an dernier, vous a été inspiré par la culture japonaise. Pourquoi ?
Sur mes trois derniers albums, j'ai travaillé avec un auteur-compositeur nommé Ed Harcourt. Nous avions travaillé sur différents lieux. Donc pour ce troisième album, c'était le Japon car j'y suis allée juste avant le début de la pandémie. La dernière ville que j'ai visitée, c'était Tokyo et j'ai adoré. Je ne pouvais pas voyager physiquement, mais je pouvais voyager dans mon esprit à Tokyo, revoir toutes les couleurs, ressentir toutes les émotions... C'est devenu un paysage assez intéressant à revisiter dans ma mémoire. L'album a fini par avoir un ton un peu psychédélique parce que je ne pouvais aller nulle part ! (Rires) Donc il y a ce côté d'un Tokyo un peu rêvé.

L'an dernier, vous avez fait votre première tournée européenne en 20 ans. Pourquoi avoir attendu si longtemps ?
Bonne question ! (Rires) Je crois que c'est parce que j'étais occupée à faire d'autres choses. J'ai toujours eu cette énergie : j'ai beaucoup voyagé et j'ai beaucoup fait de choses. J'attendais vraiment le bon moment et puis je me suis dit "Ok, on y retourne !". Et on remet le couvert en mars ! Quand tu t'en vas aussi longtemps, il faut que tu attendes de revenir sur le bon chemin.

Vous serez justement en concert au Bataclan le 5 mars. Quel est votre lien avec la France ?
Quand j'étais ado dans mon premier groupe, la France est le premier pays dans lequel on a joué en dehors du Royaume-Uni. On est venus ici pour un festival. Je viens ici depuis que je suis toute petite avec ma famille. La France a toujours été un lieu où je suis contente de chanter et j'ai toujours voulu avoir cette relation avec le public français car j'ai une belle histoire d'amour avec la France. Donc oui, c'est une vraie joie et je suis impatiente de venir jouer au Bataclan. La France est toujours un endroit qui me rappelle beaucoup de bons souvenirs. À chaque fois, c'est du plaisir !



Travaillez-vous sur un nouvel album ?
J'avais déjà commencé à penser à faire un nouvel album, avant même de sortir "Hana". Je commençais à être dans un bon état d'esprit et je savais que je ne travaillerais plus avec Ed, donc je me suis dit que j'allais vraiment faire un album pop-dance, à nouveau. Et maintenant que "Murder on the Dancefloor" est revenu au sommet, je me dis que j'ai pris la bonne décision. Il y a beaucoup de positif autour du projet et ça fait vraiment du bien.

Décrocher un tube, c'est encore important pour vous ?
Je n'ai pas pensé ma carrière en terme de tubes pendant une vingtaine d'années. Tout ce que je voulais, c'est de pouvoir continuer de faire ce que j'avais à faire. Parfois, je fais des choses que les gens ne m'imaginent pas vraiment faire, mais qui sont importantes à mes yeux. J'aime beaucoup ce que je fais. J'ai été très chanceuse de pouvoir évoluer, de pouvoir prendre des risques... Je ne pense pas que ce soit encore important aujourd'hui. Je veux juste continuer à aller chanter, quelque part dans le monde.

Si une autre de vos chansons pouvait connaître le même destin que "Murder on the Dancefloor", vous aimeriez que ce soit laquelle ?
C'est drôle parce qu'on me pose souvent la question. Je pense que c'est un peu égoïste d'y penser. Parce que ce qui s'est passé avec "Murder on the Dancefloor" est quelque chose de tellement unique et spécial. Donc je choisirais encore "Murder on the Dancefloor" : je l'adore, ça me procure de beaux souvenirs, c'est une chanson de mes débuts, ce qui veut dire que c'est toujours lié à ça. J'aime toutes mes chansons et je suis heureuse de pouvoir les chanter, mais je ne pense pas comme ça. J'ai l'impression qu'il y a toujours des couches et que rien n'arrive de façon isolée. Je fais toujours ce que j'aime, il y a toujours des gens qui viennent à mes concerts, donc tout ce que j'ai fait, tout ce que j'ai sorti... Je pense que chaque chose est à sa place. Et puis c'est une chanson assez droite, vocalement parlant, donc je n'ai pas à me soucier de devoir faire des notes suraiguës (rires). Donc dans tous les cas, je peux la chanter !